« Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs mais ils ne seront jamais les maîtres du printemps. »
Pablo Neruda
Les hauts-fourneaux de Lorraine et leur fermeture annoncée. Pierre le métallurgiste plein de panache, figure de proue du mouvement de grève qui attire les journalistes dès qu’il ouvre la bouche. Max le sculpteur, dandy octogénaire à qui le Grand Palais a commandé une œuvre monumentale et qui souhaite la réaliser à partir d’acier français, symbole d’un savoir-faire unique dont la disparition serait un drame national. Daniel le député, cœur à gauche depuis l’enfance, devenu ministre de l’industrie après la victoire socialiste à l’élection présidentielle et qui se saisit du dossier des hauts-fourneaux avec, chevillée au corps, la certitude de trouver une solution. Trois hommes et un même combat, celui de l’humain face à la voracité et la perversité des marchés : « ils sont la dignité combattante. Ils tomberont peut-être mais ils mourront debout. »
Un superbe roman choral, inspiré par la fermeture de Florange, où l’ouvrier, l’artiste et le politique prennent la parole à tour de rôle et vivent à leur manière les derniers mois d’un site industriel condamné à disparaître. Un texte à la prose habitée qui prend forcément parti. Un texte loin des modes actuelles sur lequel planent les ombres d’Hugo et Zola. La violence d’une réalité sociale insupportable est contrebalancée par une solidarité toujours présente et par une lutte collective sans arrière pensée. La peur, la colère, la perte de confiance et la désillusion sont exprimées sans caricature, tandis que la description très documentée du fonctionnement du haut-fourneau, « géant vorace avalant à grande goulée minerai de fer et charbon » se révèle d'un lyrisme inattendu.
Une littérature engagée comme j’aime et comme on n’en fait (presque) plus. Loin d’une dénonciation pure et dure et sans nuance, Isabelle Stibbe offre une réflexion profonde, sensible, lucide et argumentée sur le monde tel qu’il est et sur les réalités d’un univers ouvrier sans avenir face une mondialisation galopante.
Les maîtres du printemps d’Isabelle Stibbe. Serge Safran éditeur, 2015. 180 pages. 17,50 euros.
Pablo Neruda
Les hauts-fourneaux de Lorraine et leur fermeture annoncée. Pierre le métallurgiste plein de panache, figure de proue du mouvement de grève qui attire les journalistes dès qu’il ouvre la bouche. Max le sculpteur, dandy octogénaire à qui le Grand Palais a commandé une œuvre monumentale et qui souhaite la réaliser à partir d’acier français, symbole d’un savoir-faire unique dont la disparition serait un drame national. Daniel le député, cœur à gauche depuis l’enfance, devenu ministre de l’industrie après la victoire socialiste à l’élection présidentielle et qui se saisit du dossier des hauts-fourneaux avec, chevillée au corps, la certitude de trouver une solution. Trois hommes et un même combat, celui de l’humain face à la voracité et la perversité des marchés : « ils sont la dignité combattante. Ils tomberont peut-être mais ils mourront debout. »
Un superbe roman choral, inspiré par la fermeture de Florange, où l’ouvrier, l’artiste et le politique prennent la parole à tour de rôle et vivent à leur manière les derniers mois d’un site industriel condamné à disparaître. Un texte à la prose habitée qui prend forcément parti. Un texte loin des modes actuelles sur lequel planent les ombres d’Hugo et Zola. La violence d’une réalité sociale insupportable est contrebalancée par une solidarité toujours présente et par une lutte collective sans arrière pensée. La peur, la colère, la perte de confiance et la désillusion sont exprimées sans caricature, tandis que la description très documentée du fonctionnement du haut-fourneau, « géant vorace avalant à grande goulée minerai de fer et charbon » se révèle d'un lyrisme inattendu.
Une littérature engagée comme j’aime et comme on n’en fait (presque) plus. Loin d’une dénonciation pure et dure et sans nuance, Isabelle Stibbe offre une réflexion profonde, sensible, lucide et argumentée sur le monde tel qu’il est et sur les réalités d’un univers ouvrier sans avenir face une mondialisation galopante.
Les maîtres du printemps d’Isabelle Stibbe. Serge Safran éditeur, 2015. 180 pages. 17,50 euros.