Rencontre avec Skyjoe pour son projet Boo Tchou

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Un drôle de canard débarque sur Kickstarter. Avec lui, une curieuse galerie comportant un gorille, une tranche de jambon qui parle, une lapine hypocondriaque et bien d’autres… Et le canard veut quitter le Paradis où il se trouve. Derrière cet étrange univers, un auteur de BD, Skyjoe… Il va nous en dire plus.

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Bulle d’Encre : Bonjour Skyjoe. Ton canard traîne ses pattes palmées sur Internet depuis quelques temps et tu décides de passer à la vitesse supérieure. Parle-nous de la genèse de ce projet ?
Skyjoe : Et bien, illustrateur en freelance, chaque fois que j’entamais un projet artistique indépendant, je me sentais obligé d’y faire passer plusieurs messages, je ne voyais pas mon activité sans être engagé dans des causes importantes à mes yeux. Et puis, l’envie de faire rêver les gens simplement, sans leur prendre le chou, de leur donner une grosse bouffée d’air frais, est arrivée. Lorsque j’ai commencé à dessiner Boo Tchou, je me souviens avoir créé des gags en pensant à Docteur Slump, un manga avec des gags somme toute absurdes, mais qui me faisaient bien marrer. J’aime la légèreté, elle a un beau parfum d’innocence qui est trop peu fréquent dans notre monde.
Tout part de là. J’ai envoyé des dossiers à des éditeurs, ce qui n’a rien donné mais c’est normal : je m’y prenais comme un manche à l’époque et le graphisme n’était pas terrible. Puis je me suis baladé dans les festoches, j’ai pris des gifles, ça m’a fait du bien et je suis revenu quelques années plus tard avec un nouveau graphisme, un dossier bien ficelé…Très peu d’éditeurs étaient partants pour me publier : ceux qui l’étaient ne pouvaient me donner une avance sur droits.
J’ai finalement accepté de signer pour une publication numérique chez Black Spark, la maison d’édition d’Aquadima, une start-up de produits culturels universelle franco-canadienne. J’ai été séduit par son côté outre-atlantique et le lien que j’entretenais avec son fondateur. Seulement, c’est une start-up…Et qui dit start-up dit gros, gros chemin de croix pour voir le jour et atteindre un certain succès. A ce jour, elle a sorti une version bêta de la plateforme, sans bande dessinée. Du coup, étant donné que j’ai pas mal de projets avec Boo Tchou et qu’à ce qu’on dit, les éditeurs sont réticents à l’idée de laisser une certaine liberté à leur auteur, j’ai décidé de m’auto-éditer en version papier… Pour commencer en tout cas. Et je reste fidèle à Aquadima pour la version numérique.

BDE : Ton canard veut s’échapper du Paradis… Un concept plutôt bizarre quand on y pense. Bon, en même temps, l’ambiance de la BD est elle aussi des plus bizarres. Tu cultives l’humour absurde ?
S : Alors oui et non… Héhé… Boo Tchou veut s’échapper du paradis pour une raison relativement simple. Vous n’êtes pas obligé d’acheter la BD pour le savoir, on le précise dans le Kickstarter. En ce qui concerne l’ambiance de la BD, elle peut paraître étrange au premier abord, c’est vrai. J’aime bien les univers décalés et pas forcément logiques : tenter ce genre de chose me permet de chercher des portes de sorties peu exploitées et de titiller ma créativité. S’il y a bien une chose inhérente à l’artiste, à mon avis, c’est la prise de risque.
Alors je te vois venir…Si tu comptes me demander pourquoi j’ai inséré une tranche de jambon comme personnage secondaire, je ne pourrais pas te répondre ! lol ! Je ne me pose pas de limite. Après tout, c’est le paradis, c’est une bande-dessinée, pourquoi s’en faire ? L’imagination n’a pas de limite. Seule la logique en a…Et encore. Ce perso, je voyais bien comment l’exploiter, alors je me suis lancé car il correspond à l’ambiance de la BD.

Brutos-Kick

BDE : Mais visiblement, tu ne comptes pas rester « juste » sur ces gags du canard voulant quitter le Paradis, ce projet va plus loin. Tu peux nous en dire plus, notamment avec un réel projet éducatif, porté par une association ?
S : L’un de mes rêves était d’être dessinateur de presse. Là encore : portes closes. Et je voyais bien Boo Tchou réagir sur le monde des humains, du haut de son nuage, au paradis. Dans les Booderies, qui sont des billets d’humeur, Boo Tchou redécouvre notre monde en y apportant ses réflexions, parfois rigolotes, d’autres fois un peu plus sérieuses. Je me suis demandé si du coup, je ne pouvais pas proposer aux enfants de créer leurs propres Booderies sur un forum…Entre temps, je cherchais un entrepreneur pour développer l’entreprise Boo Tchou Ent. (une appli est en cours de création). Je l’ai trouvé : Roger-Cyr Aplogan, un entrepreneur SS (Social et Solidaire). Il m’a proposé aussitôt de monter une association et de mener des actions sur le terrain, chose que je comptais plutôt faire dans quelques années ! Mais je suis monté dans son train et on avance. On veut changer le monde. Réellement ! Pour nous, le système est plein de bonnes choses mais il y a énormément d’améliorations à y apporter. On en a un peu marre de faire du surplace, alors on va commencer avec l’association Le Monde de Boo en créant des ateliers de sensibilisation à des thématiques de notre temps : développement durable, bonheur et optimisme, médias positifs, économie, bien-être animal, humanitaire…Les enfants créént une bande-dessinée de Boo tchou que je dessine pour eux à partir d’un scénario qu’ils ont imaginé en partant d’un thème précis. Le premier atelier a été un réel succès, à vrai dire on ne s’y attendait pas trop car on a encore tellement de choses à développer ! Il ne faut pas croire que seule la PS4, le foot ou les réseaux sociaux comptent pour un adolescent…Ils ont énormément à apporter si on sait les guider. Le problème d’aujourd’hui, à mon sens en tout cas, c’est que la frontière entre adulte et adolescent est devenue trop épaisse. Un petit régime ne lui ferait pas de mal !
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BDE : Tu penses réussir à atteindre tes objectifs ? Tu as une communauté de lecteurs fidèles qui suivent déjà Boo Tchou ?
S : Honnêtement, c’est la galère. J’ai un peu plus de 1000 fans facebook sur la page de Boo Tchou, mais quand je poste une nouveauté, personne ne la voit à moins de payer de la pub. C’est en partie pour cela qu’on a créé le crowdfunding. Personne ne connait réellement Boo Tchou car personne n’a lu la BD, hormis quelques proches. Ils ont adoré et je ne pense pas que ce soit uniquement dû à notre affinité avec moi…En partie parce que deux ou trois personnes que je ne connais pas ont dévoré l’album alors qu’on leur avait proposé de ne lire que quelques pages.
Quant aux objectifs, on les a mis très bas afin de s’assurer un succès, mais en réalité, on aimerait vendre au moins 1000 album. Sans ça, cela va être difficile de continuer. Surtout que l’auto-édition dans la bande dessinée est HYPER compliquée. Amazon a simplifié les choses avec son service d’impression à la demande, mais ils ne proposent pas de couverture rigide ! Même en demandant gentiment, lol. Les boules.

BDE : C’est la conclusion… qui sert à convaincre d’éventuels contributeurs : à toi la parole pour donner envie à nos lecteurs de soutenir ce projet.
S : C’est la bande-dessinée Boo Tchou qui contribuera à l’épanouissement du Monde de Boo. Si vous souhaitez vous lever avec nous, venez acheter la BD. Se payer de bonnes tranches de rire en participant à un projet de société, je trouve ça plutôt cool :)
Le crowdfunding a débuté le 1er novembre, sous l’appellation : Le Monde de Boo. Vous pouvez également vous rendre sur la page de l’event « Le Monde de Boo se lance sur Kickstarter » pour suivre les infos et participer aux jeux !

BDE : Bon courage pour la suite !
S : Un grand merci à toi, sache que tu es le premier à nous ouvrir une porte :)

Interview réalisée par Anthony Roux le 22 octobre 2015
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