Les Fauves d’Ingrid Desjours

Par Caroline @Lounapil

Publié aux éditions Robert Laffont,

" Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! " À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa.Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont qui m'ont permis de découvrir ce thriller de la toute nouvelle collection " La Bête noire ". Je me suis régalée avec ce titre, ça promet donc pour la suite des parutions... Les Fauves c'est le récit de deux écorchés vifs. Il y a d'abord Haiko, jeune femme d'une trentaine d'années. Elle a monté son ONG pour lutter contre le recrutement de jeunes par l'État islamique. Son job est de repérer les jeunes qui se radicalisent, de les kidnapper avec l'accord de leur parents avant qu'ils ne partent pour la Syrie afin de les désintoxiquer. Le roman démarre sur les chapeaux de roues puisque Haiko vient à peine de finir de se disputer avec sa collègue Nadia, quand celle-ci est abattue à la mitraillette, dans la rue. On en veut clairement à on organisation. En outre, une fatwa pèse sur la jeune femme. Elle décide alors d'engager un garde du corps du nom de Lars. Lars est le second personnage du roman. C'est un ancien militaire qui revient traumatisé de la guerre en Afghanistan. Comme il le dit lui-même, les blessures externes ont été soignées mais à l'intérieur, c'est le chaos. D'ailleurs Lars boit trop, se drogue aux amphétamines, se bat le soir dans des combats de rue pour exorciser son mal-être, sa peine. Lars et Haiko vont devoir se supporter l'un l'autre. Il faut dire que Haiko est un personnage tête à claque qu'on aime détester. Elle fanfaronne beaucoup et a l'air de se réjouir de cette fatwa. Elle aime être au centre de l'attention au grand dam de Lars qui tente par tous les moyens de la protéger. On s'apercevra cependant qu'elle aussi traîne un lourd passé. Quand à Lars, il fait parfois un peu too much avec ses tatouages, sa moto et sa testostérone à gogo mais on se plaît à l'apprécier. Au-delà de personnages hauts en couleurs et au passé trouble, Ingrid Desjours s'attaque en plus à un sujet sensible. Elle place ses événements un peu avant et un peu après les attaques du 7 janvier 2015. Elle nous laisse entrevoir une facette de la radicalisation chez les jeunes et c'est tout simplement glaçant. Elle mêle l'expérience de Lars, ses souvenirs de guerre à l'intrigue principale pour mieux nous happer. Ses personnages sont forts, égoïstes, abîmés par la vie. Jamais l'auteur ne les laisse en paix. Le roman va à cent à l'heure et il est difficile de résister à l'envie de tourner les pages une fois les chapitre en cours terminé. En outre, Haiko, qui paraît si engagée dans sa noble cause, ne semble pas claire aux yeux de la justice. Lars va alors enquêter sur le devenir de ces jeunes qui sont déradicalisés par Haiko.
C'est un sans faute pour moi: aucune longueur, des personnages forts qui marquent et qui me hantent encore et une fin vraiment époustouflante. Les Fauves est un thriller brillant et déroutant, une claque. Lisez-le! Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

L'auteur pose d'ailleurs de bonnes questions auxquelles elle n'apporte pas forcément de réponses. Comment lutter contre le radicalisme? Comment faire comprendre aux jeunes embrigadés que la guerre n'est pas un jeu vidéo? Elle nous livre des informations qui m'ont glacée les veines et qui permettent de réaliser à quel point certains jeunes, sans repères, sont prêts à croire n'importe quoi. Son personnage, Lars, en fera d'ailleurs les frais.