Rien ne s'oppose à la nuit

Par Enelye5 @Oxybeurre

Et rien ne s'oppose à cette lecture, sauf si éventuellement on a une histoire de famille douloureuse, qui viendra pulser en écho à la souffrance de Delphine de Vigan.

Celle-ci nous livre un témoignage brut, saccadé, qui m'a plutôt déconcertée au départ, mais qui finalement crée tout l'intérêt du livre. Il est question de la famille de l'auteure, et surtout de sa maman, Lucile, de sa maladie, de son suicide. Chaque page est empreinte de la difficulté, mais également de la nécessité de Delphine de Vigan à raconter cette mère pas comme les autres. Elle déroule pour nous le fil de l'histoire de sa mère, peut-être pour comprendre, peut-être pour expliquer, parce que cette mère ne se résume pas à un terme barbare, bipolaire.

Cette mère c'est aussi une femme fascinante, qui ne laisse personne indifférent, qui a aimé, qui a fait du mieux qu'elle a pu avec ses démons. C'est une beauté mystérieuse, comme en témoigne la photo de couverture du livre qui la représente, une blondeur candide qui a attiré les regards, peut-être un peu trop.

Il me paraitrait indécent de tenter d'analyser ce témoignage, car il doit être pris comme tel à mon sens : une confidence, que l'on recueille sans réponse mais avec délicatesse.

L'empathie a toutefois eu un prix en ce qui me concerne, moi qui connais bien cette petite boule sournoise de psychose qui a fait, fait, et fera encore des dégâts dans ma propre famille. Comme on peine à consoler une personne que le deuil frappe de plein fouet, quand soi-même on est en train de s'y noyer.

Néanmoins, ce livre est écrit avec un grand talent, qui repose à mes yeux sur le courage de Delphine de Vigan, se mettant totalement à nu devant nous, en toute humilité, mais avec la force nécessaire pour qu'à aucun moment nous ne jugions cette mère qu'elle a aimé.

Un témoignage bouleversant.

Du coup ce serait un peu difficile de vous donner une recette pour ce livre qui m'a un peu coupé l'appétit, mais la prochaine fois, promis.