Éditions Points, 2010 (673 pages)
Quatrième de couverture …
Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme.
La première phrase
« « Edith ! murmura Margaret, Edith »
Mais, ainsi que s’en doutait Margaret, Edith s’était endormie. Pelotonnée sur le sofa dans le petit salon de Harley Street, elle offrait un charmant spectacle avec sa robe de mousseline blanche et ses rubans bleus. »
Mon avis …
J’étais tellement impatiente de découvrir la plume d’Elizabeth Gaskell ! Force m’a été de constater qu’une fois ce roman ouvert, je ne l’ai tout simplement plus lâché. Dés les premières lignes, l’auteure nous fait rencontrer Margaret Hale, une héroïne fière, forte et attachante. Après avoir été élevée à Londres auprès de sa tante, Mrs Shaw, et de sa cousine Edith, Margaret entreprend de retourner chez ses parents, dans la campagne du sud de l’Angleterre. Son souhait de retrouver le calme de Helstone, afin d’y couler des jours heureux, semble pour autant de courte durée. La famille Hale est en effet brutalement contrainte de déménager. Mr Hale fait ainsi le choix de s’installer à Milton, une ville du Nord en pleine expansion industrielle. Teinté d’un brin de romanesque (par la relation entre Margaret et John Thornton, patron d’une manufacture de coton), Nord et Sud aborde avant tout la question de la lutte des classes.
Autant vous le dire, je me sens quelque peu embêtée à l’idée de vous livrer mes ressentis concernant ce grand classique de la littérature anglaise. Si j’ai réellement apprécié ma lecture, j’ai tout même mis plus de deux semaines à le terminer (ce qui m’arrive plutôt rarement). Elizabeth Gaskell possède une plume fine et extrêmement intéressante : je suis ravie d’avoir franchi le pas, là n’est pas la question. Disons simplement qu’au cours du roman, je n’ai eu de cesse de voir des rapprochements avec les romans austeniens ou encore des références à l’univers de la famille Brontë. Je crois que je n’ai pas réussi à totalement m’en défaire… Et je m’en veux un peu. En même temps, j’avais tellement adoré Orgueil et préjugés et Jane Eyre, qu’il était difficile (sinon impossible) de faire mieux. Je reste donc sur l’idée d’un très bon moment de lecture, mais je n’ai pas autant vibré qu’en lisant Jane Austen ou les sœurs Brontë. Est-ce que j’ai été tentée de comparer, malgré moi, des univers bien différents ? C’est fort possible et pour le coup, je n’ai pas l’impression d’avoir accroché autant que je l’aurais souhaité ni autant que ce roman le mérite.
Car la force de ce roman reste la thématique abordée : le contraste entre les gens du Nord et ceux du Sud. Ces deux mondes se retrouvent incarnés par deux personnages centraux (Margaret et John Thornton). Margaret paraît snob, parfois méprisante envers les gens du Nord. Mais issue d’un milieu pauvre, son goût pour les autres l’amène à prendre la défense des ouvriers. John Thornton est un patron riche et travailleur, qui s’est construit seul. S’intéressant peu à ses employés, son attirance pour Margaret le fera se questionner. Si la rencontre est loin d’être gagnée d’avance, Elizabeth Gaskell réussit à les faire subtilement se rapprocher, pour peut-être trouver un terrain d’entente ? J’ai réellement aimé suivre les questionnements et les tumultes de leur relation, même si celle-ci m’a fortement fait penser à Elizabeth Bennet ainsi qu’à Darcy dans Orgueil et préjugés. La personnalité de Miss Hale est pour autant totalement différente de celle de Miss Bennet.
En bref, Nord et Sud s’avère être un roman riche et dense. J’ai été séduite par la sincérité des personnages ainsi que par la qualité des portraits psychologiques. J’ai moins accroché à certains personnages secondaires ainsi qu’à la tonalité dure et mélancolique qui enveloppe le roman (je l’ai en tout cas ressenti comme tel). J’aurais peut-être également préféré que la relation entre Margaret et John Thornton prenne plus de place dans le récit. Mais j’ai réellement apprécié en apprendre davantage sur la condition des ouvriers au XIXème siècle. Je pense poursuivre mon aventure avec Elizabeth Gaskell.
Extraits …
« Pour marcher, Margaret marchait, en dépit du temps. Elle se sentait si heureuse dehors, aux côtés de son père, qu’elle en dansait presque. Et lorsqu’elle traversait une lande, le dos exposé à la douce violence du vent d’ouest, elle paraissait comme poussée vers l’avant, aussi légère et libre que la feuille d’automne portée par la brise. »
« Jamais encore je n’ai aimé une femme : ma vie a été trop remplie, mes pensées trop absorbées ailleurs. Maintenant j’aime et je veux continuer à aimer. Mais ne craignez pas que j’exprime trop cet amour. »