Comic Con Paris, un salon attendu… également au tournant.

Par Bdencre @bdencre


La Comic Con Paris devait être le grand rendez-vous autour des comics en France de l’année… Quittant la Japan Expo, la Comic Con a catapulté la bien plus modeste Paris Comics Expo à une autre date. Avant même d’avoir fait la moindre annonce, la billetterie était même déjà ouverte.

Alors, verdict ?

Les préventes ont bien fonctionné, trop bien fonctionné au point que certaines dates étaient complètes et de nombreux passionnés n’ont pas pu obtenir le précieux sésame. L’annulation, pour un cas de force majeure, de Maisie Williams (Arya Stark dans Game of Thrones), libéra quelques places revendues par des visiteurs qui souhaitaient la rencontrer ; mais pas assez pour contenter tout le monde. Espace trop petit ? Succès mal quantifié ? Un premier couac qui devra être réglé pour une prochaine édition.

Revenons sur place… Nous étions là le dimanche et première surprise : deux files d’attente. L’une pour le public à la journée, l’autre pour la presse, les personnes handicapées, les détenteurs de pass VIP. Cette deuxième file pouvait entrer quelques précieuses minutes plus tôt et résultat, les connaisseurs partirent en trombe pour rejoindre les files d’attente des distributions de tickets des invités vedettes, dont Frank Miller. Ce dernier doit même avoir un don et se faire canoniser au plus vite : il fait des miracles ! Deux personnes en fauteuil roulant à l’entrée se tenaient debout, en tête de file.
Et les autres visiteurs ? Entrés après et ne connaissant pas forcément ce système de tickets sur lequel il n’y a aucune communication, ils sont repartis bredouilles, non sans attendre malgré tout.
Malgré ce nouveau couac, relevons un point positif : là où d’autres salons obligent les visiteurs à payer une nouvelle fois pour ces signatures, elles sont ici gratuites, le support est même fourni. Certaines têtes d’affiche acceptent même les séances de photo improvisées (alors que des créneaux payants sont prévus), c’est le cas par exemple de Shawn Ashmore, l’Iceberg des X-Men.

Les files d’attente étaient même un problème récurrent car outre ce système de tickets géré par la Comic Con Paris, chaque stand avait ses propres pratiques, pas forcément très visibles non plus. Ainsi, les Humanos avaient distribué des tickets à l’ouverture et là où l’on pouvait penser que les auteurs étaient disponibles, il n’en était rien, les places étaient déjà parties ! D’autres stands ont opté pour la non-file d’attente. La séance de dédicaces d’Anaïs Delva (prêtant sa voix pour le doublage français et les chansons d’Elsa dans la Reine des Neiges) en est le parfait exemple ! Coincée entre une conférence puis une émission de web-radio, la jeune chanteuse ne pouvait pas rester trop longtemps sur cette séance de dédicaces mais l’absence de files d’attente a posé un sérieux problème : les enfants, principal public visé, devaient se faufiler (et heureusement que le staff du stand CanalSat veillait au grain pour qu’ils puissent passer) tandis que des adultes resquillaient.
Nous avons d’ailleurs échangé avec Laurent, un sympathique passionné, détenteur d’un pass trois jours, qui souhaitait rencontrer la chanteuse pour sa fille. Venant du Canada, il découvre ici son premier salon français et tempête contre l’organisation : tout est fait dans l’urgence, rien n’est géré ! Il nous explique qu’au Québec, le public est plus respectueux, qu’il n’y a pas de resquilleurs… En effet, on assiste même en direct de l’arrivée de nouvelles personnes, doublant purement et simplement ceux qui attendaient depuis un bon moment.
Laurent reproche notamment à l’organisation de ne pas avoir laissé de réels avantages aux détenteurs de pass VIP, pourtant bien plus chers. Certains VIP n’ont même pas réussi à obtenir la moindre signature.
Heureusement pour lui, une sympathique personne a réussi à faire signer une carte pour sa fille et Anaïs Delva a souhaité contenter au maximum son public en restant quelques minutes de plus.

Les cosplayers étaient de leur côté bel et bien et présents et se prêtaient bien volontiers au jeu des photographes. Nous avons rencontré à cette occasion Marie, jeune cosplayeuse de 18 ans (Nirel Cosplay sur Facebook), venue en Thor, version féminine.
Elle est toute nouvelle dans le cosplay (mars 2015), suite à la proposition d’un groupe et où elle a sauté sur l’occasion. Elle a déjà quelques salons à son actif : Geekopolis en Nain du Donjon de Naheulbeuk, Japan Expo en Jaina de World of Warcraft (WoW), Paris Manga en Démoniste de WoW également et enfin Thor. Elle nous apprend qu’elle travaille sur son prochain costume, Deathwing, encore dans l’univers de WoW.

Lectrice de comics, de BD franco-belges (Titeuf et Tintin en tête) et de mangas, elle nous apprend avoir choisi Thor car l’occasion était trop belle depuis qu’il est devenue une femme dans les comics.
Elle nous explique que ce costume, réalisé à la main, représente 70 heures de travail (réalisées sur une semaine de vacances) et un budget de 80€ environ en matières premières tels qu’un tapis de sol, des tissus divers,… Son Démoniste représente quant à lui plus de 300 heures de travail, pour un budget plus élevé (environ 150€). Ses cosplays sont réalisés grâce aux conseils d’autres cosplayers et des recherches d’images.
Quand on lui demande ce qu’elle pense du salon, elle nous précise qu’elle n’a pas encore eu le temps de faire tout le tour mais regrette le manque de place, le peu de comics et d’animations. Un avis qui est partagé par les nombreux retours sur le salon.

D’ailleurs, parlons un peu des animations. Elles étaient en effet peu nombreuses donc très prisées. En revanche, elles étaient gratuites et animées par un staff toujours très sympathique, malgré l’affluence : chez CanalSat, la possibilité d’être photographié sur le Trône de Fer, de répondre à des quiz avec des cadeaux à la clé, de participer à un tirage au sort (100% gagnant), à l’espace Jurassic World, on pouvait être pris en photo avec un raptor, tout comme pour le lancement du film de Snoopy (le raptor en moins, le chien en plus). Sur un autre espace, il était possible de se faire maquiller.
Il y avait aussi plusieurs conférences, toujours faisant salle comble.
Le public pouvait même suivre une initiation au maniement du sabre laser et découvrir par la même occasion qu’il existait des clubs dédiés, dans une approche sportive de la discipline, avec un réel encadrement.

Et les auteurs dans tout ça ? Les comics ?
Et bien curieusement, ils ne sont pas les plus présents ni les plus mis en valeur. Les auteurs sont répartis sur différents espaces : d’un côté, les « stars », accessibles sur tickets, d’un autre, ceux qui viennent avec une maison d’éditions qui a un stand, enfin, ceux qui viennent par eux-mêmes, se réservant une table, moyennant finances (trois lieux étaient dédiés à ces auteurs). Paradoxe supplémentaire : les auteurs n’avaient pas leurs albums avec eux quand ils venaient comme ça en solo, aucun espace librairie n’était prévu, il fallait donc soit venir avec son propre album (et donc bien anticiper sur le programme), soit opter pour le système de commission (une dédicace vraiment soignée et payante).
On a eu également la bonne surprise de croiser Ronan Toulhoat, de retour de Saint-Malo, venu signer les affiches dont il a réalisé le visuel. Une belle opportunité pour ce dessinateur bourré de talent !

Le reste du salon était composé de nombreuses boutiques, allant des boissons énergisantes Superman aux habituels mugs, figurines, peluches. Quelques stands étaient plus surprenants par rapport à la thématique : vendeurs de katanas ou stand Hello Kitty, pour ne citer qu’eux.

Alors finalement, quel bilan tirer de cette convention ?
Elle a eu son lot de déçus et d’insatisfaits. Elle a connu plusieurs ratés qui devront vraiment être réglés pour une prochaine édition, sous peine de perdre son public. Il est d’autant plus étonnant qu’elle n’est pas organisée par une petite association découvrant le monde de l’événementiel mais par une société spécialisée dans ce domaine, Reed Expositions, ayant à son actif le Salon du Livre de Paris ou la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain).
De notre côté, nous avons passé un bon moment et souhaitons vraiment que les retours soient pris en compte pour rectifier le tir.

Anthony Roux
Crédits photos : Anthony Roux

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