Ma mère ne m'a jamais donné la main de Thierry Magnier (texte) et Francis Jolly (photos) aux éditions Le bec en l'air
C'est dans un pays ravagé par des "événements" tragiques et violents que les deux hommes atterrissent. Une région du monde qui semble désertée. Les deux amis ne croisent que ruines, vent et poussière jusqu'à la coquille vide qu'est devenue la maison familiale. Une bâtisse qui n'abrite plus que les fantômes du passé et la poussière.
Au fur et à mesure de leur voyage, les souvenirs sautent à la gorge du narrateur. Son enfance dans cette maison coloniale entre une mère qui ne le voit pas, ne s'occupant que de sa soeur jumelle et un père dont il se sent proche mais qui n'a pas le temps de s'occuper de lui. Tous ses jeux d'enfants avec cette soeur si proche avec qui aujourd'hui il n'a plus aucun contact. Toutes ses premières années dans ce pays jusqu'à "l'Accident" qui a forcé la famille à rentrer en France.
Ma mère ne m'a jamais donné la main est un très beau livre, puissant, émouvant. Un grand merci à Anne-Véronique Herter de me l'avoir fait découvrir. Je vous le recommande vivement.
"J'étais devenu photographe pour les autres, en aucun cas pour moi : l'idée de voler des images qui ne m'appartenaient pas me glaçait. Je préférais en garder le souvenir, mon oeil et ma mémoire suffisaient, et pas grave pour les pertes. Il y a dans l'acte de photographier quelque chose qui se rapproche de l'acte de tuer ou de faire mourir lentement. Les souvenirs sont fantasmes, et l'oubli rend les clichés plus beaux. Je les regarde, les écoute, ils m'aident à me tenir éveillé la nuit. "