Fablehaven est un cycle que j’ai découvert en 2013 et que j’ai décidé de relire il y a peu. Je voulais faire un article dessus, car j’avais vraiment beaucoup aimé à ma première lecture. Malheureusement, j’ai une mémoire de poisson rouge en ce qui concerne mes lectures… C’est un peu bête parce que du coup, si je n’écris pas de suite un résumé et mon ressenti, je suis incapable d’en parler quelques mois après. Mais cela a aussi des bons côtés car je peux relire un livre plusieurs fois et avoir soit le plaisir de me souvenir au fur et à mesure, soit le plaisir de redécouvrir des éléments.
Et c’est effectivement avec beaucoup de plaisir que j’ai relu le tome 1 de Fablehaven. Mettons tout d’abord les choses en ordre.
Kendra Sorenson, 13 ans, et son frère Seth, 11 ans, se voient forcés de passer plus de deux semaines des vacances d’été chez leurs grands-parents paternels, alors qu’ils ne les connaissent quasiment pas. Leurs parents partent pour une croisière et ne peuvent les emmener. C’est à reculons que les deux enfants se rendent dans la ferme perdue au milieu de nulle part de leurs grands-parents.
Pourtant, une fois sur place, les lieux leur font grand effet. De magnifiques bâtiments, rustiques, mais impressionnants ; de splendides espaces verts avec une piscine, une cabane dans les arbres et une forêt à perte de vue ; et le clou du spectacle : le grenier est aménagé spécifiquement pour les enfants, avec autant de jeux qu’ils le souhaitent.
Leur séjour ne commence pas trop mal et ils prennent du bon temps, même si leur grand-mère est absente au début (pour une raison louche selon Kendra) et leur grand-père pas vraiment avenant. Ce dernier est peu présent et leur interdit d’aller en forêt ou dans certains bâtiments. Kendra est une fille très sage et ne cherche pas à enfreindre les règles de son grand-père. D’autant qu’il y a de quoi s’occuper l’esprit dans la ferme. Mais son petit frère n’est pas de cet avis. Une fois la piscine inaugurée, il décide de partir à l’aventure dans la forêt. Malheureusement, il n’y fait pas une rencontre des plus charmantes. Il découvre une vieille femme tapie dans une cabane. Celle-ci tente de l’amadouer, mais le garçon, même s’il est téméraire, n’est pas complètement idiot. Il revient donc vite sur ses pas.
Malheureusement, leur grand-père apprend cet écart de conduite et, pour les punir, les oblige à rester dans leur chambre toute une journée. Au début de leur séjour, il leur avait laissé trois clefs en leur disant qu’il fallait chercher les serrures correspondantes dans leur chambre. Lors de cette journée d’enfermement, le frère et la sœur cherchent les serrures et finissent par trouver les trois. Ils découvrent derrière trois autres clefs. Ces dernières ouvrent un livre caché dans la bibliothèque dans lequel figure une seule phrase : Buvez le lait. Cette étrange indication intrigue Kendra. Le livre parle-t-il des bols de lait qui sont déposés chaque matin à l’orée de la forêt et dans lesquels des dizaines de papillons, oiseaux et abeilles viennent s’abreuver ? Kendra n’ose pas toucher au lait. Elle utilise la curiosité de Seth pour lui faire goûter. Le garçon se met alors à fabuler en disant à sa sœur qu’il voit des fées partout. Kendra, peu encline à le croire, goûte pourtant le lait, puisqu’il n’a pas l’air d’avoir fait de mal à Seth (à part le rendre un peu plus idiot qu’elle ne le trouve déjà). C’est alors que le monde merveilleux de Fablehaven s’ouvre à la jeune fille. Les insectes qui paraissent voler à travers la propriété tous les jours sont en réalité bien des fées, comme vient de le dire son petit frère.
Leur grand-père surprend cette scène et leur explique la situation. Il est très étonné que les enfants aient compris si vite le mystère des clefs, et en est même fier. Le vieil homme, Stan Sorenson, est en fait le gardien de cette réserve qui est un lieu secret, caché et sacré, regorgeant de créatures fabuleuses et fantastiques. Il donne aux enfants quelques détails sur sa vie au fil des jours qui suivent, notamment que les mortels ne perçoivent pas les créatures magiques s’ils ne boivent pas le lait spécial que les enfants ont goûté. Tous les matins, Seth et Kendra auront désormais droit à leur bol de chocolat chaud fait avec ce lait. Stan leur révèle aussi que la nuit de la Saint-Jean, qui approche à grands pas, les forces fantastiques qui peuplent Fablehaven se déchaînent et que ce jour-là les enfants devront resté enfermés.
Quand cette nuit arrive, le téméraire Seth enfreint bien évidemment une règle de son grand-père et des forces maléfiques s’introduisent dans la maison. Le lendemain matin, les enfants s’aperçoivent que leur grand-père, ainsi que deux de ses aides à la ferme, Dale et Lena, ont disparu. Kendra et Seth décident alors de partir à la recherche de ce petit monde, en s’aventurant seuls dans la forêt où ils seront confrontés à de nombreuses créatures fantastiques, plus ou moins bienveillantes.
On s’arrête là pour le résumé. Je vous rassure, j’ai sauté un bon nombre de détails dans ce petit résumé et celui-ci ne reflète de toute façon que la moitié du livre. Il vous reste donc plein de choses à découvrir pour ceux que cela tente.
Je me souviens que lors de ma première lecture, je me suis dit que cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre dans lequel j’étais autant transportée. Un livre dans lequel, rationnellement, beaucoup de choses étaient difficiles à croire, mais que la force d’écriture de l’auteur, l’enchaînement des actions et l’identification du lecteur par rapport à Kendra ou à Seth, rendaient le tout crédible et la lecture prenante, sans que l’on se pose de questions. L’auteur a su renouveler beaucoup d’éléments du genre fantastique, sans les vulgariser ou les rendre ridicules. On y croit parce qu’on se dit que si ça nous arrivait de la même façon, on se prendrait au jeu également, on aurait réagi de la même manière. Malgré le côté surnaturel, tout est tellement logique que l’on ne peut que rentrer pleinement dans ce monde magique.
Les actions s’enchaînent et quand on y réfléchit, il y a énormément d’évènements en très peu de pages. Mal écrit, on pourrait avoir l’impression que cela va trop vite et ça sonnerait faux. Mais tout prend sens grâce aux bonnes idées de l’auteur et à la fluidité de son écriture, qui se ressent évidemment dans la lecture.
La reconnaissance à travers les enfants et l’empathie que l’on ressent permettent aussi de rentrer pleinement dans le récit. C’est Kendra qui est le personnage principal, mais son frère est presque au même niveau, il peut tout à fait faire l’objet d’une identification et ainsi attirer une autre tranche de lecteurs. Je l’avoue, certains passages avec le garçon m’ont parfois titillée. Il est casse-cou et sa passion est d’enfreindre les règles. En gros, tous les drames qui arrivent dans le livre sont de sa faute. Et c’est parfois fait de façon tellement insistante que ça pourrait en gêner certains. Si on vous dit de ne pas aller dans tel endroit dangereux, je conçois que ça donne envie de s’y rendre surtout pour un petit garçon de 11 ans. Mais quand ça fait 45 fois que vous vous faites remonter les bretelles et qu’il vous est arrivé des trucs horribles (genre maléfice), vous faites ce qu’on vous dit ensuite, non ? Et bien Seth non. Mais bon, en même temps, s’il n’était pas si désobéissant, il ne se serait rien passé dans le livre. Et puis, au final, il comprend ses erreurs, culpabilise, demande pardon et se calme. Donc le tout reprend du sens et le petit garçon que je n’aimais pas au début, remonte dans mon estime.
Les autres personnages apportent également beaucoup à l’histoire. Que ce soit les grands-parents, les créatures maléfiques, les fées… Tous ont un rôle qui rend toujours plus prenant le récit et qui lui fait tenir sa logique.
Les décors et les lieux sont aussi très bien décrits. Ni trop peu, ni pas assez. Une de mes plus grandes difficultés quand je lis un livre, est de me représenter correctement un lieu. Si trop peu de détails sont donnés, mon cerveau ne crée qu’une partie de pièce ou de paysage, ce qui rend difficile l’évasion dans l’imagination. S’il y a trop de détails, je me perds et ne me représente pas une scène de façon fixe. Dans Fablehaven, les détails sont exactement à la bonne dose pour moi. Ma deuxième lecture m’a complètement surprise dans ce sens, car les scènes qui se sont formées dans mon esprit se sont trouvées être exactement les mêmes que lors de ma première lecture. Ce qui est un exploit pour moi.
D’ailleurs, l’idée de la réserve pour des créatures surnaturelles est très bien travaillée et très bien pensée. Des jeunes pourront même lui donner crédit au point de vouloir transposer ce système à la réalité. C’est vrai que dans les récits où le fantastique côtoie le monde mortel, sans que ce dernier s’aperçoive des éléments magiques, le tout est délicat à mettre en place. Ici, c’est très bien orchestré et des jeunes (ou des moins jeunes, soit dit en passant…) croyant à un monde fantastique parallèle, pourront facilement donner sens et réalité à celui-ci.
En plus de cet émerveillement pour le récit, j’ai eu un coup de cœur pour l’objet-livre lui-même. C’est d’ailleurs un peu pour ça que je l’avais acheté à l’époque. La couverture du livre est classique, mais très bien réalisée. On y trouve la sorcière de la forêt en plein milieu, entourée de planches de bois, comme pour représenter la cabane dans laquelle elle se trouve. Ça plonge donc de suite le lecteur dans le cœur du récit. Le fond brillant et les écritures de la même matière, mettent de la féerie dans l’ensemble. Mais le must, c’est la version que j’ai achetée. Le livre était glissé dans un coffret qui plonge encore plus le lecteur directement dans le récit. Sur un des côtés du coffret, qui est la représentation d’un tronc d’arbre entouré de feuillage, une porte est taillée. Quand on l’ouvre, on tombe sur la sorcière. Un petit frisson fait hésiter à sortir le livre du coffret…
Le marketing de ce cycle a d’ailleurs été bien fait, car un site Internet est entièrement dédié aux 5 tomes (oui il y en a 5, déjà tous écrits, en pas de 6 prévu). On y trouve des infos sur les personnages, l’auteur, les objets importants, les évènements des livres. Le concept du site est sympa. Quand les livres n’étaient pas encore tous sortis, un compte à rebours indiquait la date de parution de chacun. Depuis qu’ils sont tous sur le marché, le site n’est évidemment plus mis à jour, mais il reste actif et sympa à voir.
Après cette reconquête du tome 1, et ma séduction restée intacte, je suis prête à lire de nouveau les autres tomes ! Avec plusieurs articles à écrire par la suite !
Le récap’ :
Points positifs :
- Un récit haletant, prenant, auquel différentes catégories de lecteurs peuvent adhérer.
- Des éléments fantastiques et personnages dont le réalisme et la logique sont à toute épreuve.
- Les fondamentaux magiques sont retravaillés consciencieusement et font partie d’une découverte heureuse.
- Une cohérence de bout en bout qui plonge le lecteur dans l’aventure tout du long.
Point négatif :
- Seth risque d’être un personnage un peu rédhibitoire pour certains lecteurs, car trop désobéissant, sans suivre la logique du reste des éléments de l’histoire (au début du récit en tout cas).
Bonne lecture les loulous !