À ma source gardée est un tout petit trésor. Tout petit, car il mesure 87 pages de long et tout juste quelques millimètres d'épaisseur. Mais c'est un trésor. Un objet précieux.
Jeanne passe ses vacances d'été en montagne, chez sa grand-mère - qui n'est qu'un prétexte. Là, chaque année, elle retrouve sa vraie famille : une bande de cinq amis indissociables, auprès desquels elle se sent libre et vraie. Ils sont différents des ados de son lycée (qui lui semblent tous bêtes comme leurs pieds). Avec eux elle n'a pas honte d'écouter Brel et d'aimer flâner sur les brocantes.
Un été, un nouveau venu se joint à eux. C'est Lucas. Et c'est le début du drame, car leurs mains se rencontrent, inéluctablement. Mais aux vacances suivantes, lorsque Jeanne revient par surprise retrouver Lucas... rien ne va.
Wow. Ce roman, d'une brièveté percutante, est beau comme un poème. Les mots de Madeline Roth sont d'une grande finesse, l'émotion brute de Jeanne nous cogne, nous griffe, nous caresse. C'est l'histoire d'un amour non partagé, ou plutôt, d'un amour partagé (mais évidemment, c'est compliqué). C'est l'histoire d'un secret qui n'aurait pas dû en être un, l'histoire des mots bleus (ceux qui courent toujours le risque d'être mal interprétés). C'est beau et cruel comme un accident de train au ralenti.
Avertissement : si vous pouvez à résister à la tentation, ne lisez pas la quatrième de couverture qui, sur un roman aussi court, en dit (forcément) trop. L'émotion est plus belle quand elle nous prend par surprise. C'est pour cela aussi que j'en dis si peu dans mon résumé...
Je vous recommande vivement ce tout petit roman, à la fois fragile et brûlant. Une excellente lecture pour enterrer l'été.
Bonne lecture,À ma source gardée, de Madeline Roth, chez Thierry Magnier, 2015, 87 pages (à partir de 15 ans)