Chômage et précarité : deux mots qui résument bien la vie de Sophie, jeune femme en proie à la galère. Galère à boucler les fins de mois de manière décente (vive le découvert !), galère à manger à sa faim (ne parlons même pas d’un éventuel équilibre alimentaire, ce serait hors de propos dans sa situation). Son projet : écrire un livre, mais la vie et la société actuelle la ramènent vite à une réalité un peu plus brutale. Le marché de l’emploi se porte mal, et s’ajoute à cela une Sophie démotivée, blasée même, qui se demande bien à quoi bon se démener pour trouver un travail, sachant que la porte se referme souvent sur elle avant même d’avoir commencer. Et dans tout ça, il y a son ami Hector, qui adore lui raconter ses exploits sexuels, et qui semble être à mille lieues des préoccupations de la jeune femme (et c’est peu dire). Et Lorchus, son « démon personnel » qui n’a de cesse de lui tourmenter la conscience…
Ce roman avait tout pour m’attirer : une thématique qui avait attisé mon intérêt, et une promesse d’y trouver une bonne dose d’humour selon ce que j’avais pu lire en quatrième de couverture. Parlons de la thématique d’abord : les tribulations d’une jeune femme qui doit faire face aux difficultés rencontrées pendant et à cause du chômage. En fin de droits, en plus. La nécessité de compter chaque précieux centime, l’envie de se faire plaisir malgré tout et la frustration que tout cela engendre. Le plaisir de retourner dans le cocon familial, à l’abri de toute tuile supplémentaire (oh oui, qu’on est bien chez ses parents !). En clair, un sujet susceptible de tous nous toucher (ou presque) dans un avenir plus ou moins lointain . Il est plus facile de s’identifier à un personnage qui vit des choses que nous avons nous-même vécus ou sommes à même de vivre un jour ou l’autre. Et c’est ce qui s’est passé pendant ma lecture : j’ai ressenti une certaine proximité avec Sophie et ses galères, pour avoir moi-même bien galéré pendant un an à trouver un travail en tant que jeune diplômée (même si j’avais la chance de vivre dans un autre contexte).
Pour souligner le tout, le ton qu’emploie l’auteure se veut piquant, cocasse. Pas de quoi tomber dans le misérabilisme, donc. C’est même tout le contraire : en dépit de l’apparente « gravité » du sujet, Sophie Divry semble avoir pris le parti du « il vaut mieux en rire qu’en pleurer », et c’est tant mieux.
Mais quelque chose m’a gêné, peut-être à cause de mon côté terre-à-terre. A certains moments, ce roman part dans tous les sens. Hector, le meilleur ami, interrompt le récit pour nous conter ses drames et ses exploits sexuels. Du coup, on perd un peu le fil. Et quand ce n’est pas Hector, c’est Lorchus, le démon personnel de Sophie, qui vient semer la pagaille dans le récit. D’emblée, le lecteur est prévenu : « Roman improvisé, interruptif et pas sérieux ». Apparemment, ces digressions dans le récit sont revendiquées comme étant volontaires de la part de l’auteure : une manière de retranscrire la confusion dans laquelle nous vivons dans la société contemporaine ? Trop philosophique pour moi, l’objectif poursuivi par cette construction particulière du récit m’a totalement échappé. Il faudrait peut-être que j’arrête de prendre les choses (et les livres) trop au sérieux…
C’est donc un avis en demi-teinte que je vous livre aujourd’hui en vous présentant ce roman. La lecture de ce livre se fait rapidement, j’en retire quand même des choses positives, notamment autour de la façon qu’a eu Sophie Divry d’aborder un sujet bien actuel, mais je n’ai pas eu le coup de cœur pour ce roman…
Merci à Babelio et aux éditions Noir et Blanc pour cet envoi.