L'intrigue, mince et frêle, se résume en quelques lignes:
Gaspésie, 1944. La narratrice barbue quitte la maison familiale. Elle trouve un bivouac dans le bois, épuise les pommes, les patates et les navets qui s'y trouvent. La faim et le froid la tétanisent. Sa cabane s'effondre pendant une tempête. Elle marche, fait une chute de dix mètres, se blesse et se relève. Espionne deux chasseurs et Jo, l'ours enchaîné. Qui finissent par la capturer. Elle réussit à prendre la fuite et retourne dans son petit village gaspésien, regarder sa mère par la fenêtre.L'intrigue manque cruellement de profondeur. Les divagations de la narratrice, son errance et les obstacles qui se dressent sur son chemin lassent à force de lourdeur. Sans parler des invraisemblances...
c'est une forêt profonde et pieuse, en méditation. sa pensée flotte au vent à travers les feuilles, on dirait des milliers de drapeaux de prière.
Comment une gamine qui vit dans un petit village gaspésien en 1944 peut connaître l'existence des drapeaux de prière tibétains? Et ces mots savants qui lui viennent tout naturellement à l'esprit: «bivouac», «complet hourvari», «pergélisol». Qu'il y ait une «inadéquation» entre sa tête et la face qu'elle porte. C'en est assez me faire décrocher.L'écriture de Julie Demers n'est pas dénuée de charme, loin de là. Bien rythmée, sans majuscules, poétique. Mais je n'ai pas pu déceler autres choses, dans Barbe, qu'un exercice de style sur l'altérité. Un bien mauvais roman, mais un excellent exercice de style.Barbe, Julie Demers, Héliotrope, 138 pages, 2015.★★★★★