Rencontre avec Laurel pour son projet Comme convenu

50 000. 70 000. 100 000. 130 000. 160 000 (au moment où nous écrivons ces lignes). Et ça continue ! Depuis son lancement, le financement participatif de Comme convenu de Laurel n’arrête pas d’attirer des contributeurs. L’objectif des 9 000€ a été très rapidement pulvérisé pour une histoire que les lecteurs de son blog ont l’habitude de suivre. Rencontre avec Laurel.

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Bulle d’Encre : Bonjour Laurel et félicitations. En peu de temps, tu as réussi une énorme levée de fonds qui est loin d’être finie. Quel est ton état d’esprit actuel ?
Laurel : C’est très inattendu, une énorme surprise! Je suis sur un nuage! ^^
L’auto-édition c’est un sujet dont j’entends parler depuis un bout de temps maintenant. Je vais pouvoir me faire ma propre expérience, dans de super conditions!

BDE : Tu visais un objectif assez modeste malgré tes nombreux lecteurs. Une crainte qu’ils ne passent pas par la case Carte Bleue après t’avoir suivi toutes ces années gratuitement ?
L : Je voulais absolument faire imprimer ce livre, ça me tenait à cœur. Je me suis renseignée un peu, et j’ai compris qu’il me faudrait environ 14 000€ pour atteindre cet objectif.
Honnêtement, je pensais que demander plus de 10 000€ serait mal perçu. C’est pour ça que j’ai demandé 9 000€, je pouvais toujours mettre au bout de ma poche en faisant un crédit, au pire.
Ça peut sembler un peu dingue, d’autant que j’avais des propositions d’éditeurs. Mais la rémunération proposée aujourd’hui n’est plus possible, plus viable. Beaucoup d’auteurs vivent d’autres boulots en parallèle. Pas mal ont dû carrément arrêter, récemment. Je me suis dis que c’était un bon risque à prendre.

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BDE : Est-ce que tu voies dans cette voie de financement une nouvelle direction pour les publications de BD ?
L : Oui absolument ! Cette levée de fond m’a ouvert les yeux sur le fait que la communauté des lecteurs est vraiment présente, et qu’elle est prête à supporter les auteurs.
Ça peut paraître évident, mais quand il y a un éditeur entre l’auteur et le lecteur, on a du mal à s’en rendre compte… On ne peut que se baser sur le revenu, comme un auteur gagne en général moins d’un euro par livre vendu (une fois les avances sur droits remboursées, donc à partir de 20 000 exemplaires vendus, ce qui n’arrive pratiquement jamais), il est souvent assez faible.
Ici aux États-Unis, les livres édités rapportent également assez peu aux auteurs à ce que j’ai pu comprendre.
Mais ils donnent de la notoriété, et les artistes vivent de ce qu’ils vendent dans les Comics Conventions (dédicaces payantes, art books, etc.).

BDE : Bien évidemment, avec ce succès, des bruits courent comme quoi des maisons d’éditions t’auraient contactée. De nouvelles perspectives BD pour toi ?
L : J’ai été contactée pour Comme Convenu. Mais c’était le projet idéal pour tenter l’auto-édition, j’ai décliné les offres pour cette raison.
J’ai quelques projets en tête, en plus du deuxième (et dernier) tome de Comme Convenu. Mais par rapport aux maisons d’éditions, je vais attendre d’avoir des retour sur ce premier livre auto-édité. Je fais de mon mieux pour que l’objet soit de très bonne qualité, si les lecteurs aiment, je recommencerai certainement (si je le peux).

BDE : Une telle somme est énorme dans le milieu de la BD, notamment pour une aventure d’auto-édition. Avec un tel résultat, est-ce que tu imagines lancer d’autres projets en crowfunding, notamment du totalement inédit ?
L : Je suis 100% concentrée sur ce projet actuellement, je veux donner le meilleur aux contributeurs. Je ne vais certainement pas pouvoir penser à autre chose avant janvier 2016. Mais oui, je pense que je me poserai la question. Le crowdfunding n’étant pas une finalité, il ne doit pas être la motivation pour un projet, c’est un moyen de le rendre réalisable une fois qu’il est bien ficelé.

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BDE : Le revers de la médaille est que ton agenda va vite être chargé : honorer les commandes, gérer les contributions, penser aux tracasseries administratives, notamment fiscales,… Pas trop effrayée de la suite ?
L : Oui, la suite m’effraie un peu, je ne sais pas s’il y aura de mauvaises surprises.
J’ai fait en sorte de limiter les risques en trouvant les bonnes personnes pour m’entourer avant de lancer le projet sur Ulule. J’ai un très bon imprimeur, très réactif et compréhensif, un bon distributeur, et un sympathique comptable. Je vais noter toutes les autres difficultés que je rencontre pour pouvoir aider d’autres auteurs à franchir le pas. :)

BDE : On te remercie et on te rend vite à tes lecteurs… Merci encore ! Objectif 200 000 € maintenant !
L : Merci à vous!

Interview réalisée par Anthony Roux le 19 octobre 2015
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