Riad Sattouf a deux ans lorsque ses parents, mère bretonne, père syrien, quittent la France pour la Lybie, puis la Syrie.
Je ne vais pas m'attarder sur le pitch de L'arabe du futur, tout le monde en a entendu parlé. Puis de toute façon, le principal est là. Très chouette, cette lecture. Mais assez perturbant aussi. Les mœurs, les personnalités, l'éducation, la vie quotidienne en Syrie ou en Lybie dans les années 80 : euh ? Comment dire ? COMMENT, COMMENT la mère de Riad a-t-elle su gérer et accepter tout ça ? Elle reste impassible. Elle suit son mari dans ses périples, l'écoute déblatérer, le voit changer au contact de sa culture d'origine et de sa famille. Ou Riad n'a pas de souvenirs du comportement de sa mère à l'époque, ou elle est réellement d'une nature paisible. Franchement, à lire. On apprend des tas de trucs sur la culture arabe (pas sur son meilleur jour, c'est sûr), sur l'époque où Khadafi et Bachar el-Assad étaient à leurs débuts, mais aussi sur l'immigration et le retour aux sources, sur l'extrême difficulté identitaire vécue par les couples de culture et de religion mixte, leurs enfants. Mais aussi, les personnes, ici, en l’occurrence, le père, qui ont vécu des années dans un pays moderne, une ville moderne, aux idées modernes et qui retournent là d'où ils viennent, là où la vie n'a pas évoluée au même rythme qu'eux (pas évoluée du tout, dans ce cas-ci). C'est terrible de voir le père de Riad changer au contact de sa famille et de son pays. Où sont les discours révolutionnaires des débuts ? Passer de cela à "Satan se cache dans les femmes", il y a un tel monde. Terrible. Vivement la suite !SATTOUF Riad, L'arabe du futur, Allary Editions, 2014