Spider-Man 2 (PS2/X-Box/Gamecube - 2004)

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

On sera tous d'accord, le seul film Spider-Man qui reste parfait même maintenant est le second volet de Sam Raimi. Un méchant parfait, une intrigue sympathique et des effets spéciaux incroyables pour l'époque, le film a marqué le genre. Et son adaptation officielle, alors ?

Pour faire un bon film sur Spidey, la recette est difficile. J'ai personnellement détesté le premier et le dernier par Sam Raimi ( sans rire, Venom...), mais le second volet a une place particulière dans mon cœur. Peut-être que j'avais le bon âge à la sortie, peut-être qu'Alfred Molina a beaucoup trop la classe, peut-être que rendre Octopus impressionnant était un sacré pari, mais j'aime ce film plus que beaucoup d'adaptations modernes de comics. Étonnamment, alors qu'en général les adaptations de films en jeux-vidéo sont catastrophiques, celle sur Spider-Man 2 n'est... pas très bonne, mais je l'aime aussi.

Pourquoi ? Parce que c'est un jeu dont je suis tombé amoureux pour une seule et bonne raison : on joue Spidey, on va vite entre les buildings, on fait des sauts de 300 mètres de haut et on se rattrape à la dernière seconde. C'est tout ? C'est déjà pas mal.

Le jeu propose donc de revivre la trame du film, en y ajoutant énormément de choses. Ainsi, en plus de retrouver Octopus et les scènes clés du film (la bataille sur le train, la fin avec le mini-soleil), les développeurs se sont fait plaisir en proposant d'autres méchants, comme Mysterio (qu'on attend toujours au cinéma), Le Rhino (qu'on attend toujours au - ah non on l'a eu lui), Shocker, ou la Chatte Noire. À côté de ça, il y a une tonne de missions annexes, comme tabasser des gangsters, arrêter une voiture qui roule trop vite (?), livrer des pizzas (??), ou rattraper les ballons que des gamins laissent partir (???). La trame principale est longue, et les quêtes annexes sont interminables.

En plus de n'être pas très beau (les textures sont vraiment sales, les visages pitoyables et les animations des ennemis rigides au possible), le jeu se permet d'être un concentré de ce qui ne va pas avec les adaptations de film. On a l'impression qu'il a été fini en urgence, et ce sur plein d'aspects du jeu : la caméra est une calamité (le combat contre Mysterio va vous faire casser trois manettes), les missions annexes sont inutiles, et dès que le jeu passe dans un espace réduit (un intérieur par exemple), on peste devant tant de ratés sur la maniabilité. A des années lumières des combats fluides que proposeront les jeux Batman bien après (même si le système de Spider-Sense est plus ou moins précurseurs de ce qui sera mis en place sur les jeux Arkham), les combats sont souvent l'occasion de massacrer le bouton d'attaque sans subtilité, avant de se faire rouler dessus par les méchas géants de la fin du jeu, véritables calamités.

Les doublages sont un peu ridicules (malgré la présence des grands acteurs du film ou de leurs doubleurs), certaines missions font de la peine (le 659ème gamin qui laissera s'enfuir son ballon en cinq minutes va vous faire pleurer), mais j'ai fini deux fois ce jeu, et j'ai passé un nombre d'heures phénoménal dessus. Pourquoi ?

Parce que c'est un jeu sur Spidey, et que j'aime Spidey, et qu'on me propose de faire ce que j'ai toujours voulu faire : me balancer dans New-York à toute vitesse, faire des acrobaties, me rattraper sur un mur, repartir, faire quinze saltos, et atterrir avec classe au sol. C'est tout. Il faudra bien sûr améliorer les capacités de son Spidey avant de devenir surpuissant (de nouveaux combos, des aptitudes supplémentaires, plus de vitesse dans les déplacements), mais après quelques heures, on prend son pied. La vidéo ci-dessous est un extrait du jeu après de nombreuses heures de jeu donc il pourrait y avoir des spoilers, mais ça donne une bonne idée du gameplay.

Entoiler un malfrat et le lancer du haut d'un building, grimper sur le plus haut bâtiment du jeu et se jeter en salto en bas, enchaîner les acrobaties, tout ça contribue au succès du jeu. Bien vite, on se contente de faire les missions juste pour engranger des crédits qui permettront d'acheter de nouvelles aptitudes pour le Tisseur, et c'est déjà bien. Plus jeune, je passais plusieurs heures à aller chercher des secrets ou à me balancer, et c'est probablement pour ça que j'aime autant ce jeu, malgré tous ses défauts.

Spider-Man 2 est un vrai plaisir coupable, qui ne plaira pas à grand monde, parce qu'il fallait "être là" à la bonne époque et au bon âge pour l'apprécier. Mais même maintenant, je rebranche le GameCube, je passe trois heures à tabasser des gangsters mal modélisés, et à me jeter du haut de building pour me rattraper à quelques mètres du sol. Un jeu moche, mal foutu, mais jouissif.

Les captures d'écran de cet article sont tirées de cette vidéo, pour des soucis de clarté (parce que les images propres d'un jeu de 2004 ne courent pas les rues, étonnamment. Notez que la vidéo est issue de l'émulation, et que donc c'est un peu plus joli que ce qu'on avait à l'époque).