Rencontre avec Olivier Mignen, chercheur à l’origine du projet ZEF’HIR

Par Bdencre @bdencre

Porté par un chercheur passionné de BD, le projet ZEF’HIR permet de récolter des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose. Rencontre avec l’initiateur de cette opération, Olivier Mignen.

Bulle d’Encre : Bonjour Olivier et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Tu es à l’initiative du projet ZEF’HIR où tu associes ton métier de chercheur et ta passion pour la BD pour une bonne cause. Comment est venue cette idée ?

Olivier Mignen : Cette idée m’est venue au cours de mes nuits d’insomnie… Je cherchais depuis longtemps à proposer une autre façon de lever des fonds pour soutenir la recherche sur la mucoviscidose. Quoi de mieux que de prendre des choses qui vous passionnent pour construire un projet ? Nombre d’événements de soutien à cette recherche sont des événements sportifs et je souhaitais proposer un événement culturel et cependant aussi destiné à un large public. Etant un passionné de BD, il m’est donc apparu logique de monter quelque chose autour du 9éme art et de l’illustration.

BDE : A-t’elle été difficile à mettre en place ?
OM : La première année fut sans doute la plus compliquée et à la fois peut-être la plus simple… Compliquée parce que je n’avais jamais organisé un tel événement avant et qu’il y avait de nombreuses inconnues. Les auteurs allaient-ils me suivre ? Est ce que je serais à même de trouver des partenaires, un lieu… ? Une telle vente assez spécifique pourrait-elle fonctionner à Brest ? On m’a promit le pire… et au final la première édition fut une réussite (33 000 euros reversés à la recherche soit un poste de technicien financé pendant un an)… Je m’étais dit que si je motivais 50 auteurs pour y participer, ce serait une réussite et au final plus de 150 auteurs m’ont suivi et m’ont fait confiance… Tout cela sans me connaître. ZEF’HIR doit donc une fière chandelle à tous ces soutiens de la première heure. Nous avons eu la chance d’avoir l’appui de partenaires formidables qui depuis, nous suivent : à commencer par OCEANOPOLIS et toute son équipe, mais aussi la BNP, les imprimeurs, la MGEN et bien d’autres encore. Ayant fait la première édition sans ambition et attente finale définies, l’objectif de l’édition suivante était de faire aussi bien… donc plus de pression pour faire encore mieux. La deuxième édition nous a permis de récolter 48 000 euros et financer un ingénieur de recherche pendant un an… J’espère que nous ferons encore mieux.

BDE : Comment ça se passe d’un point de vue logistique ?
OM : Nous consacrons beaucoup de temps toute l’année à ce projet. Un nombre réduit de bénévoles très impliqués contactent les auteurs, nouent les liens avec les partenaires et donc le travail en amont de la vente.. Cela représente énormément de travail et d’investissement. Des professionnels s’occupent de toute la partie graphisme et impression et nous aident généreusement sur la partie communication au combien importante pour la réussite de ZEF’HIR. Et la logistique le jour J ? Et bien j’en profite pour remercier ici Océanopolis et son équipe qui mettent à notre disposition un pavillon événementiel, un amphithéâtre, des salles et du personnel pendant deux jours.. Sans cette aide logistique et humaine très importante, la vente ZEF’HIR n’existerait pas. Le jour J c’est aussi plus de 100 bénévoles présents…
La vente le 28 novembre comme lors des précédentes éditions prendra deux formes. Une vente à prix fixe d’environ 300 œuvres de 10 à 17H et une vente aux enchères assurée par un commissaire priseur de 80 œuvres a 11H30. Cette vente aux enchères est accessible à distance par ordres d’achats ou par téléphone (toutes les infos sur le site web zefhir.fr). Les œuvres non vendues le jour J sont ensuite accessibles à la vente par internet.
Toutes les œuvres sont exposées le jour de la vente et donc visibles gratuitement.
Durant la journée, différentes expositions seront présentées au public (Expos LEPAGE, BESSADI et JOUVRAY) qui pourra aussi profiter de la présence de deux parrains de l’édition (Emmanuel Lepage et Bruno Bessadi). Un portfolio a été en outre réalisé spécialement pour ZEF’HIR et sera mis en vente le jour J. Des auteurs ayant participé à ce portfolio seront d’ailleurs là en dédicace. Et puis, les plus jeunes pourront profiter d’animations toute la journée… Donc tout cela je l’espère sous le soleil Brestois.

BDE : Les précédentes collectes ont été de beaux succès. Tu penses pouvoir récolter davantage ?
OM : Je l’espère. La deuxième édition nous a permis de récolter 48 000 euros et financer un ingénieur de recherche pendant un an… J’espère oui que nous ferons encore mieux et que nous pourrons pérenniser le poste que nous avons financé l’an dernier. Mais quelle que soit la somme récoltée, j’espère surtout que nous aurons autant de visiteurs que l’an dernier (plus de 2000). Cet évènement dont l’entrée est gratuite est une opportunité unique de faire découvrir au public l’univers de la BD et de l’illustration en leur présentant plus de 400 œuvres originales le jour J… Je suis très heureux que nous puissions faire découvrir au public des auteurs connus mais aussi le travail d’auteurs ayant moins de notoriété.. tous les univers de la BD et de l’illustration sont représentés. Et la réussite, ça sera de revoir tous ces sourires sur le visage des bénévoles et des visiteurs.

BDE : Les ventes aux enchères d’originaux lancées par des grandes maisons de vente atteignent actuellement des sommets. Tu n’as jamais essayé d’en démarcher une pour qu’elle participe à cette opération ?
OM : Je n’ai pas encore essayé non de démarcher une de ses maisons de vente… Si quelqu’un peut m’aider à les contacter et à en discuter avec eux.. Je prends.

BDE : Puisque ça ne fait pas de mal de rêver, y’a-t’il des œuvres particulières que tu aimerais bien voir en vente ?
OM : Oui… mais c’est sans doute du rêve… quoique… on ne sait jamais… Un original de Bilal, d’Alan Moore, de Burns, Giraud, Franquin, Tardi, Martin, Comes, Gibrat, Juillard… Et mon rêve : un original de Pratt ou de E.P Jacobs…
Avis aux dessinateurs en cause ou aux propriétaires chanceux…

BDE : Les collectes caritatives ont souvent le défaut d’être médiatisées lors de la collecte mais jamais après… Et au final, les gens ne savent pas vraiment à quoi servent leurs dons. Peux-tu nous faire part des avancées liées à ZEF’HIR ?
OM : Je pense qu’il faut absolument parler de ZEF’HIR après le jour de la vente… Et surtout réussir à faire connaître ZEF’HIR pour montrer que ce projet est utile… et motiver des auteurs !
Comme je l’ai dit les retombées de ZEF’HIR sont très concrètes. 32 000 euros et 48 000 euros remis en deux éditions à l’association Gaetan Saleun qui ont permis de financer un technicien de recherche pendant un an et un ingénieur de recherche pendant un an.

BDE : D’ailleurs, puisque tu as la parole, as-tu un message particulier à faire passer, aussi bien aux auteurs qu’aux potentiels acheteurs ?
OM : Pour les auteurs je ne peux que remercier tous les auteurs qui ont participé et participent à ZEF’HIR… Sans eux, sans leur générosité… pas de ZEF’HIR. Et donner une œuvre, fruit de son travail et sa créativité, c’est un don important et excessivement généreux. J’aimerais vraiment que des grands noms de la BD mais aussi des auteurs moins connus participent spontanément au projet. J’invite aussi tous les collectionneurs qui souhaitent nous aider à participer à la vente en achetant une œuvre mais pourquoi pas en nous donnant une des pièces de leur collection.
ZEF’HIR, c’est des originaux pour tous les budgets et pour tout public alors j’invite tous les acheteurs potentiels à s’offrir pour Noël un original… Aider la recherche tout en se faisant plaisir.

BDE : Merci pour avoir répondu à toutes ces questions.

Interview réalisée par Anthony Roux le 09 octobre 2015

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Le projet ZEF’HIR