Le petit livre rouge des meilleurs voeux


Le petit livre rouge des meilleurs voeux de Martine Magnin chez Estelas Editions



Le petit livre rouge des meilleurs voeux
   D'ici quelques semaines, les meilleurs voeux vont fleurir dans nos boîtes aux lettres, dans nos conversations avec des amis, des gens que nous croisons, de parfaits inconnus, ils vont se multiplier dans nos boîtes mail, c'est la tradition. Mais cette tradition a-t-elle encore un sens ?  Ces gens qui nous présentent leurs meilleurs voeux, que nous souhaitent-ils ? Savent-ils seulement ce que nous souhaitons ? C'est le caractère automatique et pour tout dire artificiel de cette tradition qui a amené l'auteur à s'interroger sur les voeux.
     "  Les vœux s’échangent, mais ne changent rien. Cette habitude banalisée m’agace. Pour moi, les mots sont importants. Pourquoi dire n’importe quoi à n’importe qui, sous prétexte que c’est la coutume, si cet usage est vide d’intentions, d’attentions et de contenu et uniquement consensuel ? »
   Dans ce petit livre rouge, Martine Magnin, en bonne fleuriste est allée à la cueillette des ces fleurs d'espèces différentes.  Elle a fait un appel au voeux. Plus qu'à une tâche de fleuriste, c'est à un travail de botaniste qu'elle s'est attelée. Elle a répertorié ces souhaits par catégorie, les a analysés, s'est interrogée sur ce que les gens se souhaitent pour eux-mêmes et pour leurs proches. Le résultat est surprenant et tend à rassurer sur l'âme humaine. Finis les souhaits d'extrême richesse, les voeux s'orientent vers le bien vivre, vers un monde meilleur, vers l'être plutôt que le paraître. 
   « Un poète anonyme rêve pour nous d’un monde meilleur où il ne ferait ni trop chaud, ni trop froid. Il imagine un monde parfait sans haine ni guerre, sans violence ni discrimination, un monde idéal où l’on ne connaîtrait ni la faim, ni la soif, ni la pauvreté ni le malheur.Ce monde idéal et impossible, égalitaire et neutre, où même la pluie, j’imagine, aurait le bon goût de tomber la nuit sur les récoltes, serait aussi, et peut être pas si grave, un monde qui rendrait ridicule et vain les passions, les désirs, les frontières, les bulletins météo quotidiens, les journalistes, les médecins, la monnaie. Dans cet Eden de faibles émotions, sans transgression ni compétition, serait-il possible aux écrivains d’inventer de façon crédible la moindre tragédie, le plus petit crime, ou même la plus infime intrigue amoureuse ? Quid des artistes maudits qui ne peuvent créer que dans le désespoir, des tragédies grecques ? Serions-nous heureux ou anesthésiés ? »
   Dans la deuxième partie du livre elle applique la même méthode pour une autre tradition de la nouvelle année : les bonnes résolutions, ces déclarations d'intention bien souvent oubliées dès la fin janvier.
   Cette analyse passionnante, qui en dit long sur les aspirations de nos contemporains, c'est un vrai travail de sociologue mené avec toute la tendresse, la bienveillance, l'humour et la vigueur qu'on retrouve dans tous ses livres. Alors en cette fin d'année plutôt que de présenter des voeux vides de sens, offrez plutôt Le petit livre rouge des meilleurs voeux et lisez le vous-même, vous passerez un excellent moment tout en ayant une photographie très parlante de notre société et de ses aspirations.
  Je vous cite ici le plus beau voeu qu'elle a reçu, un de ceux qui me touchent le plus, cela ne vous étonnera pas.
   «  « mon souhait, c’est l’apparition quelque part chez moi d’un clone de la Bibliothèque Nationale avec une chaise longue et suffisamment de bière pour tenir jusqu’à ma mort ». »