Mr. Mercedes, de Stephen King

Par Clarabel

Délaissant le fantastique pour le polar, Stephen King nous propose une trilogie répondant à tous les codes du genre, selon une parfaite maîtrise de la mise en scène et de l'attente anxieuse, dont voici le premier volet.

Un an après le massacre de la Mercedes lancée à vive allure sur une foule de badauds, Bill Hodges, qui avait enquêté sans succès sur l'affaire, reçoit la lettre d'un individu revendiquant fièrement être l'auteur de la tuerie. C'est plus qu'une insulte pour notre flic désabusé et en retraite. Le but de la missive était de le pousser au suicide (notre homme file un mauvais coton) mais produit l'effet contraire en le convainquant de reprendre du service pour débusquer cette ordure. On connaît d'ailleurs son identité, Barry Hartsfield, un pauvre type flanqué d'une mère alcoolique et qui souffre passablement du syndrome Norman Bates (on se comprend). S'engage alors un duel sans pitié, via une messagerie sur internet et une série de provocations bêtes et méchantes. Hodges et Barry sont obsédés l'un par l'autre et résolus de faire tomber leur adversaire, en s'improvisant tour à tour proie et chasseur. Ce jeu de dupes est assez stressant, souvent déroutant, mais franchement captivant.

L'écoute du livre audio dure pas moins de 16 heures - un sacré marathon - et adopte l'allure d'une course folle et infernale. On se glisse dans la peau des personnages, on suit leurs enquêtes, on tente aussi de cerner leurs motivations mais on n'évite pas les pièges. Le final aussi est tiré au cordeau et s'égrène comme un interminable compte à rebours. C'est super angoissant et habilement accrocheur, pour servir un dénouement passablement dégonflé, lâche et convenu. Un peu décevant, le King... Et même si je trouve que son héros manque de prestance et d'empathie, j'aurais plaisir à le retrouver dans deux autres aventures au suspense bien troussé et aux émotions fortes garanties. C'est noté. 

Audiolib / Août 2015 ♦ Texte lu par Antoine Tomé (durée : 16h) ♦ Traduit par Océane Bies et Nadine Gassie pour les éditions Albin Michel