Chronique « Millenium (T5) La Reine dans le palais des courants d’air (première partie) »
Scénario de Sylvain Runberg, dessin de José Homs, couleurs de Vernay et Homs,
Public conseillé : Adultes / adolescents, à partir de 16 ans
Style : Thriller, polar scandinave
Paru chez Dupuis, le 27 mars 2015, 64 pages couleurs, 14,50 euros
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L’histoire
Mais où est donc Lisbeth Salander ? Après la tuerie de Grosse-Berga, la question se pose. Celle qui était venue régler ses comptes avec son père, Alexander Zalachenko, a disparu. Traînant de bien vilaines blessures, elle doit sa survie à Plague, son ami kacher et à Anders, le chirurgien qui lui a secrètement donné les premiers soins. La guêpe est bien mal en point, avec une balle logée dans le crâne, à laquelle elle va devoir s’habituer car elle est indélogeable. Pendant que Ronald Nierdermann creuse un terrifiant sillon de morts tout au long de sa cavale, Blomkvist prépare la sortie du numéro spécial de Millénium, consacré au trafic de femmes en Suède. Il dérange ce poil à gratter de la presse indépendante suédoise et beaucoup ont peur qu’il n’exhume quelques cadavres planqués dans les affaires passées et présentes des mouvements fascistes qui s’agitent dans les couloirs du pouvoir.
A l’abri du secret défense, certains s’inquiètent de ces nuisibles qui bourdonnent trop près de leurs nauséabondes affaires. Blomkvist, Salander sont en plein cœur de la cible. Les cadavres vont continuer de s’amonceler et Lisbeth attend de se reconstituer pour être prête au dernier assaut. Peter Talaborian, le fameux psychiatre, doit craindre la piqûre mortelle de la guêpe ! Cette dernière, pour atteindre son but, devra accepter l’aide des rares personnes en Suède qui la croient innocente.














Ce que j’en pense
Après avoir animé le premier diptyque de Millénium, « Les hommes qui n’aimaient pas les femmes », Runberg et Homs font un retour fracassant sur le premier tome du troisième diptyque, « La reine dans le palais des courants d’air ».
Suivant les romans, la série TV, le film, « Millénium » resurgit avec une force inouïe dans leur adaptation de l’œuvre de Stieg Larsson. Runberg impose un découpage très rythmé, instaurant une dynamique forte sur chaque action, qu’elle soit violente, dramatique ou dans une zone explicative, plus dialoguée. Le jeu de caméra est fluide, le découpage est redoutable – chaque action pratiquement se jouant en doubles pages, recto-verso -, les cadrages sont précis, avec un travail poussé sur les expressions des visages…
Tout ou presque est bon dans la partition de Runberg, superbement jouée par José Homs qui arrive, avec son dessin semi-réaliste très pêchu à nous faire replonger avec envie dans ce sulfureux polar. Oui, j’ai trouvé une ou deux cases manquant un peu de relief ou de profondeur (p. 43), mais c’est vraiment histoire de pétouiller ! La couverture est particulièrement réussie, splendide écho graphique du travail de José Homs et de Vernay aux couleurs.
La course de Lisbeth Salander pour gagner son effroyable guerre contre l’horreur a repris avec un magnifique élan dans cette adaptation BD très réussie. Le sixième et dernier album de Millénium, dessiné cette fois par Manolo Carot, est déjà disponible (depuis le 25 septembre). Je regrette un peu cette coupure dans l’unité graphique sur le même diptyque, sans doute parce que j’apprécie particulièrement le dessin de Homs.