Je ne sais pas vous, mais il y a des romans on sait tout de suite qu'ils vont vous plaire. Celui-ci en fait partie, le résumé, la couverture et les nombreux avis emballés. Je n'ai pas hésité longtemps avant de me le procurer, vous vous demanderez sans doute pourquoi je l'ai gardé presque six mois dans ma pile à lire ? Et bien la réponse est simple, les nombreux éloges ont été accompagnés d'une extrême frustration. Voyant la date de sortie VO annoncé pour novembre, j'avais perdu tout espoir de pouvoir le découvrir cette année et là, miracle les éditions Lumen ont la bonne idée de sortir la version française, deux jours plus tard. Si ça ce n'est pas une intervention divine. Lumen, mes héros !
Après une guerre dévastatrice, les États-Unis ont été dévastés et les rares survivants ont menés leurs propres combats pour déterminer, laquelle des deux familles leader, dirigera la nation. Les Westfall, ont perdu et pour sceller l'union des deux familles, chaque génération doit marier, son fils et sa fille pour donner une bonne raison de maintenir la paix. Cette année, c'est au tour d' Ivy, 16 ans de se marier avec Bishop 18 ans. Ce que le jeune homme ne sait pas, c'est qu' Ivy a été élevée dans l'unique but d'ôter la vie à Bishop pour renverser le pouvoir. Pour mener sa mission à bien, elle doit garder la tête froide et ne surtout pas succomber au charme de son mari, pour être à la hauteur.
Le personnage d' Ivy a beau être jeune, chaque action reflète une très grande maturité. Malgré son jeune âge, son père a choisi de le confier une énorme responsabilité et ses choix vont se répercuter sur la liberté du peuple. La vie d' Ivy se résume à son père et sa sœur, alors lorsque son unique famille décide de lui confier le soin d'éliminer elle-même Bishop, elle est plutôt résignée, c'est sa mission et elle doit montrer à sa famille qu'elle est digne de leur confiance. Seulement, lorsque l'union est prononcée, sa vie de femme mariée s'avère assez différence de ce don elle s'imaginait, certes elle n'a pas eu le choix de son mariage, mais Bishop se révèle être gentil, attentionné et même s'il n'affiche pas beaucoup d'émotions, il écoute et respecte les pensées d' Ivy. Forcement, être marié et vivre sous le même toit, une intimité va naître et puis l'amitié, va laisser place à des sentiments plus profonds. Malgré une certaine distance qui va durer quelques temps, Bishop va l'inciter à s'ouvrir et être celle qu'elle a envie d'être, sans qu'on lui impose ses choix ou la vie qu'elle doit mener.
L'action n'est pas aussi présente que je m'y attendais et le côté dystopique est relayé au second plan. Dès les premiers chapitres, on voit tout de suite qu' Ivy observe, réfléchit, analyse. Sa capacité prend du recul est impressionnante, elle a en tête tout ce que sa famille lui a toujours répété, mais lorsqu'elle est face à la réalité, elle ne comprend plus les choix de son père. Elle va commencer, à remettre en question ce que sa famille lui a appris et se rendre compte que d'autres solutions sont possibles. Au contact de Bishop, elle va se rendre compte qu'elle n'a jamais eu le choix, que ce soit la politique du Président, avec les mariages forcés ou les expulsions, son père lui impose également ses décisions et à côté de tout ce bordel, il y a Il cherche toujours à savoir ce qu'elle ressens sincèrement, il s'intéresse à sa vie, son histoire et il lui donne la chance de pouvoir avoir son propre avis, sans être influencé. Grâce à lui elle ose donner son opinion à voix haute, quelles que soient ses pensées.
Lorsque les sentiments vont commencer à lui embrouiller l'esprit, elle va tenter de résister et de garder ses distances, mais accomplir sa mission va devenir problématique. Le choix, de rendre sympathique le Président, est intéressant, car à côté de ça, la famille d' Ivy est assez antipathique. Et au final, les raisons du père de la jeune femme m'ont l'air plutôt égoïste et pas si tournée vers le peuple. J'ai très bien compris ce sentiment de solitude qu'elle ressentait et on voyait tellement qu'elle voulait faire ce que son père lui demande, pour qu'il soit fier d'elle qu'il est difficile de lui en vouloir. En fait, il est assez difficile de déterminer si l'un, est plus apte à diriger le pays que l'autre. La politique instaurée est assez préhistorique, mais la peuple n'est pas malheureux pour autant et il y a certes pas mal de choses à corriger, mais de là à tuer le Président et son fils, ça ne les rend pas meilleurs pour autant.
Ivy est un personnage vraiment attachant et on sent qu'elle aimerait que son père soit fier d'elle, mais intérieurement elle n'est pas d'accord avec ce qu'il attend d'elle. A force de se laisser contrôler, Ivy ne peut pas penser par elle-même et elle a tellement envie d'être aimée par son père, qu'elle se laisse convaincre avec des mots gentils et de la tendresse. Et le moment où elle va se rendre compte que Bishop, prend soin d'elle sans rien attendre en retour, va marquer un tournant, car elle va progressivement se construire sa propre identité. Et Bishop n'est pas étranger à son épanouissement, il est d'une patience et d'une gentillesse à toutes épreuves. Et c'est adorable !
Je vais finir par écrire un roman, ma chronique va être affreusement longue. Mais, j'ai tellement adoré ma lecture, que je crois que je pourrais en parler pendant des heures. Je crois que c'est la première fois, que j'aurai presque pu pleurer pour une dystopie. Les derniers chapitres sont tellement tristes et injustes, Ivy n'a plus d'option et ses décisions vont être radicales. Je tiens quand même à dire à cette chère Madame Amy Engel, qu'une fin pareil ça ne devrait pas être permise. Je suis à moins d'un mois de la publication du tome 2 et j'ai l'impression que c'est le bout du monde. Si seulement, cette suite pouvait se matérialiser pour que je puisse enchaîner. C'est un coup de cœur intersidéral et je recommande à 100%, le roman, la maison d'édition ou même la superbe plume de l'auteure.