Les Profondeurs, de James Grippando

Par Clarabel

Direction les Everglades où le corps d'une femme sans tête est retrouvé dans les marais. Malgré la mise en scène reproduite soigneusement, les équipes sur place s'interrogent sur cette nouvelle victime qui ne colle pas au style habituel de leur tueur en série, surnommé Cutter. Abe Beckham, substitut du procureur, est lui-même troublé par l'identité de la morte. Tyla Tomkins. Une vieille connaissance. Une connaissance qui  l'écarte aussitôt de l'enquête et le place sur la liste des suspects. Notre homme est, de plus, avare en confidence ou omet de jouer franc jeu. L'étau se resserre lorsque son épouse Angelina disparaît de la circulation. La maison du couple comporte des traces d'une violente dispute (bris de verre, traces de sang). Pour l'agent du FBI Victoria Santos, c'est assez pour le pousser dans ses derniers retranchements.

L'entrée en matière du roman m'a tout de suite emballée - cadre, ambiance, personnages, non-dits et suspense. Tout est combiné pour nous donner envie de poursuivre la lecture, au cours de laquelle vient se greffer un semblant d'intrigue à la Gillian Flynn (Les apparences). C'est plus qu'alléchant. Le rythme et les dialogues sont également bien ficelés, peu de temps mort, la petite graine plantée en toute innocence et l'oreille aux aguets. L'auteur fait décemment le job et nous embarque, cahin-caha, vers des sentiers obscurs, semés d'embûches et aux nombreux soubresauts. Jusqu'à la toute dernière ligne, on reste surpris par les révélations faites ! Là où il pêche, c'est dans la tendance à grossir le trait (l'entêtement de Victoria vire à la mascarade) et la masse d'informations non filtrées (le passé d'Abe, sa relation avec Samantha & JT Vine, la compagnie de canne à sucre). Le lecteur est vite assommé et frôle l'ennui. C'est maladroit, mais sans conséquence fâcheuse, car cela reste une lecture plaisante, qui remplit toutes les conditions du cahier des charges (angoisse, faux-semblant et rebondissement). 

Mosaïc / Septembre 2015 ♦ Traduction de Marc Rosati (Cane and Abe)