Le temps passe, et rapidement. Nous voici déjà avec le troisième volume de la série Batman Eternal, joli fourre-tout capable de s'éparpiller dans de multiples pistes en même temps, quitte à en oublier l'essentiel. Cette fois nous retrouvons Killer Croc, cet assassin mi homme mi lézard, à l'occasion de la 5000 ème évasion de l'asile d'Arkham, dont la sécurité est risible compte tenu des incidents réguliers qui assaillent l'institut. Croc nous amène tout droit à un certain Dragos Ibanescu, alors qu'il tente de suivre la piste de la petite Jade qu'il recherche. Pleins feux aussi sur le commissaire Bard. Celui-ci est-il vraiment aussi intègre et droit que ses premiers pas le laissaient supposer? La question se pose alors que Batgirl tente toujours de faire sortir son père de prison, accusé à tort d'un drame dans le métro de Gotham, depuis les premières pages du tome 1. La jeune héroïne utilise des méthodes musclées pour obtenir des réponses... alors que Killer Croc finit par sauver la mise à une Catwoman qui s'était laissée piéger par Dragos. Le point positif de ce troisième tome, c'est que l'intrigue commence à s'éclaircir. On entrevoit une idée du grand plan général et les caractères et les ambitions se dessinent de façon plus précise. En fait, on peut considérer que les lecteurs qui ont perdu les deux premiers, avec un bon résumé de l'histoire, peuvent sans aucun problème prendre le train en marche et se laisser happer par le chaos ambiant; ils ne seront pas plus perdus que les autres... Le dessin est inégal avec des artistes successifs, pour assurer le rythme endiablé d'une sortie par semaine, mais la mention bien sera attribuée particulièrement à la noirceur réaliste de Jason Fabok, mais aussi à Javier Garron et Simon Coleby. Les architectes majeurs de Batman Eternal sont eux Snyder et Tynion IV, désormais des habitués du genre, aussi à l'aise à Gotham qu'un surfer sur une plage australienne. Dans le meme genre, mais en pire, vous pouvez aussi vous procurer le second tome de Futures End, qui est un concentré de tout ce qui peut se faire de pire au niveau de l'enchevetrement de pistes narratives. Au départ, nous suivons les aventures du Batman Beyond (Terry McGinnis) qui a remonté le temps pour tenter de neutraliser les progrès inexorables de l'Oeil, création de Batman et Mister Terrific, appelé à conquérir la Terre. Mais très vite les événements se démultiplient et le lecteur se perd dans un dédale de sous-trames qui mettent un temps fou pour devenir claires et lisibles. Nous avons affaire à un mystérieux Superman qui opère masqué, à des réfugiés en provenance de Earth 2, à Tim Drake qui garde profil bas et évolue sous l'identité cachée de Cal Corcoran et joue aux morts, ou encore à Grifter qui a été capturé par un groupe mystérieux qui entend exploiter ses pouvoirs tandis que les membres des agents du Shade, Frankenstein en tete, traquent les responsables de la fin tragique du groupe Stormwatch. Pour reconstituer les liens qui unissent ces pistes, pour dégager un ensemble cohérent de toutes ces velleités, il faut etre soit très doué ou se doter d'un tube d'aspirines pour remédier à l'invévitable migraine qui sera votre. C'est la ribambelle chez les artistes ( ici aussi le rythme n'est pas mensuel et il faut suivre...) avec entre autres Keith Giffen, Jeff Lemire, Brian Azzarello, Dan Jurgens, ou les beaux dessins de Patrick Zircher et Jesus Merino. Beaucoup de bonne volonté et d'effervescence au départ, mais une exploitation brouillonne qui déconcertera la plupart des lecteurs. A lire aussi :Futures End Tome 1