Au café du rendez-vous d’Ingrid Winterbach

Au café du rendez-vous d'Ingrid Winterbach

Au café du rendez-vous d’Ingrid WinterbachAu café du rendez-vous ne semble pas, à première vue, être le livre le plus désigné pour cet automne. Dès les premières lignes, l'auteur nous plonge dans la chaleur écrasante du veld d'Afrique du Sud. Et pourtant, c'est bien une histoire de monde à son crépuscule que nous conte Ingrid Winterbach, à travers les yeux de Karolina, entomologiste venue à Voorspoed pour y observer des insectes rares. Mais en terme d'insectes, ce sont surtout les hommes qu'elle contemple avec un curieux détachement, au fil de ses journées qui se ressemblent toutes.

J'ai eu un rapport très changeant avec ce livre. Les toutes premières pages m'ont intriguée. Les cent première pages m'ont agacée, et je me suis parfois fendue d'un petit commentaire dans les marges, afin d'exprimer ma frustration et de pouvoir continuer ma lecture sans encombres. J'y ai vu des maladresses descriptives, des répétitions sans doute là à dessein, mais qui, à mon sens, alourdissaient le récit. Et puis, tout de même, il y a finalement quelque chose qui m'a accrochée, et j'ai terminé le livre en tournant hâtivement les pages, jusque dans le métro. J'en ressors, finalement, avec une impression mitigée.

Au café du rendez-vous, dont le titre original est Karolina Ferreira, a été écrit en 1993, et c ' est le premier roman d'Ingrid Winterbach traduit en français. C'est un roman d'ambiance, qui nous plonge dans l'atmosphère lourde et délétère d'une petite ville d'Afrique du Sud au bord de l'implosion. Le personnage de Karolina, témoin des bouleversements et relai du lecteur, en vient à changer également, peu à peu - à s'humaniser au contact des différents personnages. Au café du rendez-vous semble, à travers les métamorphoses de la jeune femme, traiter du rapport au passé, du déracinement volontaire. Par les descriptions lancinantes du café et du bar où les personnages se réunissent pour jouer au snooker, le roman s'aventure aussi sur le terrain de la fable sociale, tout en interrogeant au passage la violence de nos instincts. Peut-être au fond essaie-t-il de trop en dire et n'en dit-il pas assez.

Je n'ai finalement pas trouvé mon compte dans cette lecture, mais d'autres ont assurément trouvé ce livre troublant.

D'autres avis : Lettres exprès, plus sévère que moi Livres addict, moins sévère que moi

Et merci aux éditions Phébus et à Babelio (opération Masse critique) pour la découverte de cet ouvrage. Il ne m'a certes pas conquise, mais grâce à lui, je me suis tout de même promenée dans le veld sud-africain.