Mudwoman

Par Entre Les Pages @EntreLesPages

Mudwoman est une lecture commune avec Céline du blog Mon Univers des Livres. Son avis.

M.R, alias Meredith Ruth, a été la victime d’une mère démente qui a tenté de la noyer dans les marais de l’Adirondacks quand elle était petite. Sauvée par un étrange jeune homme et adoptée par un couple de Quakers aimants, M.R. est aujourd’hui, la première femme à qui on a confié la présidence d’une université. Le jour où elle doit faire un discours devant mille cinq cent personnes dans la région où elle a jadis failli mourir, elle « disparaît » quelques heures dans cette région que sa mémoire connaît et revient au monde différente. En effet, elle est désormais en possession de son histoire. Car ce que dit ou redit principalement Joyce Carol Oates dans Mudwoman, c’est que peu importe ce que l’homme fait, peu importe la distance qu’il parcourt, il ne peut échapper à son passé.

M.R., vrai bourreau de travail, a une place inédite pour une femme mais s’oppose à certaines pratiques de l’université et veut réformer celle-ci. Elle veut être proche des étudiants mais ne peut empêcher une tentative de suicide de l’un d’entre eux. Les États-Unis s’apprête à entrer en guerre contre l’Iraq et son amant toujours secret est en plus de cela vieillissant. Pas étonnant que cette femme ne puisse plus faire bonne figure et perde les pédales. Rongée au quotidien, recouverte de boue au quotidien, Meredith perd parfois le sens des réalités.

« Il devient nécessaire de croire à l’impossible. Parce que le simplement possible est insuffisant. »

Le lecteur fait d’ailleurs lui aussi l’expérience de ne pas savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ces moments sont sûrement les meilleurs, les plus forts du roman avec les chapitres qui se concentrent sur Meredith enfant et jeune fille. Certaines longueurs, en général axées sur l’université, empêchent parfois de retrouver le cœur de sa quête identitaire mais ce thriller psychologique inspiré par un rêve que l’auteur a choisi de remettre dans un contexte captive jusqu’à sa dernière page qui propose une dernière épreuve à M.R.. Mudwoman contient également la disparition d’une petite fille ou une grande maison terrifiante parmi les ingrédients du genre, beaucoup de symboles mais surtout beaucoup de Oates qui a perdu son époux lors de cette écriture que beaucoup s’accordent à dire différente de son travail habituel. L’intrigue ne se déroule pas de manière linéaire et chaque chapitre est donc aussi précieux qu’intense. Un énième grand roman d’une grande dame.

« Nous devons nous donner naissance à nous-mêmes. »

 

« L’avenir n’a pas à être une répétition du passé. »

Présentation de l’éditeur :
Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith « M.R. » Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle. Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d’une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l’a proclamé la critique, « un géant parmi les grands romans de Oates ».

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