Chronique « XIII Mystery, tome 9 – Felicity Brown »
Scénario de Matz, dessin de Christian Rossi, couleurs de Bérengère Marquebreucq,
Public conseillé : Adultes / adolescents,
Style : Polar,
Paru chez Dargaus, le 9 octobre 2015, 64 pages, 11.99 euros
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L’histoire
La jeune et belle Felicity Brown “se console” de la mort de son mari en s’offrant des bijoux de luxe. En rentrant chez elle, une bande de bouseux lui coupe la route. Ce sont Clive et ses fils qui la somme de vendre les terres Rowland, sans passer les avocats et autres complications.
Mais Félicity n’est pas prête à lâcher le morceaux à moindre prix. La discussion s’envenime et se finit dans un démarrage brutal et des jets de purin dans sa belle décapotable…
En arrivant au manoir, les contrariétés continuent. Deux agents spéciaux du FBI l’attendent. Ils ont ordre de l’emmener pour éclaircir certaines zones d’ombres concernant la mort de feu, son mari. Plutôt que de s’expliquer, Felicity prend la fuite…
Ce que j’en pense
Voici le nouveau tome de “XIII Mystery”, la série spin-off qui développe (sur un one-shot) un personnage secondaire de la série mère. Pour raconter la belle blonde (et salope de première) Felicity, les clefs du camion ont été confié à Matz et à Christian Rossi. Ces deux grands pros du polar, qui n’avaient encore jamais travaillés ensemble (c’est un des principes de base), reconstruisent le parcours de la jeune femme disparue entre le tome 5 (Rouge total) et le tome 9 (Les larmes de l’enfer).
Bien entendu, Matz est sur son terrain de jeu habituel : le polar, à consonance américaine. Avec des séries comme Le tueur et des one-shot (Du plomb dans la tête ou Balles perdues…), je me demande bien pourquoi on ne lui a pas proposé l’exercice auparavant ?
Au volant de sa mécanique hyper bien huilée et plein de références en poche, Matz se lance dans l’aventure. Dans la Première partie de l’album, il nous offre un Road-movie classique et efficace. La belle croqueuse de diamants déroule sa fuite en avant, pour ne pas être rattrapée par les agents du FBI. Évidemment, on pense à Sailor et Lula (de David Lynch), Thelma et Louise (de Ridley Scott), Tueurs nés (de Oliver Stone), Sugarland Express (de Steven Spielberg) et tant d’autres…
Le cavale qui a lieu dans les grands paysages américains désolés et les motels miteux, s’accompagne d’une galerie de portraits interlopes.
Tout au long de l’aventure, Matz colle aux basques de Felicity. Femme résolue, vénale et sans coeur au début d’album, elle devient, elle aussi, une “victime”, et m’a parue presque fragile…
Coté Dessin, c’est le grand Christian Rossi qui met en image. J’ai aimé passionnément son dessin dans W.E.S.T. et Deadline. Je me demandais bien ce qu’il allait faire dans cet album contemporain et plus “formaté” ?
Le résultat est très sympa. Classique, bien sur, mais comment pourrait il en être autrement ? Avec son trait habituel (léger, nerveux) il compose des planches dynamiques et hyper lisibles.
Rossi a l’air assez à son aise. En tout cas, il assume ce choix, cette “récréation imposée”, avec un plaisir évident. Scènes d’actions (ça canarde sec) comme scènes intimistes (magnifique, le dialogue-nu sur la plage !), il assure son rôle de “raconteur”.
Seul bémol, je trouve la belle Felicity vraiment trop anorexique à mon goût, trop calibrée “Blonde américaine” à forte poitrine…
Enfin, je voulais juste mettre un petit coup de projecteur sur le travail de Bérengère Marquebreucq. La coloriste, habituée de la série XIII, accompagne magnifiquement le dessin de Christian Rossi. Léger, solaire, subtil son travail numérique est de toute beauté.