Tempête au haras, de Chris Donner & Jérémie Moreau

Par Clarabel

Jean-Philippe a toujours grandi parmi les chevaux. Né un soir dans les écuries, au même moment où une jument mettait bas, le garçon cultive la même passion que ses parents, rêve de monter à cheval, et surtout de voir un crack sortir de leur haras et remporter toutes les courses. Mais leurs rêves s'effondrent par une nuit de tempête. Jean-Philippe est victime d'un accident et devient tétraplégique. Le garçon n'est plus que l'ombre de lui-même et refuse qu'on s'apitoie sur son sort. Il devient maussade, colérique et bougon. Tous autour de lui tentent de lui adoucir l'existence et lui donnent le champ libre avec la pouliche Tempête, qui possède, selon lui, une graine de championne.

Cette bande dessinée est, en toute franchise, remarquable par son adaptation sourcilleuse du roman de Chris Donner, qui m'avait déjà beaucoup touchée et que je redécouvre avec des frissons sur la peau. L'histoire, chargée d'émotions, raconte le parcours déchirant d'un enfant qui voit ses espoirs brisés et qui vit son handicap comme une torture de chaque instant. Rassurez-vous, c'est retracé de façon judicieuse, sans complaisance et sans larmes, mais avec justesse et intensité. Et c'est très bon, tout à fait requinquant. Le trait nerveux de Jérémie Moreau souligne également, et avec efficacité, la communion entre l'enfant et le cheval. On plonge ainsi dans le monde des chevaux et des courses, avec un grand sens de la réalité (ambition, passion et prétention). Le récit nous transporte, les dessins nous touchent, et cet ensemble tout en force, puissance et combativité rend cette lecture passionnante.

« Si vous étiez passé, cette nuit-là, non loin du haras de St-James, vous auriez pu voir un étrange pantin désarticulé à dos de cheval... Un mystérieux chevalier nocturne. »

Rue de Sèvres / Octobre 2015