Alexia est une exorciste d’une vingtaine d’années très douée. Tellement douée qu’elle est recrutée par le très secret CRPS : Centre de Recherche des Phénomènes Surnaturels, institution cachée qui lutte depuis des centaines d’années contre les forces occultes. Pas forcément en vue de les éradiquer, mais dans le but de trouver un équilibre entre magie noire et magie blanche. Dans le premier tome, l’Héritage, Alexia doit s’adapter à sa nouvelle vie au sein de l’institut et apprendre à « apprivoiser » chacun des membres qui la composent. Elle doit également faire face à l’un des plus troublants mystères qu’ait jamais connu le CRPS : en 1985 un phénomène paranormal a détruit toute une aile de l’établissement, entraînant la mort de 45 personnes travaillant au CRPS ; seul le directeur de l’époque s’en est sorti, mais il est depuis dans le coma ; Alexia veut essayer d’éclaircir ce mystère qui lui permettrait de rentrer dans cette zone condamnée pour accéder à la porte menant vers le monde parallèle réunifiant magie noire et blanche : Yorthopia. C’est sans compter la malédiction qui pèse sur cet endroit : toute personne ayant tenté d’élucider le mystère depuis 1985 et étant entrée dans la zone interdite, n’en est jamais revenue. De plus, à l’arrivée d’Alexia au CRPS, un étrange phénomène a lieu. Le squelette de Sarah Perkins, dernière descendante des sorcières de Salem, conservé jusque-là sans problème, semble se reconstituer : en quelques jours chaires, muscles et organes se sont recomposés dans le corps. Lorsqu’elle se réanime, c’est le chaos dans l’enceinte du CRPS. Sarah Perkins poursuit Alexia et lui apprend qu’elle est la descendante des sorcières de Salem. Mais comment est-ce possible, alors qu’Alexia est une exorciste, c’est-à-dire une chasseuse de sorcières et des forces occultes ? Comment Alexia va-t-elle vivre cette révélation et son nouveau statut ?
La série Les démons d’Alexia compte 7 tomes en tout, dont j’ai lu le premier cycle de 4 tomes (résumé des trois autres tomes de ce 1er cycle en fin d’article). Le premier tome est sorti il y a plus de dix ans, je suis donc un peu en retard, mais c’est tout aussi sympathique de découvrir de petites pépites tardivement.
J’avoue que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans la bande dessinée au tout début car cela commence sur un démon qui prend possession d’Alexia et elle s’auto-sauve en se presque-noyant dans de l’eau bénite… C’est un peu brutal (et je me rends compte que c’est un peu ridicule quand je vous le dis juste comme ça…). Non pas dans le sens où j’ai trouvé la scène dure, mais dans le sens où je ne pensais pas entrer dans le vif du sujet si vite. Mais finalement, c’est aussi ce qui m’a plu quelques pages plus loin. On nous présente le CRPS comme une institution qui existe, sans que l’on puisse se poser la question. On pose les évènements et les situations comme normaux, sans que l’on nous explique par quatre chemins pourquoi les démons existent, comment cela est possible. Ce qui peut en rebuter certains m’a finalement plongée dans l’histoire. On rentre vite dans l’univers et on s’y attache.
Le mal et le bien cohabitent dans ce monde, de façon presque naturelle et l’on se sent emmené par récit. Alexia est attachante car forte, douée dans son rôle d’exorciste, mais aussi naïve sur certains points.
En ce qui concerne le cycle en entier, j’ai aimé le fait que chaque tome possède son histoire propre, avec un nouveau mystère à résoudre, mais qu’en même temps il y ait un fil conducteur tout du long. Certains mystères non résolus dès le début et certains personnages cachés qui ne nous sont dévoilés qu’à la fin (et encore, pas tous), tiennent bien en haleine également. Le tout est très bien écrit et fluide, ce qui est porteur.
J’ai personnellement découvert de nouvelles sortes de démons, que je ne connaissais pas forcément. Ce renouvellement est agréable pour la lecture. Le thème de l’équilibre entre le bien et le mal est un thème classique qui est compliqué à traiter de la bonne façon pour satisfaire les lecteurs et je trouve que cela est bien réalisé dans ce cycle. Ce n’est pas gnangnan, la cohabitation n’est pas facile, mais possible et le tout est très crédible. J’ai beaucoup apprécié le fait que la combinaison des deux donne une grande force à Alexia et en fasse une personne très puissante, mais uniquement dans son monde. Le fait qu’à Yorthopia, être dans cette dualité l’affaiblit, est très intéressant.
J’avais lu il y a quelque temps Conversion (zieutage par ici), qui m’avait plongé dans l’histoire des procès des sorcières de Salem sous un certain angle et j’avais beaucoup aimé. Ici on retrouve ce thème, avec une vision et un point de vue différent, avec des éclaircissements autres et cela m’a beaucoup intéressée. Je ne sais pas forcément quelle est la part de vrai et de faux dans le tout, mais c’est tellement bien ficelé qu’on y croit jusqu’au bout.
Au niveau de la forme de la bande dessinée, un super point est le résumé des tomes précédents dans le tome 3 et 4. C’est très rare en BD que l’on fasse des résumés sur les tomes précédents et pourtant c’est quelque chose que je trouve très important. Quand on suit un roman, une BD ou autre au fil des sorties du cycle et qu’il y a plusieurs mois d’espace entre la sortie de chaque tome, c’est quand même bien quand on n’est pas obligé de relire le tome précédent pour comprendre le nouveau. Bon, ici je n’ai pas eu à suivre le cycle au fil de sa sortie, mais c’est agréable tout de même.
A la fin du tome 4, on trouve un dossier en quelques pages qui donne des explications sur le CRPS. Eh oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, le CRPS a bel et bien existé (et existerait peut-être même encore, mais de façon très secrète). Pas de la manière dont il est décrit dans la bande dessinée, ce n’était pas un établissement où était regroupé des chasseurs de forces occultes. Mais une institution qui tentait de comprendre tous les phénomènes qui semblaient ressortir du paranormal dans le monde. Un dossier très intéressant qui explique la fondation de ce groupe, son évolution, ses missions, ce que c’est devenu aujourd’hui et comment les auteurs l’ont intégré à la bande dessinée. Cela permet de rendre l’histoire encore plus réelle et c’est très plaisant.
Pour résumer, ce cycle est une très belle surprise, agréable à la lecture, avec des dessins classiques mais efficaces. Un thème récurrent mais très bien traité. Le tout est très cohérent et entraîne facilement le lecteur.
Pour les petits curieux, voici les résumés des tomes 2 à 4, qui forment le premier cycle. Mais attention aux spoils. Il reste encore trois tomes à découvrir après cela, pour les mordus.
Tome 2 : Stigma Diabolicum
Alexia doit apprendre à vivre avec ses nouveaux pouvoirs de sorcières, notamment à les confronter à sa nature d’exorciste. Dans le même temps, un nouveau mystère appelle l’équipe du CRPS. Des meurtres ont lieu, tous à l’aide de l’élément Eau, près d’un arbre. Alexia se rend compte que cet arbre réclame le corps d’un druide qui a été déterré. Mais l’urne où se trouvent les cendres de ce druide est située dans la zone interdite du CRPS où a eu lieu la catastrophe de 1985. Alexia bravera tout de même le danger et se faufilera dans la zone interdite pour récupérer les restes du druide. Malheureusement, cela lui vaut les foudres de quasiment tout le personnel de l’établissement. Elle se retrouve obligée de fuir et se retrouve seule. Au CRPS, le corps de l’ancien directeur, dans le coma depuis 1985, se réanime.
Tome 3 : Yorthopia
Alexia est traquée par le CRPS et doit fuir constamment. Jusqu’à ce qu’une alliée du CRPS, Bérénice la secrétaire, lui vienne en aide. Elle l’envoie résoudre un mystère en Norvège au nom du CRPS, mais sans que l’établissement soit au courant. En effet, en Norvège, dans un petit village reculé, une falaise s’est écroulée dans la mer et a emporté avec elle tout un cimetière. Dans les vestiges, on a retrouvé le corps d’un homme enterré il y a quelques jours à peine, qui était en fait encore vivant ! Et les autres tombes qui se sont ouvertes montrent que depuis des dizaines d’années, les gens semblent avoir été enterrés vivants ! Mais le médecin du village atteste qu’il a bien déclaré la mort de toutes ces personnes. Durant ce tome, on suit donc l’enquête que mène Alexia en Norvège, mais également ce qui se passe au CRPS. L’ancien directeur reprend ces droits comme si de rien n’était et mène sa barque d’une main de fer. Etant lui-même un descendant direct du dernier prêtre ayant éradiqué les sorcières de Salem, il se fait un devoir de retrouver Alexia et de mettre fin à ses jours.
Après avoir résolu son affaire en Norvège, Alexia arrive à rejoindre le CRPS sans se faire repérer et à entrer dans la zone interdite qui n’est plus maudite depuis le réveil du directeur. Elle trouve la porte menant à Yorthopia et s’y faufile. Mais pour accéder au monde tant convoiter il faut signer un registre : le noir si on fait partie des forces occultes, le blanc si on est du côté du bien, le bleu si l’on n’est pas un être humain. Etant mi-sorcière, mi-exorciste, quand Alexia choisira de signer l’un des registres, elle annihilera les pouvoirs pour lesquels elle n’aura pas signé. Mais maligne, elle signe le blanc et le noir et devient donc incontestablement une sorcière-exorciste. Ce qui lui confère un grand pouvoir dans le monde réel, mais pas sur Yorthopia où il faut choisir son camp plus radicalement.
Tome 4 : Le syndrome de Salem
Alexia va errer dans Yorthopia, sans pouvoir se rendre dans un camp ou l’autre et en s’affaiblissant de jour en jour. Elle est aidée par une force cachée qui prend soin d’elle. Elle se rend peu à peu compte qu’il s’agit de Paolo Capaldi, un être étrange qui se cachait dans la cave du CRPS et qui s’est enfuit pour la suivre. Il espère qu’elle le mènera à Sarah Perkins pour pouvoir les tuer toutes les deux. Mais il se prend d’affection pour Alexia et la sauvera. Quand Alexia revient au CRPS, ce fameux Paolo l’aide à se cacher le temps qu’elle reprenne ses forces. Puis, lui faisant croire qu’elle va éradiquer les forces occultes, il l’aide à formuler une incantation. Malheureusement, cela crée une nouvelle catastrophe au sein du CRPS.
Après un certain temps, la dernière BD se finit sur l’acceptation d’Alexia de devenir la nouvelle directrice du CRPS.
Le récap’ :
Points positifs :
- Un fil conducteur très prenant et cohérent, avec tout de même un mystère par tome, ce qui plaira à de nombreux lecteurs.
- Un thème très classique mais manié avec beaucoup de talent.
- Des mystères bien traités et des doutes qui planent et tiennent en haleine.
Point négatif :
- Un démarrage peut-être un peu trop brut pour certain, qui risque de rebuter.
Bonne lecture démoniaque les loulous !