Velibor Colic nous entraîne sur les pas d’un peuple migrateur aux semelles de vent venu des Balkans, de la seconde guerre mondiale à la jungle de Calais, des années noires du communisme à la guerre en Yougoslavie. La musique, la fête, les beuveries, les coucheries, l’amour, la violence, les traditions, et une certaine forme de sagesse peuplent les pages de cette tragédie tzigane relatée à travers une inoubliable galerie de personnages. Avec une verve inimitable, l’auteur d’Archanges tisse les fils un brin foutraques d’une « comédie pessimiste » où le burlesque côtoie en permanence le drame. Surtout, il rend un hommage tendre et plein d’affection à une communauté trop souvent malmenée par les méandres de l’Histoire.
Ederlezi, fête de la Saint-Georges (le 6 mai), est l’occasion pour les Tziganes de célébrer le retour du printemps. Un symbole de renaissance présent tout au long du roman à travers la figure légendaire d’Azlan, le chanteur aux plusieurs vie qui, tel le phénix, renaît de ses cendres après avoir succombé de manière dramatique, mais aussi à travers l’histoire d’un peuple rejeté, exterminé, et qui ne cesse de se relever pour continuer sa route.
J’ai aimé retrouver la plume de Colic, sa faconde, son humour, sa capacité à aborder le tragique avec une forme de légèreté et d’élégance qui n’appartient qu’à lui. Un excellent moment de lecture.
Ederlezi : comédie pessimiste de Velibor Colic. Gallimard, 2014. 212 pages. 18,00 euros.