Parapluie

Par Lecteur34000

« Parapluie »

SELF Willy

(L’Olivier)

Le Lecteur fut maintes fois désorienté durant le long, le tumultueux parcours de ce qui n’est pas un roman. Qui pourrait cependant ressembler à un roman. Mais qui prend, au fil des pages, les apparences d’un objet littéraire non identifiable. Qui lui fit parfois penser à Joyce. Une œuvre touffue, d’une extrême densité, exigeante, contraignante aussi pour ce Lecteur qui dut reprendre son souffle, consulter ses notes avant de reprendre sa marche en avant, s’arrêter puis relire quelques pages.

Le sujet ? Audrey Death est internée depuis près d’un demi-siècle dans un hôpital psychiatrique. « Etat catatonique » ont décrété les spécialistes. Zachary Busner, psychiatre (déjà présent dans un précédent roman de Self ?) , décide de lui imposer un traitement d’un genre particulier : l’administration d’une drogue proche du LSD. La mémoire revient à la patiente, une mémoire décomposée, hors de toute chronologie cohérente, dont le psychiatre tentera de recomposer le puzzle. Du Londres des années de la Première Guerre Mondiale jusqu’à la Seconde au cours de laquelle disparurent ses deux frères. L’intensité des tumultes. Qui se répercute dans la vie des gens. Des grandes aux petites causes. Du labeur quotidien et des conditions précaires d’existence jusqu’aux fantasmagories idéologiques qui louvoient du socialisme jusqu’au féminisme et au pacifisme.

L’objet littéraire non identifiable a parfois fasciné et même enthousiasmé le Lecteur. Mais il l’a aussi souventes fois rebuté. Trop long. Trop démonstratif. Aux éparpillements difficiles à suivre. Si étranger à sa propre exigence, celle de se trouver un peu d’espace au cœur de l’œuvre, de s’inventer une possible parenté (ou, et à tout le moins, une certaine proximité) avec l’Ecrivain. Des réserves qui ne doivent cependant pas interdire à d’autres Explorateurs de tenter l’aventure dans des territoires littéraires jusqu’à ce jour si mal connus et si peu fréquentés.