Anonyme : Le Pape, le Kid et l’Iroquois

anonyme, Si l’identité de l’écrivain se faisant appelé Anonyme est inconnue, Le Pape, le Kid et l’Iroquois, son roman qui vient de paraître, n’est pas le premier et ses héros sont déjà connus de ses lecteurs, puisque le Bourbon Kid apparait dans quatre précédents opus et l’Iroquois dans Psycho Killer (2013).

Rodeo Rex, Bourbon Kid et Elvis ont une mission, chopper l’Iroquois avant qu’il ne tue le pape en voyage secret aux Etats-Unis ! D'un côté, le Bourbon Kid, tenant du titre du tueur en série le plus impitoyable et le plus mystérieux que la terre n'ait jamais porté. De l'autre, avec plus d'une centaine de victimes à son actif, l'Iroquois, blouson de cuir rouge, masque d'Halloween surmonté d'une crête, challenger et sérieux prétendant au titre. Dans les coulisses, une organisation gouvernementale américaine top secrète spécialisée dans les opérations fantômes…

Voilà pour les grandes lignes et je n’en dirai pas plus, car le scénario est tellement abracadabrant et touffu en rebondissements, que ce serait peine perdue. Il s’agit du premier roman d’Anonyme que je lis et j’ai l’impression après un rapide survol sur Internet, qu’il fait l’objet d’un culte rendant fou de joie ses fans à chacune de ses livraisons. Ne me sentant pas concerné par cette idolâtrie, ni avant, ni après lecture, je vais essayer d’être plus objectif qu’eux.

Oui, je me suis bien amusé à lire ce bouquin farfelu. L’écriture est alerte, les chapitres extrêmement courts, donc le rythme est enlevé ; l’histoire est tellement extravagante qu’on se sent obligé de cravacher pour en voir le bout mais inutile de tenter de précéder l’écrivain pour deviner ce qui va se passer, c’est absolument impossible, le mot crédibilité lui étant inconnu. Chaque chapitre fournit un nouveau rebondissement totalement imprévisible, du coup le lecteur se met en position de lecture automatique et laisse courir. Pour autant, cette folie narrative n’est pas exempte d’une certaine logique interne et des faits, presqu’oubliés en cours de route, seront bouclés avant le mot fin.

Les personnages sont nombreux, on baigne dans un univers très américain, mariant les comics et leurs super héros, le cinéma de série Z comme ces films d’horreur gore pour adolescents boutonneux et le cinéma de Quentin Tarantino. Vous comprenez aisément qu’on soit alors devant un humour un peu spécial, du genre : « Il lui avait plus tard avoué que s’il avait emmené Arnold dans les toilettes pour le tuer, c’était parce qu’il ne voulait pas faire mauvaise impression lors de leur première rencontre », ou bien encore, « Pour expliquer ses bleus, elle dut inventer une histoire au sujet d’un gang de chèvres en colère qui l’aurait attaquée alors qu’elle faisait son footing. »

Des carnages, des tueries, de l’hémoglobine qui colle aux doigts, du sexe suggéré mais sans plus, de l’humour à chaque ligne, sauf et c’est là que lecteur objectif place un bémol à l’enthousiasme général, le bouquin est trop long. On finit par se lasser des « trucs » de l’écrivain, de son inventivité débridée tournant à la redite. Comme de plus, il s’agit de ces romans qui n’ont pas de fond ou de sujet de réflexion – même caché…

Alors, oui le roman est amusant, il est même bon, mais si vous sautez deux-cents pages en cours de lecture, personne n’en saura rien et vous ne perdrez rien à la compréhension générale.