Chronique « Superdupont, tome 1 – Renaissance »
Scénario de Gotlib et de Karim Belkrouf, dessin de François Boucq
Public conseillé : Adultes et adolescents
Style : Humour
Paru aux éditions « Dargaud », 11 septembre 2015, 68 pages couleur, 13,99 euros
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L’Histoire
Superdupont est de retour ! Mais il n’a pas chômé en 15 ans : le voilà sur le point d’être père ce qui s’avère ne pas être une mince affaire.
Ce que j’en pense
Tout vient à point à qui sait attendre… Donc voilà, les vacances, le travail, la vie, et le temps passe sans que l’on s’en aperçoive. Les chroniques ne se font pas toutes seules mais ça donne par ailleurs le temps de la réflexion. Parce qu’à la sortie de Superdupont Renaissance, j’ai pas mal gambergé : faut-il vraiment ressusciter, décliner, adapter, ou maintenir en vie les héros d’autrefois ? Toutes les tentatives ne sont pas des réussites et je garderai par devers moi un humble avis critique sur des personnages dont nous ne citerons pas les noms dans ces lignes, qu’ils soient gaulois, intellectuel prolixe bedonnant au funeste voisin, ou détective au nom sonnant comme un jeu de mot à la papa.
Superdupont a la chance de s’en sortir plutôt bien : Gotlib, l’un de ses supers-géniteurs, est à la barre, et il a embarqué dans l’aventure le super-duo Boucq-Belkrouf. Si deux Grands Prix d’Angoulême n’étaient pas parvenus à nous pondre un super-album, ou irions-nous ?
Notre super-héros bien d’chez nous n’a pas pris une ride. Fidèle à son béret et à ses charentaises, il nous offre en ouverture ses angoisses de père, tellement normales et humaines. D’emblée, gags visuels et textuels à la pelle, mélange de fantaisie surranée mais attachante (d’aucuns, plus modernes, diraient «old school») et de trouvailles délicieusement irrévérencieuses. Seul bémol, la petite séquence scato (peut-être une référence à l’humour US ?), mais là, j’exprime un (dé)goût très personnel.
L’album se découpe en deux parties : la naissance et l’éducation de super-bébé (un prix spécial pour la leçon «un super héros ne doit pas faire de favoritisme»), puis son enlèvement et la lutte contre le super-méchant, grassouillet Pape des Ténèbres en quête du evil-look ultime. Une perle celui-là, magnifique synthèse de méchanceté et de bêtise. Il pourrait presque faire de la politique, ou de la télé. Heureusement, les Superdupont père et fils sauveront la situation et le monde au passage.
Les aficionado de Boucq se régaleront de son traité « humoristique » qui diffère de son approche « dramatique » (de Bouncer à Little Tulip) par un trait plus flottant, ondoyant, mais toujours aussi contrôlé. Merci Maître.
Allez, vive la France, ses nobles valeurs et son savoir-faire !