La morsure de l'ange, de Jonathan Carroll

Par Murphypoppy

 * Broché : 311 * Editeur : Pocket * Collection : Terreur *

Résumé : Quand notre fin est proche, il arrive que la Mort nous apparaisse en rêve. Elle nous permet de lui poser des questions mais répond par énigmes. Si l’on arrive à la comprendre, on peut gagner un délai supplémentaire. Dans le cas contraire, des stigmates apparaissent à notre réveil jusqu’à ce que mort s’en suive. Parler de ces rêves à quelqu’un revient à le contaminer, à l’image d’un virus, et la personne en question rêve à son tour de la Mort.

C’est ainsi que les victimes de ces rêves se tournent vers Wyatt Léonard, victime d'un cancer en phase terminale qui ne risque donc plus grand-chose à affronter la Faucheuse. Réussira-t-il à comprendre la Mort ? Pourra-t-il sauver ses connaissances qui en rêvent chaque nuit ? Et comprendra-t-il pourquoi la Mort, de ses propres aveux, déteste tant les humains (ou la plupart du moins) ?  

Mon avis : Le début un peu longuet et plusieurs passages m’ont paru un peu trop lents. Mais l’idée originale, poétique et noire m’a convaincu de poursuivre ma lecture, et je ne le regrette pas.

L’histoire est finalement un prétexte pour philosopher sur la mort. On découvre ainsi comment chaque personnage la voit, entre l’actrice ratée qui la craint et le personnage victime d’un cancer qui en vient presque à vouloir la trouver au plus vite. Le tout est aussi prenant que bien dosé, saupoudré par un aspect un peu plus « conte de fée » désenchanté qui n’est pas pour me déplaire. C’est ainsi parce qu’il a promis un vœu à une amie jadis que le héros se lance dans sa quête, à traquer la mort en rêve avant qu’elle ne tue une connaissance de l’amie en question.

Les thèmes traités sont, comme on l’aura remarqué, très noirs. En plus du cancer, l’auteur réussit aussi à soulever les thèmes du sida ou du viol sans forcément tomber dans le pathos exagéré. Ces éléments surgissent dans l’histoire d’une façon presque subtile. On en parle avec gravité et sérieux mais jamais sans trop en faire, et sans tomber dans l’horreur gratuite.

A l’inverse du début que je trouvais un peu lent, la fin m’a paru un peu trop rapide. Mais la morale à en retenir est finalement très sympathique. Cette scène dans un bar où les deux héros affrontent verbalement la mort vaut le détour. On y trouve par ailleurs la réponse au mystère qui les poursuit depuis le début, à savoir « pourquoi la mort, de son propre aveu, déteste-t-elle les humains ? ». Je n’en dirais pas plus à ce sujet pour ne rien spoiler mais on retrouve là un aspect conte noir philosophique que j’ai adoré, malgré sa pointe d’optimisme qui n’est d’ordinaire pas vraiment ce que je recherche dans une histoire.

En bref, cette histoire est pour moi assez inclassable. Non loin de l’ambiance du film Dellamorte Dellamore, je ne saurais trouver un autre livre comparable à La morsure de l’ange. Assez particulier, c’est pour moi un texte qui vaut le détour et de loin.

Murphy