" Si la nature a peur du vide, l'homme aussi. "
Sohier Philippe
165 pages
Éditions Hugo (2015)
Collection Roman
C'est pas vrai ! Pas moi ! Je ne vais pas crever maintenant ! J'ai encore rien dis ! " se répétait Albert qui croyait rêver. [...] " Je vais crever ! " se répétait-il. Ses mots résonnaient dans son crâne et il avait infiniment peur, peur au point de se pisser dessus.
À quelques centimètres de lui, sa femme Clara dormait d'un sommeil profond. Elle était allongée sur le dos. "
Ce matin-là, Albert se réveille avec la certitude qu'il va mourir aujourd'hui. À ses côtés, sa femme dort et il n'ose pas la réveiller et préfère laisser son angoisse de la mort l'envahir. Il fait ainsi défiler le cours de sa vie aux côtés de cette femme qui l'a aimé au-delà du possible, renonçant même à avoir cet enfant qu'elle désirait tant.
" Aujourd'hui il était là, appuyé contre le rebord de la fenêtre, avec son bol de café qu'il n'osait pas boire de peur d'affoler son palpitant. Il songeait au passé. Les mots se bousculaient dans sa tête et il aurait voulu dire : " Clara ! Tu étais mon île. Ta mer a perdu la transparence de son bleu, tes cocotiers sont en berne, le volcan qui faisait ton charme est prêt à s'éteindre. J'ai envie de te prendre dans mes bras et de t'embrasser tel un chevalier teutonique, mais je ne suis qu'un homme et les hommes puent de la gueule le matin. "
Albert se réveille un matin avec des douleurs dans la poitrine, signes d'une crise cardiaque éminente, et la conviction que d'ici la fin de la journée, il sera mort. Les minutes passent, les heures défilent et cette certitude s'imprime en lui. Il n'ose en parler à sa femme de peur de l'effrayer. Il ressasse alors des souvenirs de sa vie passée auprès d'elle, des choses qu'il a faites et d'autres qu'il aurait aimé faire autrement, comme lui donner un enfant. Il se rend compte que sa jeunesse est bien loin derrière lui, que son existence insouciante sous fond d'alcool, de sexe et de musique n'existe plus. Il nous relate également les secrets qu'il garde farouchement pour lui, des choses dont il n'est pas fier et dont il voudrait s'amender. Malheureusement, son caractère orgueilleux l'empêche de se confier, même à son meilleur ami de toujours, Émile.
Le premier jour de ma mort est un livre qui traite du temps qui passe, de la vie, de la mort également. Les choix de notre protagoniste l'ont amenés dans une situation plutôt chaotique. Mais c'est surtout la routine, le poids inconscient des mensonges qui fait que le couple ne semble plus autant épanoui que dans sa jeunesse. Je trouve l'idée intéressante mais sa mise en place un poil trop irréaliste. Le trio passe par de nombreuses déconvenues sur peu de pages et ce qui s'annonçait comme un récit de vie constructif s'est trouvé être plutôt excessif et bourré de clichés. En outre, Albert s'attarde trop souvent sur des préoccupations immatures - le fait que lui et sa femme n'aient plus autant de relations sexuelles - que sur ses propres erreurs. Ce qui rend difficile toute empathie pour son personnage.
En bref, un livre intrigant mais qui présente quelques défauts.