Re-Bonjour,
Me voilà avec une autre nouvelle à vous proposer. Je me suis cette fois inspirée de cette image-là :
Et de cette phrase « Tout a commencé quand quelqu’un a laissé la fenêtre ouverte »
Bonne lecture ;)
Tout a commencé quand quelqu’un a laissé la fenêtre ouverte. Ce quelqu’un, c’était moi. Un petit Peter court sur ses jambes qui jugeait le monde du haut de ses huit ans. Un petit bonhomme destiné à une grande carrière. Un futur homme d’affaires et un jeune homme de chiffres. Sauf que! Il y a toujours un « sauf que » dans une histoire, sinon, elles n’auraient pas lieu…
Le « sauf que » de mon histoire, c’était mon rêve, mon rêve qui n’était pas le bon. Je n’aurais dû vouloir qu’une seule chose : être riche. Au lieu de cela mes yeux brillaient lorsqu’on me racontait une histoire ou que je m’imaginai, yeux fermés, flotter dans un ciel, qu’il soit calme ou turbulent, illuminé ou plongé dans la noir. Et surtout, je devenais fou quand le vent glissait sur mon corps. Et cela, rien, ne pouvait le dompter!
Ce qui mit le feu aux poudres se déroula la veille de mon neuvième anniversaire. Mes parents avaient profité de mon absence pour retapisser ma chambre. Cela partait certainement d’une bonne intention mais si ils faisaient un minimum attention à moi, ils auraient su. Ils auraient su à quel point leur choix n’étais pas judicieux. Ils auraient su et, plus tard, je ne serais pas parti. Mais ils ne m’écoutaient jamais, ce qui nous tamène à mon histoire telle qu’elle s’est véritablement déroulée.
Je rentrai alors chez moi après la fin de ma journée de classe, mon cartable à la main. Je pénétrai dans la maison, embrassait « mère » et « père » (car c’est ainsi que je devais les nommer) et me rendit dans ma chambre pour réviser ma leçon de calcul, comme l’on attendait de moi. Mais je m’arrêtai net devant ma porte et tombai mon cartable de stupéfaction. Mes parents accoururent, si fiers d’eux et de leur idée qu’ils jugeaient merveilleuse. Une larme glissa sur ma joue. Ils pensèrent que je pleurai de joie. Ils avaient tort. C’était une larme crée à partir d’une couleur sourde et du sentiment d’impuissance face à ce spectacle d’horreur. Ils avaient osé m’offrir une tapisserie représentant des oiseux! Comment avait-on pu priver des oiseaux pleins de grâce et de légèreté de voler? Comment avait-on pu les coller sur une vulgaire tapisserie? Comment, comment, comment? Comment avait-on pu mais surtout, comment les sortir de leur prison de colle?
La solution apparut le lendemain matin, lorsque je remarquai qu’il en manquait un sur le mur. Un grand vide avait pris sa place. Et au milieu de ma vitre, figé, je vis l’oiseau de papier, si majestueux vêtu ainsi de ses belles plumes blanches. J’entrouvrai tendrement les paumes et il se décolla de la fenêtre pour venir se poser sur ma main gauche. Il était si léger, si fragile et en même temps, il me semblait si puissant car ses ailes faisaient rempart à l’air et le soulevait jusqu’aux nuages. J’en fus profondément ému. J’ouvris timidement la fenêtre et le laissai prendre son envol. J’étais heureux comme jamais auparavant. Ainsi il suffisait d’y croire…
Et j’y crus, jour après jour, je m’endormais, la fenêtre grande ouverte pour que le plus d’oiseaux possible s’échappent. Oui, je m’endormais paisible de savoir que je rendais leur liberté à toutes ces ailes qui planaient dans le ciel.
Mais au cours de cette neuvième année, mère arrêta peu à peu de me lire ces histoires que j’affectionnai tant. Peu à peu, on chercha à dompter ma soif de liberté à grands coups de calculs, de grammaire et d’orthographe, d’argent de poche, de costumes et de coups de règle. A grands coups d’Avenir avec un A majuscule. Et tout au long de cette année, je me refusai à laisser partir cette partie de moi. Sans elle, je ne serai plus qu’une ombre parmi toutes celles de ce monde. Une ombre riche, peut être, mais une ombre quand même. Et je continuais à croire.
Un soir, alors que j’étais censé être couché et endormi, je surpris mes parents en grande discussion sur mon avenir dans la chambre voisine. Je collai mon oreille au mur. La discussion avait à peu près cette allure :
-Il faut qu’il grandisse correctement mais il ne pourra pas le faire s’il reste près de nous! dit mère.
-Je sais, je sais, nous l’entretenons trop, il faut qu’il oubli ses contes de fée pour gamins et ses rêves de « liberté ». répondit père en appuyant fortement sur le mot « liberté ». Mais où l’envoyer? contina-t’il.
Je décrochai à ce moment, sonné. Ils voulaient m’empêcher de croire? Ils me voulaient serrés dans un costume-cravate et les pieds sous un bureaux? Ils voulaient… Ils voulaient… Je me perdais dans tout ce qu’ils voulaient, je ne savais plus. Mais je n’allais pas les laisser m’enlever ce qui faisait de moi… moi! Je m’approchai de la fenêtre. Un son de clochette me parvint du lointain, comme m’encourageant à m’envoler. J’enjambais le rebord. Un bref regard en arrière me rappela ma tapisserie. Elle était vide. Le dernier petit oiseau de papier voletait à mes côtés, m’incitant à réclamer ma liberté. Je posai le second pied sur le rebord de la fenêtre. Une légère brise vint se frotter contre mon corps, chargé de poussière dorée. Comme la poussière de fée, songeai-je. Je m’élançais, les bras grand ouvert vers le vide. J’y croyais, j’y crois. Je n’ai jamais su résister à l’appel du vent. La fenêtre claqua sur mon ancienne vie. L’ancienne vie de Peter. Pan!
FIN