La renaissance du vrai héros de tous les temps

Bob Morane Renaissance

Bob Morane Renaissance – Tome 1: Les terres rares (Luc Brunschwig – Aurélien Ducoudray – Dimitri Armand – Editions Le Lombard)

Il existe deux grandes manières de prolonger la vie d’une série de bande dessinée. La première est de demander à de nouveaux auteurs de reprendre quasiment à l’identique les codes et les personnages d’une série, comme cela s’est fait pour Blake & Mortimer, Lucky Luke ou Astérix, par exemple. La seconde est de tout reprendre à zéro, en donnant carte blanche aux nouveaux auteurs pour réinventer la série: on appelle ça un « reboot ». C’est ce qui s’est passé récemment pour Alix et Michel Vaillant. Aujourd’hui, c’est un autre héros mythique qui emprunte ce chemin du renouveau total. Mieux même: la nouvelle version des aventures de Bob Morane s’appelle carrément « Renaissance », ce qui prouve bien que Le Lombard a véritablement voulu dépoussiérer l’aventurier créé par Henri Vernes en 1953 et chanté par Indochine en 1982. Depuis lors, il a été le héros de 234 romans, vendus à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde. Au niveau de l’adaptation en bande dessinée, c’est un peu plus modeste mais c’est pas mal tout de même, puisque 128 albums ont été publiés et qu’ils se sont écoulés à plus d’un million d’exemplaires. L’objectif des scénaristes Brunschwig et Ducoudray et du dessinateur Armand était de renouveler sans trahir, en refaisant de Bob Morane un aventurier moderne et tout à fait de son temps. « Le Lombard offrait cette possibilité de re-création totale, je suis donc venu avec ce que j’aime: des considérations géopolitiques, une forme de dynamisme dans le découpage, un travail sur les ellipses, et un travail en profondeur sur la psychologie des personnages, sans doute plus sombres, plus violents et plus profonds que dans les précédentes versions », souligne Luc Brunschwig.

Bob Morane Renaissance (extrait)

Que penser de ce « reboot »? Le résultat final de « Bob Morane Renaissance » est plutôt enthousiasmant, même s’il faudra sans doute attendre le tome 2 pour affirmer avec certitude qu’il s’agit d’une réussite totale. Ce premier épisode sert surtout à installer les personnages et à mettre en place les pièces du puzzle. Dans « Les terres rares », Bob Morane n’est pas encore le héros que tout le monde connaît, tandis que Bill Ballantine n’est pas encore son acolyte inséparable. Quant à la vénéneuse Miss Ylang-Ylang, elle ne fait qu’une apparition furtive dans ce premier album, mais on sent déjà qu’elle va jouer un rôle central. C’est évidemment l’un des grands avantages d’un « reboot »: les auteurs peuvent tout reprendre à zéro, y compris la rencontre des différents protagonistes et les éléments fondateurs de leurs personnalités. Dans ce cas-ci, le point de départ se situe au Nigéria en 2012. Le lieutenant Robert Morane et ses hommes de la 13ème brigade parachutiste de Rennes s’y trouvent pour une mission de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU, avec comme instruction claire de ne pas intervenir sur le terrain. Malgré tout, lorsque les événements dégénèrent sous leurs yeux, ils choisissent d’aller à l’encontre des ordres de leur hiérachie et de sauver la vie du premier ministre Kanem Oussman, qui est sur le point de se faire décapiter. Du coup, Bob Morane et le soldat Bill Balantine s’attirent de sérieux ennuis: le premier est exclu de l’armée, tandis que le second se retrouve carrément en prison. Mais dans le même temps, ils ont un nouvel allié de poids. Six ans plus tard, Morane est devenu le puissant conseiller personnel du nouveau président nigérian, avec pour mission d’assurer la réalisation du programme d’aide et d’échanges franco-nigérian « Education contre Minerai ». Un programme aussi ambitieux qu’innovant, qui doit assurer au Nigéria un énorme bond en avant éducatif grâce à l’utilisation d’un casque neuro-technologique révolutionnaire développé par la mystérieuse Fondation Belfon. Mais ce programme ne plaît pas à tout le monde, comme Bob Morane ne va pas tarder à le découvrir. L’aventure peut (re)commencer!