Mon avis :
Du gore, du cynique, du sanglant, du monstrueux, du suspens, du dégueulasse...Bref. Du David Wellington en bien mieux que dans sa saga Zombie Story puisque, pour le coup, on arrête le fantasmagorique névrosé et on plonge dans le sérieux et le concret.
Qu'on soit clairs, j'ai adoré Zombie Story. Mais là, l'auteur nous embarque à un tout autre niveau. Et quel niveau.
Adieu les vampires à paillettes qui feraient marrer un fœtus depuis l'utérus de sa mère. Bonjour les vampires terrifiant qui font passer Freddy Krueger pour le mannequin d'une pub de fond de teint. Dans Vampire Story, oublie Dracula, oublie Blade, et surtout, oublie Edward et son poumon crevé. Les vampires dont on parle sont des monstres, des vrais. Ils sont laids, ils sont presque invincibles et surtout, ils bouffent de l'humain comme toi un kinder surprise.
Ca gicle de partout, ça dépèce et démembre à tour de bras(haha) et ça fait passer Hostel ou Saw pour des comédies sentimentales.
Bref. Nous suivons donc Arkeley qui est l'archétype du fédéral bousillé par la vie, qui a passé sa carrière à chasser les vampires et qui est un vrai fils de péripatéticienne quand il s'agit des relations humaines. Arkeley qui est un enfoiré au cynisme percutant et que j'ai adoré du début à la fin. Arkeley qui, dans les années 80, aurait manifestement tué le dernier vampire on earth mais qui est rappelé 20 ans plus tard en Pennsylvanie, quand un banal contrôle de police tourne en orgie de viande hachée. Il se retrouve donc à faire équipe avec Laura Caxton, simple policière d'Etat préposée aux contrôles routiers, et qui se coltine le fédéral avec plus ou moins d'enthousiasme. Laura Caxton est un personnage particulier. Elle permet de mettre en relief tous les autres personnages (vampires et humains). Elle n'est pas là pour faire office de protagoniste principal mais plutôt de prisme pour les autres personnages. Ses réactions, réflexions, actions servent de références pour tous les autres. On juge, critique, décide par rapport à elle. C'est rafraîchissant puisque le lecteur peut s'immiscer encore plus aisément dans l'histoire.
Et l'histoire est magique. On oscille entre horreur, fantastique et thriller. Les vampires sont de vrais bêtes, des prédateurs, des machines à tuer mais ils servent un but et chacun des plans qu'ils mettent en place pour l'atteindre, plonge le lecteur dans cette folie barbare, cette sauvagerie extrême. Et on a pas vraiment le temps de s'arrêter pour penser à la trame de fond puisque le rythme est rapide, haletant et on est plongé dans cette course contre la montre en même temps que les personnages.
Tout dans ce livre fonctionne et le décor y est pour beaucoup. Au cœur de la Pennsylvanie, entourés de forêts gigantesques, de vastes espaces, d'usines et d'entrepôts désaffectés, nos personnages sont cernés, d'un côté par les vampires et de l'autre, par des kilomètres d'espaces désertés par les humains.Dans Vampire Story, on vous détaille par le menu comment les vampires tuent et on se fout que vous vous sentiez à l'aise en lisant. Dans ce livre, les relations humaines n'ont que très peu d'importance, si ce n'est celle entre Arkeley et Caxton. Ce qui nous intéresse ce sont les interactions avec les vampires et savoir si, oui ou non, nos protagonistes principaux vont s'en sortir.
Autre aspect intéressant, Laura Caxton est lesbienne. Et non, on s'en contrecarre qu'elle préfère Kate Beckinsale à Robert Pattinson. Ce qui est intéressant justement c'est que David Wellington n'en fait pas des caisses. Qu'il nous épargne les blagues vaseuses que pourraient faire d'autres personnages. Que Caxton a des problèmes de couples comme n'importe quelle hétéro. Bref. Laura Caxton est lesbienne et on s'en bats les amygdales.
Vampire Story est un vrai livre horrifique dans le sens où on épargne pas le lecteur. Jamais. Les vampires sont des saligauds mais les humains aussi. Et malgré le fait que ces vampires-là soient très loin du glamour boule-à-facettes-disco, on ne peut s'empêcher de comprendre ceux qui veulent devenir comme eux.
Après tout, Hannibal Lecter aussi donne envie de participer à un dîner presque parfait avec pleins de gens. Inconnus. Avec de la sauce roquefort.
Le truc cool aussi dans ce livre, c'est que la Terre entière est au courant de l'existence des vampires. Et pour prouver à quel point l'être humain est passablement idiot, David Wellington nous offre Malverne. Malverne qui est un vampire qu'Arkeley a tenté de tuer dans les années 80 mais qui a survécu. Elle est conservée dans un sanatorium désaffecté, surveillée comme dans une prison et laissée dans un état de faiblesse constant. Pourquoi ? Parce qu'un tribunal a décrété que la tuer dans son état était un meurtre. Pure et simple.
(Ouais elle est déjà morte mais qui s'en soucie ?)
Bref. Premier tome réussi pour cette saga qui promet d'envoyer du pâté et qui m'a réconcilié avec les vampires en littérature.
Merci David Wellington.
Ma note :
20/20