La vie est dangereuse.
On parle d’interdire la cigarette dans les parcs. J’en suis convaincu, on donnera de bonnes raisons pour cette mesure, comme pour toutes les autres qui nous infantilisent, nous déresponsabilisent.
Ça coûte cher, dans leur vieil âge, les fumeurs, en soins de toutes sortes. Ceux qui, chaque jour, s’empiffrent de gras trans dans les fast-foods aussi. Tout comme ceux qui pratiquent des sports à risques, comme le hockey, l’alpinisme… Il faut parfois traiter leurs blessures, aller les secourir à grands frais. « Légiférons ! Défendons ! » s’écrieront les amoureux du totalitarisme soft, du gouvernemaman. Pendant ce temps, nos droits individuels se rétrécissent. Nous devenons de plus en plus des gouvernés et de moins en moins des citoyens libres.
Société de no fault !
La vie est dangereuse. Refuser cette réalité, c’est en refuser la saveur.
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La fréquentation de l’histoire et des actualités médiatiques m’a appris plusieurs choses, dont l’une : on nous crée des amis ou des ennemis selon l’intérêt des puissants du moment. Observez la presse, électronique ou papier. Les masques des chefs d’État étrangers s’y modifient selon les intérêts de notre politique étrangère ou celle de nos puissants alliés. Pensez à Kadhafi, à Saddam Hussein, aux dirigeants iraniens, au président Bachar El-Assad de Syrie… Les reflets qu’on nous a donnés (et donne) de ces hommes de pouvoir dépendent de leur utilité ou du rôle qu’on veut leur faire jouer sur l’échiquier où s’affrontent les ambitions des groupes plus ou moins occultes qui nous gouvernent.
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Notre système d’éducation n’a plus de gouvernail. Les débiles capitaines qui y défilent comme ministres de l’Éducation n’y jouent pas grand rôle. C’est notre civilisation qui se déboussole.
On a remplacé le principe qui conférait une valeur intrinsèque à la connaissance par des objectifs à court terme, d’un utilitarisme réducteur et accrocheur : « Ton premier job ; ton premier char ; tes vêtements griffés… » Et la gymnastique intellectuelle qu’imposent à l’esprit les matières ardues, mais garantes d’une pensée libre et bien huilée ? « De quoi vous parlez, vous, là ? »
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur . On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).