Credit photo Chilly Plasma
Au cours de la dernière semaine, nous avons pu assister à quelque chose qui, selon moi, est plutôt intéressant.
Tout d’abord, l’adaptation cinématographique de Jem and the Holograms, sortie le 23 octobre, s’est totalement écrasée dans les salles nord-américaines face à la compétition (qui n’était pourtant pas très forte). La performance du film au box-office s’est inscrite parmi les dix pires des trente dernières années.
Le lundi suivant, le premier épisode de Supergirl, la série télé, a récolté les meilleurs chiffres en termes d’auditoire pour l’automne 2015 aux États-Unis. Ce qui n’est pas rien ! Il s’agit du meilleur départ télévisé de la saison, et ce, dans un marché immense.
Pourquoi je compare les deux ? Parce qu’il s’agit de deux icônes féministes qui s’adressent sensiblement au même public et qui envoient le même message. Pourtant, le public a décidé d’en suivre une et de bouder l’autre.
Jem and the Holograms, basé sur la ligne de jouets de Hasbro et la série animée des années 1980, est un film réalisé par John M. Chu et produit conjointement par les studios Universal et Blumhouse. Le film possède la signature de Blumhouse, c’est-à-dire un style semi-documentaire, filmé à l’épaule et qui fut tourné pour à peu près rien (à peine 5 millions de dollars). Le film met en vedette Aubrey Peeples dans le rôle-titre d’une chanteuse pop adolescente, ainsi que Molly Ringwald dans celui de sa mère et Juliette Lewis dans le rôle de la méchante présidente d’une compagnie de disques.
Malgré tout le talent impliqué dans le projet et son modeste budget, personne dans le public ne semble avoir été attiré par ce film. Même les fans de la première heure de Jem ont été réticents, certains extrémistes allant même jusqu’à faire parvenir des menaces de mort à son réalisateur.
Jem a, de plus, souffert d’une campagne promotionnelle très pauvre, quasi inexistante, qui fit en sorte que bien des gens n’avaient aucune idée que le film sortait.
De son côté, la série Supergirl, inspirée du personnage de DC Comics créé dans les années 50, et qui fut déjà le sujet d’un film médiocre dans les années 80, a bénéficié d’un battage publicitaire intense : grands panneaux installés sur le bord des routes dans différentes villes des États-Unis, de nombreuses apparitions de sa vedette, Melissa Benoist, dans des événements caritatifs et auprès d’enfants malades tout au long des derniers mois, et une forte présence sur les réseaux sociaux.
Supergirl, développée par Greg Berlanti (Dawson’s Creek), Ali Adler (The New Normal) et Andrew Kreisberg (Fringe), est un mélange pas toujours adroit de « chick flick » et de série d’action/science-fiction. Son héroïne travaille pour un journal dont la patronne, jouée avec brio par Calista Flockhart (Ally McBeal), est une femme forte et intransigeante. C’est à travers elle, notamment, que le message féministe de la série semble être transmis.
Le personnage de Kara/Supergirl, joué avec énormément de charisme par Melissa Benoist (Glee), est constamment dévalorisé par les hommes, mais refuse de baisser les bras et fonce dans la vie avec optimisme et un beau grand sourire.
Le message au centre de Supergirl, du moins son premier épisode, est exactement le même que celui du film Jem and the Holograms. Dans la série, Kara/Supergirl reçoit le message suivant de la part de sa défunte mère : « Sois sage, sois forte, et sois toujours authentique » (« Be wise, be strong, and always be true to yourself »).
Dans Jem and the Holograms, l’héroïne reçoit différents messages de son défunt père (une grande partie de l’intrigue repose sur une série d’indices qu’il lui a laissés), dont entre autres « Ne crains pas l’inconnu » (« Don’t fear the unknown ») ou encore « Fais usage de tes talents » (« Use your gifts »).
Étonnamment, j’ai beaucoup apprécié Jem and the Holograms. Je ne suis pas amateur de la série animée, et j’y allais par curiosité (et parce que j’aime bien son actrice principale, qui joue aussi dans la série télévisée Nashville). Je recommanderais ce film à quiconque a des enfants. Son message est extrêmement positif et, si j’étais un ado, le film me donnerait le goût de prendre une guitare et un micro et de rêver à devenir une vedette. Ce film pourrait éventuellement devenir une sorte de The Rocky Horror Picture Show, car son message est essentiellement le même : « Don’t dream it, be it » (« Ne le rêve pas, sois-le »).
Quant à Supergirl, ses dialogues sont souvent ringards, mais l’action est amusante, son actrice principale déborde de charme et le message, ici aussi, est très positif pour les femmes. Pour une grosse dose de plaisir, je la recommande à tout le monde.
Au moment où vous lirez ceci, Jem and the Holograms aura probablement disparu des écrans, et c’est dommage. Il ne méritait pas ce sort. On nous offre souvent bien pire dans les salles. Le film présente un modèle exemplaire aux jeunes filles (et même aux jeunes hommes), et le film s’avère très divertissant. N’hésitez pas à le voir si vous le pouvez !
Pour en connaître davantage sur mon opinion, dirigez-vous sur le www.brasdeferdesfilms.com pour m’entendre parler de Jem avec ma copine et d’autres amis, dans le plus récent épisode du podcast que j’anime.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.