Au-revoir, là haut de Pierre Lemaître

Dur retour à la vie civile pour nos poilus

Au-revoir, là haut de Pierre Lemaître

L’histoire :  

Edouard et Albert sont revenus vivants ou presque de cette guerre de 14-18. Le retour des vaillants héros est difficile dans cette France victorieuse mais qui est encombrée de ses soldats.

Ils ont miraculeusement survécu au carnage de la Grande Guerre, aux horreurs des tranchées. Albert, un employé modeste qui a tout perdu, et Edouard, un artiste flamboyant devenu une « gueule cassée », comprennent vite pourtant que leur pays ne veut plus d’eux. Désarmés, condamnés à l’exclusion, mais refusant de céder au découragement et à l’amertume, les deux hommes que le destin a réunis imaginent alors une escroquerie d’une audace inouïe…

Editeur : Editions Pocket – 624 pages | Sortie : 22 avril 2015

L’auteur : 

Pierre Lemaitre est un auteur de plusieurs romans noirs. Il est plusieurs récompensé pour ces écrits. Au revoir là-haut, a reçu le prix France-Télévisions et le prix Goncourt 2013.

Mon avis : 

Je pourrais dire que j’ai lu un Prix Goncourt. Bon c’est surtout l’histoire qui a attiré mon attention. Ce roman est à la fois profond, émouvant et rocambolesque. L’auteur nous entraîne dans les pas de 2 poilus, Albert et Edouard, et à leur retour à la vie civile. Tout commence dans les tranchées à l’approche de la fin de la guerre. Albert nous raconte le quotidien des combattants. Ce petit témoignage nous dépeint les pensées, les peurs et la façon dont les soldats tiennent le coup face aux horreurs. Puis vient l’assaut, inutile sauf pour les besoins de gloire d’un Lieutenant. Un assaut à quelques jours de l’armistice, il faut être motivé pour le mener, ou alors avoir donné l’envie aux soldats d’y aller.

Le machiavélisme de ce jeune lieutenant emmène sous les balles ennemis nos 2 soldats. L’un se retrouve enterré vivant, l’autre défiguré.

On découvre ensuite les conditions difficiles dans lesquelles les soldats sont démobilisés, avec plus ou moins de reconnaissance. La France est victorieuse, mais le coût de sa reconstruction important. Et en attendant le versement des dédommagements de l’Allemagne ce sont les soldats démobilisés qui font les frais des économies. La pension est lamentable. Edouard et Albert vivent misérablement. La France reconnaissante ne survient pas à leurs besoins. Alors derrière le talent de dessinateur d’Edouard ils montent tous les 2 une escroquerie. Au niveau nationale.

Nos deux protagonistes sont terriblement attachants. Albert, ce anti-héros qui a survécu à la guerre avec beaucoup de chance, est un faible homme. Vite fébrile face au danger, la peur le mène sans qu’il n’offre d’opposition. Cet homme qui n’aspire qu’à une vie simple, sans responsabilité, ne cherchant ni l’honneur ni la gloire. Il attire notre empathie parce que c’est au final un beau bougre. Il est touchant dans sa fidélité à rester auprès d’Edouard pour l’aider. Il se sent redevable envers lui au point d’enfreindre sa morale.

Pour Edouard, le retour est difficile, véritable gueule cassée de cette maudite guerre. Lui a vécu dans un milieu aisé. Et puis il a un don Edouard, celui de dessiner avec talent. Et ce don va lui servir à assouvir sa destinée. Quelle vie doit attendre une gueule cassée qui ne trouve son refuge que dans les voluptes des drogues.

L’auteur est corrosif envers la société française, l’Etat, la morale patriotique qui suivit ce conflit. Mais il donne une dimension terriblement humaine à la vie de ces poilus, pendant et après-guerre. Ce roman vous touche, vous  remue. Et puis certains vous font sourire, par la maladresse des uns et la bonté des autres. Il y a une dimension psychologique et morale dans ce roman qui donnent le reflet d’une société qui veut tourner le dos à la guerre en tournant le dos à bon nombre de ceux qui l’ont subit.

Le style

Devant la densité d’un tel sujet, Pierre Lemaître donne vie à cette aventure remplie d’humanité. Les personnages vivent sous la plume de l’auteur. Il n’épargne aucun détail et pourtant rien de malsain ne ressort. L’auteur décrit l’horreur de la guerre simplement, sans autres artifices que des mots percutants. Je ne connaissais pas Pierre Lemaître avant ce roman et j’ai beaucoup apprécié sa plume.

Ma Note : 4/5

Mon petit point positif :

Ce livre nous replonge dans cette période du 1er conflit déjà si loin à l’exception des commémorations et que pourtant nous devons garder à l’esprit pour ne pas oublier.