La plaque sur le mur est modeste. A Saint-Germain-en-Laye (78) si vous passez devant le 41 de la rue de Paris, pour peu que vous soyez attentif, une plaque signale qu’ici Voltaire habita en 1729. Un séjour clandestin, proche du couvent des Récollets, dont il appréciait la riche bibliothèque. Même pas une année entière, seulement quelques semaines, du 15 mars au 15 avril.
Rappel des faits. En 1726 à la suite d’une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire (François Marie Arouet 1694-1778) est embastillé – une fois encore ! - pendant deux semaines. A sa libération, il s'exile en Angleterre où il passera deux ans et demi. Plus précisément son adversaire le fait bâtonner, lui refuse réparation par les armes, obtient son internement à la Bastille et l'oblige finalement à s'exiler en Angleterre où il séjourne de 1726 à 1729, une expérience qui, finalement, lui sera profitable tant il est profondément impressionné par l'esprit de liberté de la société anglaise. Il rencontre des écrivains, des philosophes, des savants de plusieurs disciplines, physiciens, mathématiciens, naturalistes, et s’initie à des domaines de connaissances qu’il ignorait jusqu’ici. Ce séjour lui donne aussi l'occasion de découvrir Newton qu’il va bien vite admirer et dont il s’acharnera à faire connaître l'œuvre.
C’est là-bas qu’il commence à rédiger l’ouvrage où il expose ses observations sur ce pays, qu’il fera paraître en 1734 à Londres et dont la version française n’est autre que les Lettres philosophiques. Elles se composent de vingt-cinq lettres qui abordent des sujets assez variés, la religion, les sciences, les arts, la politique ou la philosophie (de Pascal notamment). Ces lettres ne sont pas des lettres personnelles qui auraient été envoyées à certaines personnes en particulier, mais des lettres ouvertes, destinées à être lues du plus grand nombre grâce à leur parution sous forme d’un livre. Dans la dernière lettre (XXV), « Sur les pensées de M. Pascal », ajoutée postérieurement, inspiré par Newton, Voltaire critique certaines idées de Pascal en prenant des citations de ses Pensées et en donnant à la suite son propre point de vue sur le même sujet. La différence majeure entre ces deux philosophes est leur conception de l’homme, Pascal insiste sur l’aspect misérable et malheureux de l’homme qui comble son vide intérieur par le divertissement, tandis que Voltaire affiche en véritable philosophe des Lumières une foi optimiste en l’homme. « Voltaire prend le « parti de l’humanité » contre le « misanthrope sublime » et, dans la même foulée, celui des sociétés ouvertes contre les sociétés bloquées. »
D’après ce qu’on en sait, cette dernière lettre aurait été écrite au 41 de la rue de Paris à Saint-Germain-en-Laye.