Le premier mardi c'est permis (42) : La femme de papier de Françoise Rey

Le premier mardi c'est permis (42) : La femme de papier de Françoise Rey Drôle de destin que celui de ce livre devenu un classique de la littérature érotique contemporaine alors que les lettres qu’il contient n’étaient au départ pas vouées à être publiées.
Françoise Rey s’adresse à son « amour interdit » à travers une succession de missives torrides, inventant les situations les plus échevelées pour le titiller. Le portrait brossé de l’amant est des plus flatteurs, « une imposture » comme elle le reconnaît, mais une imposture nécessaire pour rendre chaque épisode toujours plus excitant. Lorsqu’elle avoue sa tromperie à son mari et lui faire lire les lettres, il lui rétorque : « J’ai lu ton ramassis. C’est de la merde. Tu enverrais ça à un éditeur, il te rirait au nez. » Et c’est parce qu’elle l’a pris au mot que ce « ramassis » est devenu un incroyable succès, tant critique que commercial.
Pour être honnête, tous les chapitres ne m’ont pas émoustillé. Celui où elle lève un gamin de 15 ans dans un bar, celui avec le travesti (!), la partie SM avec des crayons (!!) ou le délire scatologique (!!!) ont été difficile à avaler. Mais à coté de cela, il y a des passages d’une sensualité et d’un érotisme inouïs, un vocabulaire incroyablement riche pour dire les choses du sexe, une langue à la fois belle et crue derrière laquelle, malgré les apparences, on sent beaucoup de pudeur.
Alors oui, l’entreprise peut paraître servile, notamment en ce qui concerne la place de la femme par rapport à la toute puissance d’un homme lui imposant ses désirs, le plus souvent par la force. Mais les situations relèvent de la pure fiction, de l’exagération, et ces lettres représentent avant tout la manœuvre d’une femme follement éprise voulant faire plaisir à celui qu’elle aime. L’épilogue est d’ailleurs, par contraste avec ce qui précède, d’une sincérité et d'une intensité bouleversantes.
Un premier roman provocant, obscène et surtout hautement littéraire. Incontournable pour tout amateur d'érotisme qui se respecte.
Un dernier mot pour souligner la qualité de cette édition enrichie d'illustrations d'Alex Varenne, d'une postface et d'un passionnant entretien avec Françoise Rey.
La femme de papier de Françoise Rey. La Musardine, 2015. 270 pages. 18,00 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager comme chaque mardi ou presque avec Noukette. Pour le coup, on est loin d'une pépite jeunesse mais c'est l'occasion de prouver s'il en était encore besoin que l’éclectisme nous va comme un gant.

Le premier mardi c'est permis (42) : La femme de papier de Françoise Rey

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