Après des études de lettres modernes et de langue française à la Sorbonne, il part en 1994 au Japon où il enseigne le français langue étrangère à l'Alliance française de Nagoya pendant près de deux ans.
Passionné d'histoire contemporaine, Prazan s'intéresse aux mouvements radicaux des années soixante et aux idéologies meurtrières (nationalisme, terrorisme d'extrême gauche, antisémitisme, islamisme radical, négationnisme). Après avoir écrit un livre sur la sanglante épopée de l'Armée rouge japonaise ( Les fanatiques, Seuil 2002), il réalise un film documentaire pour Arte ( Japon, les Années rouges) tout en poursuivant ses activités de journaliste et d'enseignant.
Décembre 1937. L'armée japonaise lancée dans une guerre d'expansion coloniale en Chine prend Nankin, capitale de Tchang Kaï-chek. Durant six semaines, les troupes nippones se livrent à un massacre d'une cruauté inouïe. Le "viol de Nankin" fera entre 90 000 et 300 000 victimes.
Michaël Prazan a enquêté sur le terrain, à la recherche des derniers témoins, en s'attardant sur l'histoire d'une dévastation instrumentalisée par la Chine et plus ou moins niée par le Japon. Une plongée au cœur des événements qui, soixante-dix ans plus tard, menacent toujours l'équilibre de la région.
Je m'intéresse beaucoup à l'histoire des femmes de réconforts et donc, j'avais plus ou moins hâte de lire ce livre.
Le seul souci, c'est que je ne m'attendais pas à autant d'atrocités.
Le récit est très intéressant et bien renseigné, le style d'écriture de l'auteur est très fluide. Mais les détails des exactions des soldats japonais m'ont retourné le coeur : je savais que ces crimes étaient horribles mais pas à ce point.
" Nous étions devant la porte Zhongshang, et il fallait bâtir un pont pour que les soldats de l'artillerie puissent passer le fossé. Alors, ils ont ramassé des cadavres pour le combler, et ils ont mis des planches dessus [...] Vous savez, quand on marchait dessus, ça faisait un drôle de bruit, bzz, bzz, bzz..."
Entre assassiner des hommes jusque parce que les soldats les trouvaient louches et violer des femmes entre 6 et 80 ans, je pense que mon état psychologique n'a jamais été autant bouleversé.
Néanmoins, j'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte très bien avec moult détails ce qu'il s'est passé pendant le "viol de Nankin".
" Ce sont les femmes qui ont le plus souffert. Qu'elles soient jeunes ou vieilles n'avaient aucune importance. Aucune ne pouvait échapper à son destin : celui d'être violées. Nous avons envoyé les camions à charbons de Hsia Kwan dans les rues de la ville et dans les villages pour les charger d'un grand nombre de femmes que nous avions capturées et qui étaient destinées à être violées par les soldats. Les femmes ont ensuite été donnée à des groupes de quinze ou vingt soldats qui leur ont infligé leurs caprices sexuels. Après cela, la plupart d'entre elles furent tuées."