Scott Snyder continue sa réécriture du mythe Batman, en apportant de grands changements pour Gotham. Qu'on aime ou pas, il crée une histoire qui marquera à jamais le Chevalier Noir, en bien ou en mal. Lecteur VF, passe ton chemin, on spoil la fin d' Endgame.
Snyder a des ambitions certaines pour le personnage de Batman, et il n'hésite pas à chambouler l'univers : adieu Bruce Wayne, et place au Commissaire Gordon, nouveau porteur du costume. Costume un peu revisité, puisqu'il inclut un robot géant, et de nouveaux gadgets... On avait laissé ce Batman, qui enquêtait sur le monstrueux Mister Bloom, coincé dans un four géant, sur le point de brûler vivant. Pas de surprise, il s'en sort, et Snyder commence alors à lancer son numéro...
Les scènes d'introduction et de conclusion représentent la moitié du numéro, et sont essentiellement constituées d'action. Si le talent de Greg Capullo n'est plus à démontrer dans ces passages là, il faut bien reconnaître que pour l'instant, Snyder ne fait pas avancer son intrigue ici. Du coup, j'ai trouvé qu'il y avait un problème de rythme dans ce numéro, vu que l'action encadre des dialogues écrasants et trop longs, même pour Snyder. Si les combats sont irréprochables grâce à la collaboration entre le dessinateur et son auteur, il reste quand même un milieu écrasant et lourd.
On suit le parcours de Bruce Wayne, qui a eu sa mémoire effacée, et Gordon, nouveau super-soldat de Gotham. La partie sur Gordon est probablement le moment le moins réussi du numéro, vu qu'il ne mène à rien. On ouvre sur deux pages d'explications scientifiques en plein dans la science-fiction, et on change complètement de sujet en l'espace d'une seule case. J'ai peur que les thèses apportées ici servent de Deus Ex Machina pour la suite de l'arc, et que ces quelques pages bien lourdes servent juste à amener une conclusion encore une fois absurde, comme Snyder en a souvent l'habitude (je n'ai toujours pas pardonné Death of the Family).
Par contre, le passage sur Bruce Wayne est beaucoup plus réussi, parce qu'il se pose une question simple : que serait devenu l'enfant s'il n'avait pas souffert, si ses parents n'étaient pas morts, et s'il avait eu une belle vie. Le regard de ce "Nouveau Bruce" sur le monstre de douleur qu'il était avant est aussi touchant qu'intéressant, et prouve bien qu'être Batman, c'est souffrir. C'est un passage bienvenu, qui illumine et assombrit en même temps le "Vieux Bruce". C'est malin de la part de l'auteur, et ça donne une justification à la saga.
Sans trop de surprise, Batman reviendra dans cinq mois pour le numéro 50 et la sortie du film (sinon, Noisybear vous invite tous au restaurant... [Ou pas - Note de Noisybear]), et j'ai l'impression que Snyder profite de ces derniers instants de pleine liberté créatrice pour définir le personnage dans une histoire "définitive". L'action est lente, il ne s'est pas passé grand chose depuis le début de l'arc, mais on a eu beaucoup d'analyse et d'introspection de la part de Bruce et de Gordon. Les deux remettent en cause leur(s) place(s) dans la ville, et on sent bien tout l'amour qu'a l'auteur pour la mythologie. ll se sert de ce que des dizaines d'auteurs ont fait avant lui, et s'il est un peu maladroit par endroits, il s'en sort bien, et fait une pause bienvenue dans le titre.
Quant à la continuité, Noisybear râlera (comme à son habitude [Ou pas - Note de Noisybear]), mais elle n'est pas respectée. Il est possible qu'on sache dans quelques mois où tout ça se situe, mais il faut être franc : on s'en fiche. Ce n'est pas le but du titre, Snyder ne réinvente pas l'eau chaude, mais il fait quelque chose qui me parle parce que j'aime Batman : il écrit son amour pour le personnage, et il nous explique ce qu'il est.
Quand en plus il est épaulé par un monstre comme Capullo, tout va bien. Comme à chaque fois, je ne vais pas tarir d'éloges pour le monsieur, qui soigne chaque page, se défonce sur les petits détails et les idées visuelles, mais je vais en profiter pour féliciter l'encreur Danny Miki et le coloriste Fco Plascencia, qui subliment les crayonnés de l'artiste. Bloom est terrifiant, peut-être autant que le Joker en son temps, et voir Batman se battre contre un petit requin, c'est fun.
Batman #45
DC Comics * Par Scott Snyder & Greg Capullo * $3.99
C'est maladroit, pas toujours bien fichu, et un peu trop long, mais on mettra ça sur le fait que ce numéro est probablement celui qui sert de milieu d'arc. Snyder écrit une histoire intéressante, et plus qu'elle ne le laissait penser à la base.