250 pages
Éditions Actes Sud (2009)
Collection Babel
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante.Extrait :
« Putain, je ne peux pas la blairer, je ne peux vraiment pas la blairer !
Pourquoi elle est tout le temps assise là ?
J'avais l'habitude de me poser un moment sur le banc après l'entretien de la tombe pour reprendre le fil de mes pensées. J'essayais de trouver un petit bout de ficelle auquel m'accrocher et qui me permettrait d'avancer encore un jour, ou deux. À la ferme, quand je cavale entre tout ce qu'il y a à faire, je n'arrive pas à penser. Si je ne me concentre pas sur ce que j'ai en mains, inévitablement arrive une mini-catastrophe qui me donne un jour de travail supplémentaire. Je plante le tracteur sur un rocher et l'essieu arrière pète. Une vache s'abîme un trayon parce que j'ai oublié d'attacher son protège-pis.
Me rendre sur la tombe est mon seul bol d'air, mais même là, j'ai du mal à me dire que j'ai le droit de faire une pause et de simplement penser. Il me faut d'abord biner et planter et m'activer, avant de m'autoriser à m'asseoir.
Et alors je la trouve assise là.
Décolorée comme une vieille photo couleur qui a trôné dans une vitrine pendant des années. »
Mon avis :
Une bibliothécaire tout de beige vêtu, nommée Désirée, se rend chaque jour au cimetière, sur la tombe de son mari pour faire le point sur ses sentiments contradictoires sur cette perte. Paysan solitaire d'une trentaine de vaches laitières, Benny va sur la tombe de sa mère récemment décédée, laissant derrière elle des broderies au point de croix qui tapissent chacun de ses murs. Ils se rencontrent au cimetière, les caveaux étant voisins, et tombent sous le charme l'un de l'autre. Pourtant, Benny et Désirée n'ont rien en commun. Un sourire échangé fortuitement va être le point de départ d'une histoire d'amour des plus étranges. Vont-ils savoir faire fi de leurs différences ?L'histoire est vraiment très simple : la naissance d'un amour entre deux personnes que tout oppose. Désirée est une citadine cultivée qui aime le théâtre, la littérature. Benny est proche de la terre et a des idées bien précises sur la place d'une femme dans un foyer. Une passion indéfinissable se développe entre eux, presque bestiale, mais bien vite, ils vont se rendre compte que tout les sépare : leur train de vie, leur apparence ou leur caractère. Le choc des cultures va mettre un frein à leurs étreintes car aucun avenir ne semble envisageable entre eux. J'étais très intriguée par ce récit qui a tant fait couler d'encre. Mais je ne suis pas sûre de faire partie des personnes ayant été conquises par ce récit. J'ai trouvé que le déroulement de l'intrigue était étrange, les personnages étaient un peu trop clichés. Je n'ai pas su m'identifier à Désirée. Je n'ai pas su apprécier Benny. Le tout se lit pourtant très facilement. Le mec de la tombe d'à côté ne laisse pas indifférent quoi qu'il en soit. Si je me plonge dans la suite, après du recul, ce sera plus par curiosité, pour avoir un aperçu de ce que l'auteure a à offrir à nos personnages.
★★☆☆☆