Le tome 2 de la série apocalyptique la plus grandiose, badass et démesurée du rayon Young-Adult sort aujourd'hui. Pour raccrocher les wagons, voici ma chronique du tome 1. Pour prendre le train en route : c'est ici !
Mais tandis que les Créateurs annoncent la nouvelle à l'humanité et que, face à la menace d'un astéroïde gigantesque, la folie s'empare de la Terre, les règles du jeu changent indiciblement.
Certains Joueurs commencent à s'interroger. Car les Créateurs, dont leurs lignées leur parle depuis des générations, ne ressemblent en rien à ces êtres cruels qui gouvernent le Jeu. Des monstres, qui rappellent des enfants cruels assis sur une fourmilière avec une loupe à la main. Ni nobles. Ni grands. Mais tyranniques et mesquins. Et certains joueurs se posent la question interdite : serait-il possible d'arrêter Endgame ?
Ils étaient 12, mais à la fin du tome 1, plusieurs des plus dangereux (pour ne pas dire complètement psychopathes) semblent bel et bien morts : le prétentieux Marcus Megalos, l'ambitieuse Kala Mozami et le dégénéré An Liu. Mais aussi, et c'est le plus triste, la fascinante, mystérieuse et humaniste Chiyoko Takeda, écrasée à Stonehenge lors du déclenchement de l'Épreuve par Sarah.
- Sarah Alopay et Jago Tlaloc, qui font toujours équipe, fuient les lieux avec la Clé de la Terre, et continuent leur quête pour gagner Endgame. Mais, plus encore qu'au Jeu, Sarah doit survivre au traumatisme d'avoir tué Christopher, son petit-ami. Elle aime Jago, et Jago l'aime, mais dans ce monde en feu, ça ne suffit pas. Elle perd la boule. Jago en profitera-t-il pour la doubler ?
- Baitsakhan et Maccabee Adlai, dans leur duo improbable (et hyper drôle, franchement), sont à la poursuite de Sarah et Jago pour leur prendre la clé du ciel. Mais ils ignorent qu'ils sont eux-mêmes poursuivis par la noble Alice Ulapala, déterminée à débarrassée la Terre de la pourriture sur pattes qu'est Baitsakhan.
- Elle et Shari Chopra sont en contact en entendent se protéger mutuellement si elles le peuvent, car elles estiment être les seules dignes d'hériter de la Terre après Endgame. Avec, peut-être, l'aksoumite.
- Celui-ci, Hilal Ibn Isa Al-Salt fait deux découvertes de taille, qui l'envoient sur une quête parallèle à Endgame. Sa lignée est en effet la gardienne d'un très ancien et noir secret dont il décide de se faire le pourfendeur. Et, par ailleurs, Hilal a découvert avant les autres la nature de la deuxième clé, la Clé du Ciel. Et c'est horrible. C'est absolument horrible.
- Mais le personnage le plus génial de ce tome, alors même qu'il est quasi absent du premier, c'est Aisling Kopp, la celte. Celle-ci ne joue plus solo. D'ailleurs, elle ne joue plus contre les autres Joueurs. Elle a découvert une nouvelle façon de Jouer. Et, mes amis, elle va tout défoncer.
Par où commencer dans la critique de cette fresque aussi grandiloquente que délirante, peuplée d'autant de personnages, nourrie d'autant de mythes et légendes ? Procédons par ordre.
Les + :- Un rythme de narration parfaitement géré dans le passage d'un personnage à un autre, qui alterne les scènes d'action à couper le souffle avec les autres chapitres (ceux contenant le déchiffrage des secrets, les alliances et trahisons, les découvertes épouvantables, et les questionnements).
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De longs moments de suspense admirablement dosés (car oui, quand une scène s'interrompt sur une menace, il faut ensuite passer par plusieurs chapitres centrés sur les autres personnages avant d'en connaître le fin mot). J'ai été très inquiète pour Sarah pendant la moitié du livre - et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
- Des dialogues plutôt très bons dans l'ensemble, particulièrement du côté d'Aisling, et dans les scènes Baitsakhan-Maccabee.
- Des scènes d'action tellement visuelles (et pourtant, bien écrites, hein, je crois que vous avez commencé à repéré que j'étais exigeante en la matière) qu'on se croirait devant un Mission Impossible. La longue montée d'Aisling avant d'arrivée à la scène finale est excellente.
- Un nouveau personnage féminin intrigant, Stella, que l'on va probablement mieux connaître dans le tome 3.
- Un style un chouïa moins bon que dans le tome 1, où on ressentait une vraie voix d'auteur, qui se fait plus discrète, ici.
- Le délire autour des Créateurs, à présent rejoints par le personnage d'Éa, une sorte de Satan extra-terrestre, est parfois un peu ridicule...
- La caractérisation de Shari Chopra me semble incohérente sur la fin, et c'est bien dommage.
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Le roman a beau prétendre mélanger les cultures et religions du monde entier, puiser dans un océan de sources mythologiques et légendaires, le ressenti final est tout de même très chrétien. Notamment à cause d'Éa.
Ai-je aimé ma lecture ? Hell yes.
Vous recommandé-je cette trilogie explosive ? Absolument, mais uniquement si c'est votre dada. Si vous aimez :
-Les dystopies brûlantes d'action et pleines de dangers planétaires (comme Le Labyrinthe, sauf qu' Endgame n'est pas écrit avec des petits petons ankylosés) ;
-Les romans d'aventure et d'espionnage, type Chérub ou Alex Rider ;
-Les histoires d'amour prisonnières d'événements plus grands (comme dans les Hunger Games par exemple, sauf qu'ici on nous épargne le triangle amoureux, pour une fois**) ;
-Les films d'action intelligents, qui reposent sur des références culturelles profondément ancrées dans notre Histoire.
Quand on me demande de résumer Endgame, j'ai souvent envie de dire " C'est Indiana Jones rencontre Independence Day ", mais ça donne une image démodée et un rien humoristique, étrangère à la saga. Donc, correction :
Endgame, c'est du Michael Bay scénarisé par Arthur Conan Doyle.(Et sponsorisé par l'Ancien Testament.)
Bonne lecture,
Endgame 2. La clé du ciel, de James Frey, chez Gallimard Jeunesse, 2015, 544 pages
* Comme je suis fan d'étymologie et fan d'Endgame, j'ai recherché les significations des noms des personnages, et j'en ai fait un marque-page.
** Je ne pense aucun mal du triangle amoureux de Hunger Games, qui n'a rien de gratuit ou neuneu et est traité avec finesse. Mais avouons que les triangles amoureux, ça commence à nous courir, hein.