Chronique « Sykes »
Scénario de Pierre Dubois, dessin de Armand, couleurs de Armand et Gérard Sébastien,
Public conseillé : Adultes/ Adolescents
Style : Western / Drame
Paru chez « Le Lombard » le 6 novembre 2015, , collection « signé », 80 pages couleurs, 16.45 euros,
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L’histoire
Le Marshal » Sentence – Sykes » est sur la piste de la bande des Clayton. S’arrêtant dans une ferme isolée pour boire un coup, il met en garde le jeune Jim Starret, qui vit seul sa mère. Puis, Sykes se rend en ville pour saluer Bars, le shérif du patelin. Nul doute que les Clayton, auteurs d’un meurtrier cambriolage de banque, sont dans le secteur.
En attendant O’Malley, son fidèle bras droit, Sykes va boire un verre au saloon. Là, un jeune roquet aviné qui veut tester sa chance commence à l’importuner…
Pendant ce temps, la bande des Clayton s’invite à la ferme des Starret, viole la femme, tandis que le jeune Jim s’échappe en blessant une des crapules…
Ce que j’en pense
Pierre Dupuis, scénariste prolixe, aux scénarii fantasy et “elficoles” aussi fournis que sa barbe (“La grande encyclopédie des lutins”, “Dictionnaire de la féérie”, “Laïyna”, avec Hausman, “Petrus Barbygère” avec Sfar…) et le jeune dessinateur Dimitri Armand (“Bob Morane Renaissance”) nous proposent un Pur Western, dans la très belle collection “Signé”. Si le genre semble un peu oublié au cinéma, j’ai l’impression qu’en bande dessinée, les titres se succèdent avec des albums aussi variés que convaincants (voir “Stern”, “Undertaker”, “Promise” ou encore “Buffalo Runner”).
Pour leur Western-à-eux, Dimitri et Pierre ont du se replonger dans les classiques du genre. C’est un vrai hommage, qui en exploite toute la saveur. Western crépusculaire, récit initiatique, road-movie violent, “Sykes” empreinte aux archétypes du genre avec un plaisir non dissimulé.
En parfait connaisseur, Pierre Dubois nous plonge dans une chasse à l’homme nourrie de références. L’homme de loi inflexible et expéditif, la vengeance, le second couteau, l’indien pisteur et la bande de hors-la-loi sans coeur, ils sont venus, ils sont tous là !
Avec des personnages blessés, usés par la vie, “Sykes” n’est pas sans me rappeler les gueules cassées de “Impitoyable” (de Clint Eastwood), “True Grit” des frères Cohen, et “Pour quelques dollars de plus” (de Sergio Leone).
Pour autant, le récit de Pierre Dubois ne se limite pas à une redite des fondamentaux. Le duo antinomique (Le tueur versus l’enfant admiratif) sert de catalyseur et devient le centre d’une transformation psychologue majeure. Soyez en certains, dans cette chasse à l’homme, personne n’en ressortira indemne !
Coté Dessin, le jeune Dimitri Armand assure carrément avec son trait réaliste et délicat ! C’est d’autant plus incroyable que le gars a bouclé deux albums en parallèle : “Bob Morane – Renaissance” (avec Luc Brunschwig) et “Sykes” avec Pierre Dubois. Pour l’album qui nous intéresse, il faut preuve d’une sacrée maturité. Personnages charismatiques et grands paysages sont au programme de ce très bel album qui nous embarque dans le “Wild Wild West”.
Outre une lisibilité optimale, la mise-en-couleur traditionnelle (assurée par lui-même et Sébastien Gérard) “ambiance” magnifiquement le récit.
En gros, à part quelques expressions un peu “fragiles” à de rares moments, le travail est très très pro et qualitatif. C’est un must pour les amateurs du Western et pour les autres.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine ». Allez donc voir la sélection de la semaine chez Yaneck.