The Infinite Loop T2, Elsa Charretier et Pierrick Colinet

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

Titre : The Infinite Loop : 2. La Lutte
Auteurs : Elsa Charretier et Pierrick Colinet
Nombre de pages : 112
Date de publication : novembre 2015
Édition : GlénatSynopsis : Teddy se confronte à son ennemi juré : son ancienne supérieure, Tina ! La jeune femme lance alors une série d’attaques temporelles sans précédent pour déloger Tina de son repaire, mettant dans le même temps la sûreté du monde en danger ! Puis, alors qu’elle explore les couloirs sinueux du complexe de stockage des anomalies, Teddy devient proche de saisir le mystère des paradoxes temporels… Va-t-elle être pour autant capable de ramener Ano, la femme de sa vie ?
Le duo de frenchies Pierrick Collinet et Elsa Charretier poursuit avec brio cette série initiée sur le marché US. Une série résolument contemporaine qui sait conjuguer habilement action/SF et fable sensible sur l’amour et la tolérance.

Avis : ★★★★★

La suite de l’aventure de Teddy et Ano est là ! Je parle du premier tome ici, si ça vous intéresse. Avant de commencer sur le deuxième tome, juste une petite remarque que j’avais oubliée de faire : les couvertures des livres sont sacrément douces. Non mais vraiment, ça peut paraître bête mais je crois pas avoir jamais tenu un livre au touché si agréable. Bref !

On retrouve notre héroïne préférée, entourée de tous ses alter-égos temporels. C’est la cacophonie, mais on pouvait guère espérer autre chose et Teddy est bien trop dévastée pour les écouter. Ce qui est bien compréhensible, par ailleurs. Teddy n’en fait qu’à sa tête et sème le chaos dans les différents espaces temps afin d’être convoquée par sa patronne, à qui elle compte bien faire payer tout ça. Et le chaos est magnifiquement rendu par le dessin, avec des bulles dans tous les sens, des conversations qui s’entremêlent et l’Histoire qui est chamboulée. C’est très bien fait et encore une fois, le jeu sur les cases, les couleurs et les bulles (avec du texte à l’envers !) est un plaisir pour les yeux.

Andromeda, en parlant du tyrannosaure : Bref, son fichier de sauvegarde est en partie corrompu. En fait, je le suspecte d’avoir fusionné avec celui d’un oiseau un peu con… ou de Sarah Palin.

Teddy finit par se rendre compte qu’elle a besoin d’aide, elle accepte celle de ses alter-égos et même celle d’un précédent antagoniste (re)devenu allié. Ils rencontrent alors un monde d’anomalies à forme humaine, dont Andromeda qui se déclare ouvertement genderqueer (elle est littéralement genderfluid) et qui ne se laisse pas faire devant les remarques ignorantes d’Ulysse. Du coup, il a suffit de quelques planches pour que ce personnage devienne mon préféré (allez, c’est parti pour la galère du neutre en français, et les cabrioles pour éviter les pronoms genrés). Dans ce monde d’anomalies, si vous regardez bien, un easter egg (une surprise) s’est caché ! Marty McFly est une anomalie temporelle et se balade dans le monde de The Infinite Loop ! Je sais pas si d’autres easter eggs du genre se cachent mais si vous les avez repérés, je suis preneuse.

– C’est la merde, pas vrai ?
– Tu vois les cheveux de Donal Trump ? Pire, la vraie merde.

Teddy réalise que le seul moyen de retrouver Ano, c’est de faire un saut dans le passé et de tordre la temporalité pour sortir de la boucle infinie (la fameuse) et faire changer les choses. Un reboot, magnifiquement mis en image. Une fois encore, le dessin et les illustrations sont pleins de surprise et c’est sacrément rafraîchissant. Dans le processus, Teddy croise toute sorte de personnages emblématiques de la lutte pour les droits civiques comme Harvey Milk, Susan B. Anthony ou Patrick Henry, avec également l’événement des Stonewall Riots. Et si vous ne connaissez rien de ces personnages historiques, pas de panique ! Une frise chronologique vous attend à la fin de la BD pour expliquer ce que ces personnes ont fait. C’est beaucoup plus intéressant et beaucoup mieux fait que mes anciennes frises du collège (newsflash : c’est pas si difficile…) !

Je ne révèlerai pas la fin de l’histoire, mais le message est clair : il faut continuer à se battre. Évidemment, il est question ici de droits civiques pour toutes les sexualités, mais je pense que le message est plus vaste encore et implique d’accepter les gens avec leur diversité, d’origines, de couleurs de peaux, de religions, de genres, de sexualités… Bref, arrêtez d’être des idiots.

Pour finir en beauté, après la fin du livre, on a le plaisir de lire des témoignages de personnes qui ont découvert qu’elles n’étaient pas hétérosexuelles, et comment ça s’est passé. Et là, aucune surprise : la révélation s’est principalement faite grâce à des personnages de jeux vidéos, séries, films, livres… Qu’on vienne m’expliquer par la suite que la représentation n’est pas importante. Elle l’est, et c’est grâce à cette diversité dans la culture que les personnes ne se sentent plus isolées et comprennent qu’elles ne sont pas seules.

The Infinite Loop est une série qui vous en met pleins les yeux, tout en défendant des idées importantes et en vous présentant des personnages des plus intéressants. Je recommande donc très vivement ce comic !