La première impression que je me suis faite au sujet du titre consacré au Doctor Strange, ce sont ces belles planches de Chris Bachalo, offerte au peuple d'internet par la grâce des sempiternelles previews qu'on croise partout sur les forums spécialisés et les sites de news. C'était beau, fichtrement beau. Et puis le titre est sorti, et ça se confirme pleinement. Bachalo atteint de nouveaux sommets dans sa carrière, pour ce qui est de l'inventivité, la création, la folie douce qui explose de nombreuses pages. On lui pardonnera presque un manque de précision, d'application, dans plusieurs visages au second plan. Et puis parlons aussi de Jason Aaron. Le type a beaucoup de talent et partout où il passe ses prestations sont inventives et pertinentes. Ici il prend tout d'abord le temps de nous rappeler qui est le héros phare, ses origines, ses attributs, en quelques pages sympathiques et didactiques. Et puis on pénètre dans l'univers de la magie, le quotidien de Stephen Strange, fait de créatures venues d'autres plans dimensionnels (ici la sixième dimension) qui opère sur le notre, comme par exemple des sangsues psychiques. D'ailleurs toutes ces manifestations horrifiques sont probablement liées, et il se prépare en secret une menace redoutable, qu'un petit appendice en fin d'épisode nous définit plus clairement. Finalement nous pouvons remercier le cinéma, car c'est bien le film à venir qui a poussé Marvel a redonné une série régulière aux maîtres des arts mystiques, presque deux décennies après la dernière en date. Et qui explique cette coolitude assumée qui définit le personnage, certes capable de défaire toutes les menaces magiques et maléfiques qui se présentent, mais aussi de rester disponible pour le quidam moyen qui viendrait solliciter ses services, comme cela se produit dans ce numéro. Qui prend tout son temps pour remettre les choses à leur place, et y parvient en injectant aussi du neuf avec un humour décalé qui fait sourire (le bar où se rencontrent les rois du mystique Marvel). Bachalo, j'y reviens, étant le meilleur choix possible pour incarner le chaos ambiant, les monstres inimaginables et l'absence de règles physiques, dans un monde où les apparences sont trompeuses, et où notre mage préféré est un des rares à voir au delà de l'écorce, pour affronter l'indicible, l'invisible. Stephen Strange is back, avec tout pour plaire et emporter l'adhésion des indécis. Une série à placer d'emblée dans les must-have de cette fin d'année.A lire aussi :1980 et un calendrier vintage du Doctor Strange