Attardons nous un moment sur la biographie gratinée de Mo Hayder. Née à Londres en 1962, c’est une romancière britannique de romans policiers (noirs et thrillers). Fille d’universitaires, elle quitte brutalement sa famille à l’âge de 15 ans pour enchaîner les petits boulots dans la capitale. A 25 ans, après un mariage éclair et dix années de vie mouvementée sur fond de « sexe, drogue et rock’n’roll », elle décide sur un coup de tête de partir au Japon mais arrivée à Tokyo, c’est la désillusion et elle mène une existence des plus austères, vit dans une seule pièce et n’en sort que pour aller travailler comme barmaid, éducatrice et enfin professeur d’anglais. Attirée par le cinéma d’animation, elle quitte à 28 ans le Japon pour les États-Unis afin d’y suivre des études de cinéma. Elle obtient finalement son diplôme, mais le caractère violent de ses réalisations lui interdisant tout espoir de large diffusion, Mo Hayder décide de retourner en Angleterre. Elle occupe un poste dans la sécurité comme garde du corps avant de se lancer dans l’écriture. Mo Hayder vit désormais avec sa fille et son compagnon.
Proies, est paru en 2010. Ce thriller s’inscrit dans le cycle des enquêtes mettant en scène l'inspecteur Jack Caffery de la brigade criminelle, et Phoebe Marley surnommée Flea, plongeuse pour la police de Bristol.
Dans le Somerset. Alors qu'elle déposait ses courses dans le coffre de sa voiture, une femme est jetée au sol par un individu affublé d'un masque de père Noël qui prend la fuite à bord du véhicule. Selon la police, pour qui il ne s'agit que d'un banal fait divers, l'agresseur ne s'est sans doute pas rendu compte de la présence d'une fillette sur la banquette arrière. Mais, tandis que l'enfant reste introuvable et qu'une deuxième petite fille disparaît dans les mêmes circonstances, le scénario s'assombrit. Le ravisseur ne tarde d'ailleurs pas à se mettre en contact avec la police...
Un roman globalement honorable. Globalement signifiant qu’il n’est pas entièrement satisfaisant mais la limite entre ses qualités et ses défauts étant ténue nous essaierons d’y voir un thriller remplissant les conditions du genre sans exceller. Dans la colonne des défauts, encore un de ses romans dont on devinerait sans mal le sexe de l’auteur si on l’ignorait (problèmes de couple et détails sur les enfants qui ne trompent pas) avec ses corollaires, l’angoisse du bouquin reposant sur des disparitions d’enfants et le final, genre « mère courage » à l’assaut du méchant. Autre défaut, des situations tirées par les cheveux. Mais je reconnais que j’ai lu pire ailleurs, ici je me suis contenté d’accélérer la lecture de ces passages. Dans la colonne des qualités, il y a du suspense, réussi grâce à une narration éclatée, Jack Caffery de son côté, Flea du sien, d’autres acteurs ailleurs, tous se débattant dans leurs problèmes pour résoudre l’enquête ou gérer des ennuis personnels venant enrichir le roman. Toutes ces mini-situations coïncidant avec les changements de chapitres qui laissent le lecteur en plan temporairement. Un classique de la narration pour les thrillers et qui marche à tous les coups.
Seul roman lu de cet écrivain, je ne sais pas s’il inscrit parmi ses meilleurs ou non. Comme je l’ai dit, je le trouve globalement acceptable – sans plus – avec cette impression que Mo Hayder serait capable de pouvoir faire beaucoup mieux.