La Morsure De Lucius, K-lee Klein

Par Sevxilian

J’ai gagné La Morsure De Lucius lors d’un concours en ligne des éditions Reines Beaux, dont le blog Grimoire renard amour et carpates était partenaire.

La couverture, que vous pouvez admirer ci-contre, ne laissait pas du tout présager d’un type de roman que je lis d’habitude, qui sont plutôt « sérieux » (ou chiants, comme en diraient d’autres).

On dirait plutôt un Harlequin, avec ce beau jeune homme musclé et sa moue boudeuse. Bref, je me suis dit « pourquoi pas, ça changera un peu », d’autant que je n’avais pas lu d’Harlequin depuis mon adolescence.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai été très surprise, et que je ne regrette pas du tout ma participation à ce concours!


Résumé: Lucius est un jeune loup-garou qui se prépare à Yule (la version païenne de Noël) avec sa famille d’adoption: Ali, un sorcier qui l’a recueilli, et ses deux frères adoptifs, Kristof et Manny. La particularité de ce foyer magique, c’est qu’ils sont tous gay. Le soir de Yule, des invités humains arrivent. Et l’un d’entre eux, Nicu, va provoquer des drôles de réactions chez Lucius…


En bref: Un genre que je n’avais jamais expérimenté auparavant! La romance gay fantastique érotique. Ouais. L’histoire est toute jolie, les personnages bien travaillés, et la traduction est impeccable. Pas du tout ce à quoi je m’attendais, une vraie bonne surprise!


Petite note: ce roman a pour sujet une histoire d’amour entre hommes, et contient des scènes de sexe très explicites. Si cela vous gêne, je prie de ne pas lire la suite et de vous dispenser de tout commentaire. Les avis divergeants sont bienvenus, tant qu’ils sont exprimés de manière respectueuse.


L’histoire (Attention! Spoilers): Lucius est un loup-garou de presque 25 ans. Rejeté par sa meute à la suite de la mort mystérieuse de son père, un alpha, il a connu pas mal de galères, pendant lesquelles il a rencontré son frère de coeur, Manny. Ce dernier est un puma-garou. Lucius est aussi brun, sarcastique et buté que Manny est blond et candide. Manny a été sévèrement passé à tabac avant sa rencontre avec Lucius, ce qui lui a laissé quelques séquelles (son odorat est notamment moins développé qu’un puma « normal »).

Ils ont été tiré du pétrin par Ali, un sorcier à la longue chevelure rousse hyper classe, qui fait office de figure paternelle. Pour venir compléter cette joyeuse troupe, Kristof, qui se change, lui, en ours, est venu rejoindre cette famille. Petite particularité, tous ses membres préfèrent les hommes (au sens « mâle » du terme).

Dans le chalet qu’ils occupent, en retrait d’une ville canadienne, les quatre hommes se préparent à fêter Yule (Noël païen). Ali et Manny ont des amants humains, qui ont été invités pour l’occasion. Lucius n’est pas très content, il n’aime pas les humains (car les humains les rejettent et puent!), mais promet de faire un effort. Par contre, il n’apprécie pas trop qu’Ali ait invité un autre humain pour lui.

Lorsque les invités arrivent, Lucius sent une odeur délicieuse, mais est pris de vertiges et s’évanouit. Lorsqu’il revient à lui, il se sent mal, oppressé, mais quelqu’un lui touche l’épaule et lui propose sont aide. Surement un foutu humain! Mais le contact de cette main lui apporte apaisement et détente; et le propriétaire de ladite main, en se penchant sur Lucius pour l’aider, ne peut s’empêcher de l’embrasser! Et quel baiser…

Nicu (prononcer « Nico », sinon ça sonne vraiment bizarre! et de toute façon c’est la bonne prononciation en roumain) est un très, TRES beau jeune homme aux yeux cuivrés et aux cheveux en dreadlocks. Plus un corps de rêve, bien sûr.

A chaque fois que Nicu le touche, Lucius fait un malaise. Il sent en même temps plein de choses, des sentiments qui s’éveillent, lui qui s’est toujours targué d’être auto-suffisant et de n’avoir besoin que de plans cul. Bref, il est tout dérouté.

Nicu l’adore, le vénère. Nicu a un secret: il est le compagnon spirituel de Lucius, ce qui veut dire que son destin – vivre ou mourir – dépendra du fait que Lucius l’accepte et le « marque » pour le faire sien. Il mourra le jour de son 25è anniversaire (le 1er janvier) si Lucius ne l’a pas « marqué », mais il lui est interdit de révéler à Lucius sa destiné si ce dernier choisit de ne pas le faire.

Nicu va devoir apprivoiser Lucius, qui se sent tout chamboulé, et les deux tourtereaux ne peuvent s’empêcher de se jeter l’un sur l’autre dès qu’ils sont proches.

Le désir qui ravage Lucius est incompréhensible pour ce dernier, car il est mêlé à quelque chose de nouveau: des émotions. En plus de ça, comme ils sont liés par le destin, Nicu peut « voir » ce qui se passe dans la tête de son adoré. Bref, c’est chelou, cette histoire.

Pendant que Lucius a des états d’âme, la santé de Nicu se détériore très rapidement. Il s’affaiblit de plus en plus à l’approche de la date fatidique (rappelez vous qu’il est arrivé à Noël, et qu’il a jusqu’au 1er janvier pour faire en sorte que Lucius ne le morde. Tic tac!). Voyant son amant dépérir, Lucius est mis au pied du mur et accepte ses sentiments. Il accepte que c’est plus qu’un plan cul, qu’il y a quelque chose de plus fort entre lui et Nicu…

Cependant, Lucius est aussi un peu schizo, dans le sens ou deux entités l’habitent: sa version humaine et sa version loup. Et le loup en lui réclame de mordre Nicu, ce que Lucius ne veut pas faire. Il ne veut pas faire de mal à son chéri déjà si faible ( sauf qu’il ne sait pas que c’est ce qui le sauverait, mais c’est parce que c’est interdit par les règles. Rah làlà!).

Nicu finit par tomber dans le coma. Drâme. Lucius ne sait plus quoi faire. Il fait un rêve dans lequel il voit son père, qui lui explique qu’il avait lui aussi un compagnon spirituel. Malheureusement, son père a rejeté son compagnon. Ce dernier, pour ne pas mourir, a dû tuer le père de Lucius. Dans le rêve, le père de Lucius lui demande de ne pas faire la même erreur, mais d’accepter l’amour de son compganon spirituel, car à deux ils seront plus forts.

La lumière est donc faite sur la mort du paternel, mais Lucius ne sait toujours pas comment, en pratique, il doit faire. C’est Ali qui lui expliquera qu’il doit mêler son sang à celui de Nicu.

Tremblant mais confiant, Lucius essaie pour la première fois de sa vie de se transformer à moitié: toujours sous forme humaine, mais avec ses crocs acérés, il mord Nicu, et se taillade la main. Mêlant leurs sangs, il voit Nicu reprendre des couleurs et revenir à la vie.

Tout est bien qui finit bien, sauf que Nicu, qui n’était auparavant que douceur, a hérité du caractère de cochon de son chéri!


Mon avis: Comme je l’ai dit plus haut, ce fut une grosse surprise! Je m’attendais à une romance (rapport à l’illustration toute en pecs et en abdos), mais pas gay, et encore moins fantastique! Je ne savais même pas que ce genre existait. Mais voilà qui est réparé, et mon instruction faite en la matière. Ignorante que j’étais ;) En jetant un oeil au site de l’éditeur, je m’apperçois qu’il s’agit d’un éditeur spécialisé dans la romance en tout genre, promouvant le respect de l’autre. Super!

C’est un livre agréable et drôle à lire. Il se lit très vite.

Tout d’abord, big up à l’équipe de traduction. Pendant un long moment, j’ai cru que le roman avait été écrit par un auteur français. si, si. C’est pour vous dire.

Mais quelques détails m’ont mis la puce à l’oreille lors de ma lecture: le gitan qui s’exprime en anglais avec un léger accent – même si, Ok, l’histoire se passe au Canada, donc ça aurait pu être un auteur français fan du Canada?

Pas Québecois en tout cas, car il n’y avait aucune tournure de phrase québécoise. Et puis quand Nicu dit des mots doux en roumain à Lucius, celui-ci traduit phonétiquement avec des mots anglais.

C’est en regardant la biographie de l’auteure que je me suis rendue compte que le livre avait été traduit de l’anglais au français. Et ça ne se sent pas! en tant que traductrice, je peux vous dire que cela relève de l’exploit. on « sent » toujours la langue originelle sous la traduction, ce n’est pas facile de s’en détacher. Pas là. Chapeau.

L’histoire est toute mimi, ça tourne presque au conte de fées. Les protagonistes sont hauts en couleurs sans tomber dans le cliché ou le ridicule. L’univers mis en place par l’auteur est convaincant parce qu’il est crédible.

A part le côté métamorphe et sorcellerie, il s’agit avant tout d’une famille de marginaux qui se protège du monde extérieur en vivant en retrait de la société, mais sans en être coupés. Sous ses airs de comédie romantique hot, ce livre offre aussi une bonne petite critique de la société et de l’acceptation des autres, tels qu’ils sont.

Les scènes de sexe gay – je dirais qu’elle sont crédibles, même si je n’ai aucune expérience en la matière ^^ Mais la passion et les sensations, on les a tous ressentis, homme ou femme, homo ou hétéro. Et j’ai trouvé que c’était plutôt bien rendu :)

Je ne sais pas si ça vient de l’auteure elle-même ou encore une fois de la traduction, mais on ne verse jamais dans le vulgaire. Alors oui, c’est vrai, on appelle un chat un chat (et si ça avait été une romance lesbienne, ceci aurait donné l’occasion d’un jeu de mot douteux!), mais ça ne m’a pas dérangé. J’ai trouvé cela plus honnête qu’autre chose. L’auteure ne joue pas les saintes nitouches, mais n’a pas besoin non plus de verser dans le vulgaire et le gore. Bref, encore une fois, chapeau! parce que c’est un exercice d’équilibriste.

Le fait que ça soit un huit-clos permet de se concentrer sur les sentiments des protagonistes, surtout notre cher Lucius. Les autres sont aussi bien fouillés, pas juste survolés. Manny je le kiffe grave!

Franchement, le fait que les gars puissent se métamorphoser, et que leur papa d’adoption (ou maman ourse, comme il surnomment Ali), rajoute un petit truc en plus, mais l’important dans cette histoire, ce sont les sentiments.

Certains trouveront peut-être que ça dégouline un peu trop d’amour. Moi je trouve ça juste chou.

en plus il y a des passages qui sont juste à se tordre de rire, comme lorsqu’Ali change Lucius en poulet en guise de punition. Je me suis bien marrée!

On vibre avec les personnages (sans mauvais jeu de mots, hein!). On ressent les tourments des premiers émois amoureux (même si 25 ans ça fait un peu tard, mais bon) avec Lucius, on se consume d’amour avec Nicu, et on se ronge les sangs quand le beau tzigane tombe dans les vapes.

Pour moi c’est une réussite sur tous les plans! Ah, sauf le mystère de la cicatrice de Nicu, mais je pense que ça sera élucidé dans le tome 2 de la série!


 L’auteure: K-lee Klein a vécu toute sa vie au Canada occidental. Mère de trois grands enfants, elle peine à contrôler son cerveau en ébullition, dans lequel de charmants jeunes hommes s’aiment et se disputent sur des scénarios variés.

Son mari et sa famille ne comprennent pas trop d’où vient son obsession pour les gays, mais ils la laissent faire, et ça lui réussit plutôt bien!  Son premier roman a été publié en 2011, et depuis, elle est heureuse de pouvoir vivre de sa plume.

Son site: http://kleeklein.com/kleinwebsite/


Produits dérivés: Il y a deux autres tomes dans cette série, consacrés à Ali et à Manny: L’Intuition D’Ali et Le Coeur De Manny