Mon frère est un super-héros, de David Solomons (2015)

Par Lupiot

Demain sort une aventure bourrée d'humour, décalée et parodique à souhait : Mon frère est un super-héros, roman à partir de 10 ans. Nourri de références pop-culture, tombé dans la marmite des comics américains, échappé de l'école du Professeur X, ce roman, c'est ton enfance dans une barre chocolatée.

(Enfin, si ton enfance n'est pas trop trop lointaine. Car, même si les super-héros classiques remontent aux années 50, de nombreuses références sont assez modernes : c'est un roman fait pour toucher les lecteurs de 10-15 ans d'aujourd'hui, ne l'oublions pas. Mais oui, j'ai 25 ans, et ça marche pour moi.)

C'est l'histoire de Luke, 11 ans, qui, à part porter le prénom de son idole Luke Skywalker, n'a rien de bien héroïque. C'est un gamin à l'imagination hyperactive, complètement obsessionnel des super-héros, mais déjà épuisé rien qu'à grimper l'échelle de la cabane du jardin, parce qu'il a de l'asthme et les pieds plats.
Cette cabane, il la partage avec son ronflant de premier de la classe de frère Zach, son aîné qui préfère faire ses devoirs plutôt que de s'amuser. Le type le plus rasoir du monde.
Donc, quand Zach est choisi par un visiteur extra-terrestre pour devenir le défenseur de la Terre car " Némésis arrive ", et se voit accorder trois SUPER-POUVOIRS, Luke est proche de l'implosion. L'injustice suprême ! Son frère ne connaît rien aux super-héros, ça ne l'intéresse même pas ! Pourquoi a-t-il été choisi ? Et pourquoi pas lui, Luke, qui se prépare à cela depuis l'âge le plus tendre ?
...Ben, en fait, il était parti faire pipi. Et l'extra-terrestre a pris le premier pékin qu'il a trouvé sur son chemin : son bon à rien de grand frère. Passé les premières minutes de bouillonnement, Luke prend la seule décision sensée qui s'offre à lui : il sera l'entraîneur de Zach, son guide, son professeur X, son Philoctète de mauvaise bonne volonté, à la fois bien brave, ironique et grognon.


Ainsi commencent les aventures deStarmec (ben oui, Starboy, c'était déjà pris) et son petit frère.

Mon avis : c'est une belle aventure initiatique qui fourmille de scènes à la saveur authentique, notamment les conversations entre les deux frères. Un roman plein de cœur et d'optimisme, fidèle à l'imaginaire survitaminé des comics américains, assez futé sur les relations parents-enfants (ou plutôt adultes-enfants).

Mais surtout :

On retient difficilement ses éclats de rire : Luke, le narrateur, a beaucoup d'humour, et la science infuse en ce qui concerne les super-héros, ce qui donne lieu à des passages où il identifie (ou non, mais avec une certitude absolue) son ennemi en fonction de son rire diabolique (c'est-à-dire : MOUAHAHAHAH) ou de sa propension à expliquer son plan machiavélique avant de l'exécuter, caractéristiques de base du super-méchant.

Le point de vue externe, celui du petit frère jaloux, apporte un vrai plus à l'histoire. Sa voix et sa personnalité sont fortes, attachantes et cohérentes d'un bout à l'autre.

En somme c'est un roman fun et très rafraichissant. Le dernier tiers casse un peu le rythme général, car l'affrontement final est assez long. Mais l'humour et le ton décalé demeurent jusqu'à la toute dernière page, qui nous fait refermer le livre avec un large sourire et l'envie de revenir pour une suite.

Bonne lecture !

Mon frère est un super-héros, de David Solomons, chez Gallimard Jeunesse, 2015, 352 pages